Emploi fictif : Malgré les directives du DPP, l’interrogatoire de Yogida Sawmynaden toujours attendu

  • Mise en garde de Rama Valayden : « Si pa met provisional, nou pou fer ene grand rassemblement »

Il n’est plus ministre de la République. Pourtant, Yogida Sawmynaden semble toujours bénéficier de la clémence de certains. Surtout dans les hautes sphères du pouvoir. Alors que le Directeur des Poursuites Publiques (DPP), à travers son représentant Me. Abdool Raheem Tajoodeen, avait émis des directives en Cour de Port-Louis en début de semaine, pour que le dossier sur l’emploi fictif lui soit remis au plus tard le vendredi 19 février, tout indique que l’enquête policière n’a pas encore été bouclée alors que la déposition avait été consignée par la veuve de Kistnen Soopramanien depuis le 8 décembre 2020.

À la date butoir vendredi, au lieu de l’interrogatoire de Yogida Sawmynaden, c’est la plaignante Simla kistnen elle-même qui a été convoquée d’urgence aux Casernes centrales pour des suppléments d’informations. Une exigence à laquelle elle s’est pliée illico presto pour que l’enquête puisse progresser. Ses représentants légaux, Mes. Rama Valayden et Samad Goolamaully, réclament que le dossier soit bouclé au plus tard demain, lundi 22 février. « La police bizin fer tout pou appel Yogida Sawmynaden lundi et couma fini bizin avoye dossier au bureau du DPP lundi mem », a déclaré le ‘Leading Counsel’ des Avengers, Rama Valayden. Et d’avertir : « Si pas met provisional, nou pou bizin fer ene grand rassemblement pou alerte l’opinion publique ».

Du côté de la police, on laisse entendre que d’autres éléments ont surgi. Ce qui aurait retardé l’enquête. Une source bien placée aux Casernes centrales s’empresse même de jeter le blâme sur l’avocat de Yogida Sawmynaden, Me. Raouf Gulbul. « Si l’avocat n’avait pas joué au delaying tactic en prétendant que l’enquête est sub-judice, Yogida Sawmynaden aurait déjà été interrogé under warning. Il avait évoqué un point de droit. Il incombait donc au DPP de trancher car la police n’est pas apte à interpréter la loi », nous explique-t-on. Mais rien n’empêche à la police, ajoute notre source, d’envoyer entretemps un rapport intérimaire, connu comme la Forme 100, au DPP pour obtenir son avis en attendant que Yogida Sawmynaden soit entendu « under warning ». D’ailleurs, nous dit-on, les enquêteurs auraient déjà répondu aux cinq « queries » du DPP. Ils attendent maintenant l’avis de ce dernier.

Ce qui est certain, par contre, c’est que l’ancien ministre du Commerce pourra difficilement échapper à une inculpation, provisoire ou formelle, d’autant que les Avengers menacent d’accentuer la pression. Mais encore faut-il que Yogida Sawmynaden soit interrogé.

 

Témoignage capital de Yogida Sawmynaden en Cour de Moka

L’ex-ministre du Commerce Yogida Sawmynaden sera enfin appelé à la barre des témoins demain, lundi 22 février, dans le cadre de l’enquête judiciaire instituée par le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP). C’est le représentant du bureau du DPP, Me Azam Neerooa, qui avait présenté cette motion en vertu de l’article 111 de la District and Intermediate Courts Act en Cour de Moka le mardi 16 février.

Selon Me Rama Valayden, le témoignage du l’ex-ministre Yogida Sawmynaden sera capital dans cette affaire car c’est la seule personne qui avait eu une dispute avec Soopramanien Kistnen . « C’était lui qui avait des ‘dealings’ de façon permanente avec Kistnen. Il était la seule personne qui faisait peur à Kistnen. C’était la seule personne contre qui Kistnen était allé voir le Premier ministre pour lui faire des reproches et pour lui dire ce qu’il avait fait. C’est lui même qui avait pris de l’argent au nom de Soopramanien Kistnen, entre autres », maintient Rama Valayden.

Autant de raisons, selon l’homme de loi, pourquoi  Yogida Sawmynaden doit être appelé à la barre des témoins. Il rejoint Me Neerooa dans ses propos : son nom a été cité dans cette affaire par une dizaine de témoins en Cour de Moka. Selon l’homme de loi, puisque le Premier ministre Pravind Jugnauth a déclaré avoir mené sa propre enquête, il a dû poser des questions à Yogida Sawmynaden. Ce dernier doit, selon Rama Valayden, dévoiler les questions que le Premier ministre lui avait posées.