[EDITO] : Un 1er mai décisif

Rarement, ces dernières années, les enjeux des rassemblements de la fête du Travail n’auront été aussi significatifs que ceux qui se tiendront ce mercredi. À l’évidence, ce 1er mai ne ressemblera pas aux précédents qui ont été surtout marqués par l’absence de meetings du PTr. Il revêtira, cette année, une importance particulière, étant le dernier grand rendez-vous politique avant les prochaines échéances électorales. La bataille des foules servira de baromètre pour mesurer le degré de popularité des principaux partis politiques avant que ne commencent les inévitables épisodes de « koze kozé ».

L’enjeu de ce 1er mai sera crucial pour le gouvernement. Si Pravind Jugnauth a bénéficié d’un bref regain de l’estime après le jugement du Privy Council dans l’affaire Medpoint, celui-ci s’est vite évaporée avec les divers problèmes sociaux ayant secoué le pays ces derniers temps. Les protestations spontanées contre le manque d’eau dans plusieurs endroits, les manifestations suite aux inondations, les arrestations jugées arbitraires des manifestants et de deux membres du PTr suivant la manif de St. Paul la semaine dernière ou encore le transfert punitif de deux policiers qui ont osé enlever des posters illégaux du MSM ne laissent qu’un goût amer parmi l’électorat.

Le nombre sans précédent de scandales ayant tenu le pays en haleine durant ces quatre dernières années, l’ampleur inouïe qu’a prise le copinage – pour ne pas dire papa-piti -, l’affaire BAI, la politique vengeresse du gouvernement vis-à-vis de ses opposants, reviendront indubitablement sur le tapis. Le MSM, plus précisément Pravind Jugnauth, en est conscient. Il tentera ainsi de gager sur ses réalisations, dont l’incontournable Metro Express et l’introduction du salaire minimum entre autres, pour redorer son blason en vue de gagner la sympathie des électeurs, surtout les quelque 40% des indécis. Son cabinet étant rempli d’élus sur qui pèsent des allégations en tous genres, le leader du MSM concentrera, plus que jamais, sur sa personne la totalité du pouvoir en vue de minimiser de nouveaux risques qui peuvent lui être fatals.

Outre ses opposants, Pravind Jugnauth devra d’abord défier les récalcitrants se trouvant au sein de son propre camp. Le feu y couve toujours bien qu’il y ait eu des tentatives de l’éteindre afin de ne pas gâcher les préparatifs du 1er mai. Le remuant Raj Dayal n’a toujours pas dit son dernier mot alors que les Jahangeer et Fowdar sont toujours mal à l’aise au gouvernement. De sa cave, Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a pas, non plus, déballé son sac jusqu’ici. Le Premier ministre devra ainsi marcher sur des charbons ardents d’ici mercredi. Et même au-delà s’il veut que son gouvernement termine son mandat dans la sérénité.

Le principal adversaire du MSM, le PTr, saura sans aucun doute, tabler sur la délicatesse de cette situation pour rallier l’électorat à sa cause. Reste à voir si le sentiment de ras-le-bol qui a gagné le pays aura un impact évocateur sur les prochains rassemblements politiques. À partir de là, les dés seront lancés.