[EDITO] Cocovid

Par Zahirah RADHA

Nous voilà libérés après plus de deux mois de confinement. Plus de restrictions pour voyager, plus de WAP, plus d’ordre alphabétique, commerces et restaurants ouverts…Il y a de quoi pour nous réjouir. La fête des mères, célébrée aujourd’hui, prendra une toute autre dimension. Les retrouvailles et les célébrations seront évidemment au rendez-vous.

Dans la foulée, nous oublions que la Covid-19 représente toujours une réelle menace pour nous tous. Nous ne gagnerons pas cette bataille tant qu’un vaccin n’aura pas été développé. N’en déplaise à ce Klib Soley qui prétend une « victoire » de Pravind Jugnauth contre ce virus. À les voir à l’oeuvre, on aurait cru que le Premier ministre est un Messiah arrivé tout droit, non pas du ciel, mais du Royaume du Soleil. Dans leur tentative de glorifier leur prétendu sauveur, ces énergumènes font l’impasse sur le décès de dix de nos compatriotes dans le sillage de cette pandémie. Cocovid, dîtes-vous ?

Il faut dire que toutes les conditions ont été savamment réunies pour que nous agissions tous, ou presque, comme des cocovid. Il y d’abord eu l’opération de séduction auprès des frontliners, sans que le manque cruel d’équipements de protection auxquels ces derniers étaient confrontés ne soit évoqué. Pravind Jugnauth doit remercier notre personnel soignant pour sa docilité et sa compassion bien qu’il ait été soumis, selon les propres aveux de ceux concernés, à un traitement cavalier durant toute la durée de la pandémie. Autrement, le chef du gouvernement aurait goûté au même sort que son homologue belge, Sophie Wilmès, qui avait eu droit à une haie de déshonneur de la part du personnel soignant le 16 mai dernier à cause de leurs mauvaises conditions de travail.

Et puis, il y a eu l’annonce du déconfinement pour le samedi 30 mai au lieu du 1er juin. Il ne fallait que cette miette envoyée par Pravind Jugnauth pour que nos ventres se remplissent.  Du coup, toutes les remontrances contre le gouvernement sont reléguées aux oubliettes. Qui se soucie du sort des squatters dont les logis ont été démolis en pleine période de confinement ? Qui se rappelle encore que la Banque de Maurice a décaissé Rs 140 milliards de ses réserves pour sauver le gouvernement et le gros capital ?

Dans quelques jours, nous assisterons, devant nos petits écrans, au premier budget de ce gouvernement. Nous réaliserons alors l’ampleur des dégâts causés à la trésorerie publique. Les réjouissances d’aujourd’hui cèderont bien vite au désespoir. Car ce qui nous attend devant est bien plus pénible que le confinement.