Élimination du Best Loser System Anwar Husnoo : Entre volte-face et désolidarisation du gouvernement

  • Il jouerait la carte de l’abstention au moment du vote sur la réforme électorale
  •  Sa démarche est toutefois trahie par son approbation initiale au Cabinet
  •  « Qu’il démissionne, s’il s’abstient ! » clament des membres du gouvernement

 Dès le départ, Anwar Husnoo a laissé planer le doute quant à la position qu’il adoptera sur le projet de loi sur la réforme électorale. D’autant que celle-ci préconise le remplacement du « Best Loser System » par des « Best Loser Seats » qui seront alloués par les leaders des partis politiques. En tant qu’un farouche défenseur du BLS, certains croyaient logiquement qu’il hausserait le ton contre cette réforme, quoiqu’il ne soit pas dans ses habitudes de se mettre en situation de conflits. Or, Anwar Husnoo a préféré jouer la carte diplomatique en s’abstenant de prendre publiquement position sur la question. Ce qui expliquerait aussi sa décision de ne pas intervenir durant les débats parlementaires sur la réforme électorale afin de ne pas embarrasser le gouvernement. Mais il devient de plus en plus évident, selon son entourage, que le député du no. 3 s’abstiendrait de voter ce projet de loi. D’ailleurs, selon une source bien informée, il en aurait déjà donné la garantie à certains de ses proches collaborateurs. Un développement qui serait intervenu après que les députés du MMM aient signifié leur intention de ne pas soutenir cette réforme.

Il nous revient ainsi que le ministre Anwar Husnoo avait déjà fait part de sa désapprobation concernant l’élimination du « Best Loser System » au Premier ministre au sein du cabinet ministériel. Cependant, Pravind Jugnauth aurait maintenu sa décision d’aller de l’avant avec sa décision. Ce qui l’aurait contraint de se montrer solidaire envers le Premier ministre. Sa « collective responsibility » au sein du Conseil des ministres est donc engagée. Ce qui aurait poussé les membres de la majorité à penser que le ministre de la Santé soit rentré dans les rangs. À l’instar d’Etienne Sinatambou qui a soutenu à l’Assemblée nationale que Husnoo est revenu sur sa position initiale. « Son silence équivaut à son approbation », nous fait-on comprendre dans le milieu gouvernemental.

Conscient que sa décision pourrait avoir une répercussion directe sur son électorat, Anwar Husnoo aurait cependant décidé de revoir sa position, surtout après l’annonce faite par Paul Bérenger à l’effet que les députés mauves ne voteront pas en faveur de la réforme, mais aussi après que le député du PTr, Shakeel Mohamed, ait rappelé qu’Anwar Husnoo avait axé sa campagne électorale de 2014 contre l’abolition du BLS. D’ailleurs, les mandants de ce dernier estiment aussi qu’un vote en faveur de cette réforme serait synonyme de trahison envers l’électorat de la circonscription no. 3.

Désaveu envers le PM

Au final, Anwar Husnoo, après consultation avec quelques-uns de ses mandants et des dignitaires religieux, aurait décidé de couper la poire en deux en jouant la carte de l’abstention. Ce qui lui permettrait alors de sauver la face devant ses électeurs. Toutefois, en transgressant la « party line », cela le mettrait dans une position délicate vis-à-vis du Premier ministre lui-même. Car une abstention équivaudrait à un cinglant désaveu envers lui. D’autant que le Premier ministre se targue d’avoir pu présenter une réforme électorale, telle que promise dans le manifeste électoral de la défunte l’Alliance Lepep. À l’hôtel du gouvernement, certains soutiennent que dans l’éventualité qu’Anwar Husnoo se désolidarise de l’action gouvernementale, il n’aura d’autre choix que de soumettre sa démission. Une option que l’entourage de ce dernier rejette catégoriquement, soutenant que sa décision d’abstenir ne changerait en rien la situation, vu que le projet de loi n’aura pas les trois-quarts de votes requis. Quoi qu’il en soit, les yeux seront braqués sur le ministre de la Santé au moment du vote, en ce début de semaine. La balance penchera-t-elle en faveur de ses convictions ou de « party line » ?

 « Select Committee » comme échappatoire

Anwar Husnoo pourrait être sauvé d’un tel embarras si jamais le Premier ministre décide d’instituer un « select committee » après le « summing up ». Il ne subira ainsi aucune pression pour révéler sa position.

Navin Ramgoolam : « I would have sacked him !»

Un ministre peut-il se désolidariser du gouvernement en s’abstenant de voter un projet de loi? A cela, Navin Ramgoolam, ancien Premier ministre, nous répond : « Un ministre ne peut s’abstenir d’une policy decision approuvée par le cabinet. Si un ministre de mon gouvernement avait choisi de s’abstenir, I would have sacked him. Dans le présent cas, si Husnoo s’abstient et que Pravind Jugnauth ne lui met pas à la porte, cela ne fera que confirmer le fait qu’il soit un leader faible »

 Les trois députés du no 3 réagissent

 Salim Abbas-Mamode, PMSD : « Je le dis une fois de plus : nous avons fait campagne ensemble contre l’abolition du Best Loser System. Nous avions promis à nos mandants que nous n’allons pas toucher à cela. S’il était vraiment sincère dans sa démarche, pourquoi n’a-t-il pas réagi au Parlement ? Il aurait dû s’exprimer et défendre ses convictions. Je constate d’ailleurs que ce n’est qu’après la position du MMM que Husnoo aurait décidé de s’abstenir. Attendons maintenant de voir ».

Shakeel Mohamed, PTr : « Je pense qu’il a déjà donné son approbation à cette loi au Conseil des ministres. Il aurait dû démissionner avant que la loi ne soit présentée au Parlement.  C’est ce qu’on appelle la responsabilité collective. Il se sauve de ses responsabilités et j’apprends qu’il veut s’absenter pendant le vote et ainsi jouer aux abonnés absents. On ne peut accepter une loi qui est supposée remplacer le BLS mais qui ne rassure pas quand c’est le leader qui décide qui il veut nommer et retirer comme bon lui semble ».

 Aadil Ameer Meea, MMM : « S’il n’avait pas fait campagne contre l’abolition du Best Loser System en 2014, il n’allait pas se faire élire. Aujourd’hui, c’est grâce à ce mensonge qu’il est ministre et il a approuvé cette loi visant à éliminer le BLS au  Conseil des ministres. Si jamais il vote en faveur ou s’il s’abstient le jour du vote, l’électorat du no 3 va le sanctionner et l’Histoire le jugera. »