EDITO : Protection occulte

 

Aujourd’hui, l’argent et le pouvoir sont des armes capables de tuer à des fins personnelles. L’affaire Kistnen nous a permis d’ouvrir un peu plus les yeux sur ce qui se trame sournoisement dans les coulisses du pouvoir. Aux accusations de meurtre et d’emploi fictif est venue la confirmation qu’il y a bel et bien eu magouilles concernant un appel d’offres à la STC. Rama Valayden a raison d’évoquer des ramifications politiques étendues. Jusqu’où ? Le temps nous le dira. Mais il y a entretemps un besoin pressant pour que le Premier ministre et son ministre du Commerce viennent s’expliquer à la nation au lieu de s’adresser uniquement à leurs agents et partisans du no. 8, déjà acquis à leur cause, comme cela a été le cas jeudi. Bien que selon notre humble avis, les deux ne méritent plus leurs places au Conseil des ministres.

Toutes les dénonciations faites à l’encontre de Yogida Sawmynaden laissent croire qu’il est l’un des ministres les plus controversés du Cabinet ministériel. Mais malgré le nombre de casseroles qu’il traîne, il s’en est sorti jusqu’ici sans heurts, sauf une gifle que lui avait infligée un membre influent de la « Mauritius Tamil Temples Federation » l’année dernière. Est-ce parce qu’il est le colistier du Premier ministre au no. 8 ? Est-ce parce qu’il sait que les investigations policières ou de l’ICAC n’aboutiront à rien, comme l’a été l’enquête initiée suite aux dénonciations de Nawshad Khudurun ? Mais plus important encore, d’où puise-t-il cette force et cette protection occulte dont il semble bénéficier ? Au vu des dernières révélations faites dans le sillage de l’enquête judiciaire sur l’affaire Kistnen, comment peut-on tolérer qu’il continue, mine de rien, à siéger comme ministre et qu’il soit payé des fonds publics ?

Mais encore faut-il que quelqu’un le rappelle à l’ordre. Le chef de gouvernement ne semble pas enclin à lui montrer la porte de sortie. Mieux encore (ou pire), Pravind Jugnauth dit même faire confiance à Yogida Sawmynaden. Étonnant ? Non, pas vraiment. On le voit difficilement clouer au pilori son ministre et colistier puisqu’il traîne lui-même le boulet Angus Road. Il va sans dire qu’il ne pourra pas révoquer son ministre du Commerce sans qu’il n’en laisse des plumes. D’autant que Pravind Jugnauth doit également faire l’enquête face aux déluges de critiques concernant la disparition des images des caméras Safe City toujours dans le sillage de l’enquête judiciaire sur l’affaire Kistnen. Mauritius Telecom a vite fait de renvoyer la balle dans le camp du gouvernement. Au grand dam du Premier ministre, également responsable du ‘law and order’. Va-t-il répondre aux interrogations de la population concernant ces images qui semblent avoir évaporées ?

Rama Valayden s’était dit convaincu qu’il y aurait un ‘cover up’ dans cette toute cette sombre affaire. On commence maintenant à comprendre pourquoi. Et on n’en a pas encore tout vu. L’exemple vient d’en haut, dit-on. Mais quel exemple ceux d’en haut donnent-ils ?