En attendant la privatisation de la CWA

Hausse du tarif de l’eau

C’est confirmé, le tarif de l’eau connaîtra prochainement une hausse majeure. Un état de choses qui se fait ressentir, du nord au sud de l’île. Sunday Times a recueilli plusieurs témoignages, qui relèvent tous de la même profonde indignation. Certains disent ne pas comprendre pourquoi ils doivent payer plus cher alors même qu’ils doivent subir les caprices d’une fourniture d’eau erratique. De plus, ils sont obligés de régler une facture très salée à la fin du mois grâce aux « compteurs magiques » de la CWA. Avec en arrière-plan, la privatisation de la fourniture d’eau. Ce qui n’est guère pour rassurer les gens…

Sharone Samy

Payer cher pour l’eau qui ne coule pas

Nous sommes à Tranquebar. Il est midi et pas une seule goutte d’eau dans les robinets. Tous les jours, les habitants de cette région doivent faire face à cette situation. Lisebette, femme au foyer et retraitée, nous explique que sa situation a empiré depuis que la CWA a effectué l’installation d’un nouveau compteur  chez elle. Lisebette raconte que sa facture a drastiquement augmenté depuis cette nouvelle installation, malgré que sa consommation d’eau soit restée la même. Depuis, elle voit rouge à chaque fin de mois. « Ce n’est pas facile, avant je payais Rs 400 ma facture, maintenant je dois régler une facture à Rs 6 000, dites-moi comment je vais pouvoir m’acquitter de cela. Je ne travaille pas, moi et mon mari étant pensionnaires. Nous sommes des gens pauvres. L’eau ne coule pas pendant la journée. Nous payons pour de l’eau qui ne coule pas », s’insurge-t-elle.

Même histoire à Calebasses où Rajiv, un planteur de la région, nous raconte les mêmes misères. Ce dernier doit stocker de l’eau pour son arrosage quotidien, car à un certain moment, il n’y a pas une seule goutte d’eau dans les tuyaux. « Je ne peux arroser mes plantes convenablement. L’eau ne coule pas alors même qu’on va nous faire payer plus. L’eau est une ressource naturelle, pourquoi nous la payons si cher ? Le nouveau compteur qu’ils installent est plus compliqué », nous dit-il.

Les compteurs magiques de la CWA

Les membres du public n’ont pas en odeur de sainteté le nouveau compteur. Depuis son installation, il en fait voir de toutes les couleurs aux citoyens ! Beaucoup disent ne pas comprendre son fonctionnement, car même quand l’eau ne coule pas, le compteur, lui, continue de tourner. Même quand le robinet est fermé, le compteur continue de fonctionner ! Comment cela est possible ?

Anil, un habitant de Vallée-des-Prêtres, a fait cette constatation : « L’eau ne coule pas, le compteur continue de tourner. Il continue de puiser dans votre poche, on a mis cela exprès pour voler les gens et leur prendre plus d’argent ! »

Pire encore, à Terre-Rouge, Stéphanie nous relate que « ma mère payait dans les parages de Rs 300, mais avec le nouveau compteur, la facture a atteint la somme astronomique de Rs 13 000… où est la logique dans tout ça ? », demande-t-elle.

Tout comme elle, ils sont plusieurs à avoir remarqué ce brusque changement dans la facture. La Central Water Authority (CWA) a dû faire le nécessaire suite aux diverses complaintes de la part des membres du public, mais le problème perdure.

De grands bouleversements avec la privatisation de l’eau

Du côté de la CWA, on affiche une certaine positivité malgré le fait que les complaintes deviennent de plus en plus fréquentes. Cette crise est gérable, nous fait comprendre un officier de cet organisme. Ce denier est au courant de cet état de choses : « Cette situation perdure depuis l’arrivée des nouveaux compteurs. Nous avons déjà rectifié la situation et nos techniciens sont déjà à pied d’œuvre pour faire le nécessaire », fait-il ressortir.

Comment explique-t-il les compteurs qui fonctionnent alors que l’eau ne coule pas dans les robinets ? « Le niveau d’eau baisse dans les réservoirs, et quand la pompe travaille, il reste de l’air parfois, et c’est cela qui fait que le compteur continue de tourner ! Nous voyons cela de près et nous échangeons les compteurs si nous voyons qu’ils ne fonctionnent pas comme il se doit », dit-il.

Avec la privatisation des services de fourniture d’eau qui se pointe à l’horizon, l’officier nous indique qu’il y aura des grands bouleversements, « Certes, il y aura des changements majeurs, mais je ne sais pas comment la privatisation va fonctionner, et sous quelle formule. »

Encore une majoration, encore des bouleversements à venir… en attendant, l’eau coule toujours à compte-gouttes.