Droit de savoir

Les sorties et les déclarations publiques se multiplient. Les élections générales sont derrière la porte. Après avoir longtemps cru qu’il pouvait surfer sur trois vagues pour mener sa fragile barque à bon port, Pravind Jugnauth s’est rendu à l’évidence : ses premières législatives comme Premier ministre sortant ne seront pas une partie de plaisir. Pourquoi?

N’importe quel leader politique et chef d’une alliance à la tête d’un pays paisible et civilisé aurait eu de nombreuses dividendes à récolter après le premier sacre de la nation sur son sol à l’occasion de la 10e édition des JIOI qui marquait les 40 ans d’existence de ce grand rassemblement sportif inter-îles. Mais que constatons-nous? Et qui parle aujourd’hui de ces 92 médailles d’or qui ont fait la fierté de tout un peuple? Ces jeux ont coûté aux contribuables plus de six milliards de roupies.

La deuxième vague qui aurait dû porter cette alliance gouvernementale au sommet est la visite papale. Elle a pourtant été un grand succès populaire tant sur le plan de l’organisation que celui de la mobilisation et de la participation. Mais voilà que tout ce que les Mauriciens retiennent est l’image d’un pape François humble et souriant, affectueux et soucieux de l’avenir de cette jeunesse privée de sa part du gâteau du développement économique. Pour qu’elle soit évoquée par le souverain pontife, il a dû y avoir des échos au Vatican sur les travers de ce gouvernement à ce sujet.

L’alliance gouvernementale entend enfin tirer un capital politique de ce projet faramineux qu’est le tramway, vendu au départ comme étant le métro qui allait décongestionner les principales villes du pays. Attendons voir. Pour l’heure, attardons-nous sur les gaspillages de fonds publics dont les dessous seront révélés par un nouveau Premier ministre et un nouveau régime. Les Rs 94 millions pour la rénovation du New George V Stadium sont restées en travers de la gorge du public. Ce n’est qu’un exemple vu que de nombreux sites sportifs ont été relookés et rénovés pour un total de près de Rs 700 millions, excluant les milliards englouties à Côte d’Or.

Pravind Jugnauth va dérober et déraper au fur et à mesure que s’approche l’échéance. Mardi dernier, il a encore prouvé, si besoin est, qu’il ne faut pas compter sur lui pour la transparence et le respect des institutions avec les affaires Samputh et Choomka. « Justice delayed is justice denied ». Dans ces deux cas, il démontre qu’il n’a pas l’étoffe d’un « statesman » digne de ce nom capable de mettre l’intérêt du pays au-dessus de toutes les considérations partisanes et injustifiées. Mais quel respect a-t-il pour l’intégrité et l’intelligence de ces cadres du Parquet et du judiciaire qui soumettent des conclusions justes et équitables à la lumière des faits qui leur ont été exposés pour ensuite envoyer les dossiers pourrir à l’ICAC ? Quelle confiance peut-on avoir en cette institution dite indépendante dans le combat de ce cancer politique du siècle si elle se laisse dicter pour des affaires dont l’issue ne fait pas de doute ?

L’heure pour le Premier ministre  de rendre des comptes a sonné. La population a le droit de savoir si les taxes, sous toutes leurs formes, qu’elle paie sont utilisées judicieusement. Elle mérite qu’elle soit informée par ces dirigeants censés être des exemples de gestion transparente et de bonne gouvernance. Mais que constate-t-elle avec les exemples cités plus haut ? Qu’en matière d’abus et de protections occultes, le gouvernement MSM-ML est passé maître en gabegies.