EDITO : Navin rugira, Pravind pâtira

« Seki ine passé, ine fini passé ».  Cette phrase lâchée par Navin Ramgoolam à sa sortie de la cour intermédiaire jeudi reflète son état d’âme. Il refuse de se laisser aigrir par une politique vengeresse inexpliquée à son égard par celui qui était non seulement son allié en 2010 mais qui avait également été élu, le 1 mars 2009, grâce au soutien des travaillistes. Comme le prouve cette photo révélatrice montrant un Pravind Jugnauth souriant brandissant un drapeau du PTr après son élection à l’élection partielle au no. 8 (Quartier Militaire – Moka). Un Pravind Jugnauth qui n’avait pas hésité, à cette époque, à « monte dadak » sur le dos du PTr pour retrouver le chemin de l’hémicycle. Tout comme il est monté sur le dos de papa, en janvier 2017, pour accéder au primeministership. Ce qui nous donne déjà une indication claire et nette quant aux personnalités des deux leaders. D’un côté, il y a un Navin Ramgoolam expérimenté qui se montre résiliant face aux adversités, une qualité inestimable chez un vrai leader, alors que de l’autre, il y a un Pravind Jugnauth opportuniste qui n’épargne personne pour arriver à ses fins.

Les quatre dernières années de Navin Ramgoolam ont été ponctués par des va-et-vient incessants en cour. Une période pénible pendant laquelle il a su garder un moral d’acier. Les diverses charges rayées contre lui n’ont fait que prouver qu’il était la cible d’une machination politique visant à lui nuire, sinon le finir, politiquement. Alors que les prochaines élections générales s’approchent à une vitesse grand V, le leader du PTr semble être beaucoup plus serein et confiant, bien qu’il fasse toujours l’objet de procès en cour. L’absence d’alternances sérieuses et crédibles sur le plan politique et les interminables casseroles que traînent le gouvernement jouent certainement en sa faveur. D’ailleurs, il jouit toujours d’une très bonne popularité. Ce qui ne peut sans doute que le réconforter. Il suffit qu’il joue ses cartes avec finesse pour qu’il se remette en selle en vue des prochaines législatives.

À l’opposé, Pravind Jugnauth a toutes les raisons de craindre pour son avenir politique. Même s’il franchit le cap de l’affaire Medpoint, il lui devra composer avec tous les innombrables scandales commis par des proches de son gouvernement. Sans compter qu’il traine toujours le boulet Muvman Liberater (ML). Une inculpation formelle de Vijaya Sumputh, s’il y en a, ne ferait que corser la situation. Certes, Pravind Jugnauth peut toujours laisser tomber son partenaire minoritaire actuel, ce qui ferait alors l’affaire du MMM en cas d’alliance, mais il lui sera quand même difficile de tirer complètement son épingle du jeu. Et si jamais le ML de Collendavelloo retire d’autres squelettes en cas d’une rupture de l’alliance gouvernementale, la situation sera encore plus compliquée pour le leader du MSM. Quoique son Mentor de père ait promis d’être présent sur le terrain lors de la prochaine campagne électorale, rien n’indique que l’électorat mordra encore une fois à l’hameçon. D’autant que des membres de son propre parti ne semblent pas vouloir lui rendre la tâche facile. Comme Sanjeev Teeluckdharry, par exemple. Celui-là plaide pour une dépénalisation du cannabis alors que Pravind Jugnauth s’y oppose farouchement.

Les tiraillements internes au sein du gouvernement et du MSM, couplés aux scandales, laisseront la voie plus ou moins libre à Navin Ramgoolam pour qu’il refasse son comeback. En voulant l’assassiner politiquement, le MSM a fini lui-même par donner au leader du PTr du sérum pour qu’il reprenne des forces. Karma ?