EDITO : Mauricewood

All the world’s a stage. And all the men and women merely players”, disait William Shakespeare. À Maurice, on se croirait même être à Bollywood. Non pas en raison de la production indienne « Selfie » réalisée à Maurice et qui met en vedette des artistes locaux, mais plutôt à cause du comportement de certains de nos élus. Ces derniers, faisant ironiquement tous partie de la majorité gouvernementale, ne ratent aucune occasion pour se donner en spectacle. C’est presque comme s’ils rivalisent entre eux pour être sous le feu des projecteurs. Les acteurs défilent : l’indétrônable Sudhir Sesungkur, le vétéran Showkutally Soodhun, le showman Ravi Rutnah, le playboy Kalyan Tarolah, et on s’en passe, la liste étant non-exhaustive et dont je vous laisse compléter à votre guise. C’est sans compter les conseillers et autres nominés politiques qui n’ont rien à envier à nos élus-comédiens. D’ailleurs, tout ce beau monde, qui nous coûte, nous les spectateurs médusés, les yeux de la tête, n’a même pas à jouer la comédie, ayant des talents tout à fait innés. 

Ces derniers temps, il y a un député de la majorité qui s’est distingué en particulier. Il passe son temps à amuser la galerie, en se faisant aider par un autre confrère et collègue parlementaire. Devinez qui ? « Come on ! » Vous ne savez pas qui c’est ?  « Si pas ti éna li, ti bizin invente li ! » Sanjeev Teeluckdharry bien sûr ! Il se prend d’ailleurs pour le Messiah des suspects. Il n’y a que lui qui puisse leur faire obtenir justice. C’est du moins ce qu’il prétend. Car en réalité, il n’est même pas capable de défendre ses propres intérêts. Jusqu’ici, toutes les actions juridiques qu’il a prises pour se disculper des conclusions accablantes faites à son encontre dans le rapport Lam Shang Leen n’ont fait que l’enfoncer davantage dans un trou. Suivant ses déboires avec le Bar Council, il a dû également faire face au courroux de l’hôtel du gouvernement qui n’appréciait pas ses agissements intempestifs. Si bien qu’il a été contraint, la queue entre les jambes, de retirer sa demande d’injonction pour bloquer les honoraires de l’ancien juge Lam Shang Leen en cour cette semaine. Mais rien ne dit qu’il ne fera pas un come-back fracassant dans les jours qui viennent.

Toujours tirée à quatre épingles, la PPS Sandhya Boygah s’était surtout fait remarquer lors d’un discours à l’Assemblée nationale et dans lequel elle avait trouvé le moyen de faire référence à sa césarienne. Une diatribe indigeste qui avait mis la plupart des femmes, y compris les élues de son parti, mal à l’aise. Après avoir défrayé la chronique suite à l’obtention par son époux d’un barachois pour la culture de barbaras, elle est revenue à l’avant-plan cette semaine en raison d’une allégation de violence conjugale. Alors que la majorité des femmes, incluant des hommes, s’étaient ralliées derrière elle dans son combat contre un mari prétendument violent, elle a surpris tout le monde en retirant sa plainte contre lui. Et ce, quelques heures après que Yash Boygah se soit défendu dans une déposition en jetant le blâme sur elle. Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, puisqu’il s’agit avant tout d’une histoire familiale, on ne peut toutefois s’empêcher de se demander quel signal envoie-t-elle, en tant que représentante du peuple, aux femmes battues en se rétractant de la sorte. À moins qu’elle n’ait d’autres tours dans son sac. N’empêche que la population a déjà condamné cette virevolte en la qualifiant de mauvais cinéma.

Le gouvernement tente le tout pour promouvoir l’industrie cinématographique à Maurice. Les cinéastes étrangers n’auront donc pas à chercher loin pour trouver de bons comédiens. Parions qu’ils auront même l’embarras du choix…