EDITO : Lakwizinn des uns et des autres

C’est un secret de polichinelle. C’est au sein de lakwizinn centrale du soleil qu’émanent toutes les recettes politiques, y compris celles des affaires de l’État. Cette lakwizinn-là, qui vaut bien son pesant d’or, comme vous le savez sans doute, rime avec le pouvoir, la richesse, l’opulence, le confort et la sécurité. Ici, la charmante épouse y est dans son élément et n’a aucun problème pour mitonner des petits plats au goût maradivanesque en toute sérénité pour épater son mari. Ne dit-on pas que le véritable chemin pour toucher le cœur d’un homme passe par son estomac ? Surtout si ce dernier a un appétit féroce et entend bien manger à sa faim, jusqu’à la dernière miette…

Et puis, il y a cette autre lakwizinn. Celle du petit peuple. Ici, les responsables de familles doivent s’éreinter avant de pouvoir faire bouillir la marmite. Il y a même des jours sombres ou les ‘catoris’ restent désespérément vides et des nuits où les enfants doivent aller au lit, le ventre creux, n’ayant rien eu à se mettre sous la dent. C’est le cas de bien des centaines de familles, celles des marchands ambulants surtout, qui sont contraintes au chômage en cette période de fin d’année. Comment nourrir leurs familles alors que leurs ananas ou leurs degs de briani, qu’ils tentent désespérément de vendre, sont impitoyablement saisis par les autorités ? Pourquoi les traite-t-on comme des hors-la-loi alors qu’ils ne demandent qu’à travailler dignement ? Pour quelles raisons le gouvernement n’arrive-t-il pas à trouver des solutions temporaires qui leur permettraient au moins d’avoir un repas quotidien décent tandis que chaque repas ressemble à un faste pour d’autres plus fortunés?

Pendant que ces nombreux foyers s’écroulent sous les dettes afin de pouvoir mener un semblant d’existence, les proches de l’autre lakwizinn, celle du pouvoir, continuent, eux, à nager dans le bonheur. Ceux qui ne s’étaient pas retrouvés sur la liste des candidats lors des dernières élections se voient ces jours-ci récompensés pour leurs bons et loyaux services envers leurs maîtres. L’esclave auto-proclamé se voit ainsi attribuer un poste au Royaume saoudien, vu sa proximité avec lakwizinn salmanesque. La nièce de Lady, après son passage à la présidence de l’hémicycle où elle a eu du mal à faire preuve d’impartialité, se verra parachuter à New Delhi afin de préparer la visite officielle de son cousin à Modi Ji. On voit mal leur lakwizinn rouler au ralenti. Contrairement aux autres travailleurs qui risquent de voir leur maigre compensation de Rs 300 fondre comme beurre au soleil avec les augmentations en cascade des prix de plusieurs denrées alimentaires et autres commodités qui s’annoncent.

On était en droit d’espérer que le soleil brillerait de la même façon pour tout le monde. Malheureusement, tel ne semble pas être le cas.