Dr Nawsheen Goonoo, chercheuse à l’Université de Maurice

Des recherches pointues dans le domaine médical et la nanotechnologie

Nawsheen Goonoo, la trentaine, est une chercheuse de haut vol. Elle effectue des recherches dans le domaine des ulcères diabétiques du pied, qui est un problème d’ordre national à Maurice, et poursuit des travaux en vue de l’implémentation d’une industrie basée sur la nanotechnologie dans le pays. Portrait d’une intellectuelle à succès…

La Dr. Nawsheen Goonoo habite actuellement à Port-Louis. Mariée à un médecin généraliste, la jeune femme a un parcours éloquent, et démontre que des Mauriciens peuvent effectuer de la recherche de haut niveau. Travaillant à l’Université de Maurice, elle effectue des recherches sur des pansements qui pourraient aider à la guérison des plaies diabétiques et sur la nanotechnologie.

Elle revient sur son parcours. Nawsheen Goonoo est l’unique fille de ses parents, et elle a un frère cadet. Ses parents l’ont toujours poussée à atteindre l’excellence dans tout ce qu’elle entreprenait. Elle a appris dès son plus jeune âge qu’une bonne planification et une bonne organisation sont essentielles pour réussir dans quelque chose, et que le succès n’est jamais sans échec.

Son intérêt pour tout ce qui a trait à la science a commencé à un très jeune âge. « Étant enfant, j’étais tellement étonnée par la nature. Chaque année, pendant les vacances scolaires, mes parents nous emmenaient, mon frère et moi, pour des promenades dans la nature, ou pour faire du camping sur les petits îlots autour de Maurice. Je me souviens encore à quel point j’étais fascinée lorsque j’avais vu pour la première fois les feuilles d’un mimosa qui se repliaient les unes après les autres, comme des dominos, lorsque je les touchais », raconte la jeune femme.

Constatant son intérêt pour tout ce qui a trait à la nature en général, ses parents lui ont toujours acheté des livres dans ce domaine, alimentant davantage sa passion pour les connaissances scientifiques.

Nowsheen Goonoo a été élève au collège Droopnath Ramphul. À ce stade, elle voulait devenir médecin. Mais par la suite, elle devait finalement opter en 2007 de poursuivre des études en sciences physiques. Elle va ainsi obtenir un diplôme supérieur en chimie en 2010 à l’Université de Maurice. Après une bourse de la ‘Higher Education Commission’ (HEC), elle va donc poursuivre un doctorat en ‘Polymers & Biomaterials’ à l’Université de Maurice, de 2010 à 2014.

Après son doctorat, elle obtint une bourse postdoctorale de la prestigieuse Alexander Von Humboldt Foundation, ce qui lui a permis de passer un an en tant que chercheuse en Allemagne.la toute première bourse de cette fondation obtenue par une Mauricienne.

Elle est retournée à Maurice en 2017, et devait réintégrer l’Université de Maurice. Aujourd’hui, elle y travaille comme chercheuse à l’unité ‘Biomaterials, Drug Delivery and Nanotechnology’ au ‘Centre for Biomedical and Biomaterials Research’ (CBBR). Elle est aussi chargée de cours à temps partiel sur la nanotechnologie* et la chimie.

En outre, elle est également impliquée dans divers programmes pour sensibiliser la population locale sur la recherche en nanotechnologie et pour encourager les jeunes filles à poursuivre une carrière dans  les filières dites STEM (Science, Technology, Engineering, Maths).

Elle et son équipe du CBBR souhaitent mettre sur pied à Maurice une industrie basée sur la nanotechnologie, qui sera un exemple de développement économique pour d’autres pays d’Afrique.

Notre jeune interlocutrice a voyagé dans plusieurs pays, pour assister à des conférences, dont la France, la Pologne, l’Autrice, la République tchèque, l’Angleterre, l’Espagne, l’Afrique du Sud, la Chine, la Corée du Sud, la Réunion, les Pays-Bas, la Tanzanie, le Sénégal, entre autres.

Elle a été invitée à se joindre à des corps de recherche prestigieux, comme l’‘African-German Network of Excellence in Science’, l’African Academy of Science et l’Académie mondiale des sciences. Nawsheen Goonoo a aussi reçu plusieurs prix dans plusieurs pays, notamment en Allemagne. La plus récente : en mars 2020, elle a été récompensée par la fondation Oréal-Unesco, comme l’un des 15 ‘International Rising Talent’.

Son message à la jeune génération : « The Mauritian community and the world need more of you out there as scientists! It is high time to bring forward Mauritian solutions for Mauritian challenges and to stop depending on other nations to solve our issues. So rise up as scientists and don’t be afraid of failures. Rather figure out how to fail fast and learn from your mistakes. »

*(La nanotechnologie est une technologie révolutionnaire, où il y a manipulation de la matière au niveau moléculaire. Il est prévu que la nanotechnologie va révolutionner le monde dans divers secteurs technologiques ou industriels dans les décennies à venir.)

 

Fiche Perso

Noms de vos parents : Bhye Hariff Goonoo et Bibi Faheeza Goonoo

Meilleur conseil de vos parents : « Work hard, be patient and success will come to you. »

Plat référé : ‘Chicken korma et naan’

Dessert préféré : ‘Red velvet cake’

Destination préférée : Allemagne

Passe-temps préféré : Lecture et sports

Animal préféré : Orque

Citation préférée : « No great discovery was ever made without a bold guess », de Sir Isaac Newton.

Un mot pour vous décrire : Versatile

Hors-texte

Résoudre le problème du diabète par la science

« Le diabète est un problème majeur à Maurice, où environ 20% de la population adulte souffre de diabète de Type 2. Le diabète entraîne plusieurs complications, notamment les ulcères diabétiques du pied », nous explique-t-elle. La durée des hospitalisations et les amputations fréquentes suite aux complications diabétiques est un fardeau pour notre économie, selon notre interlocutrice.

De ce fait, Nowsheen Goonoo se livre à une recherche qui pourrait se révéler capitale pour le domaine de la santé à Maurice.

Ses recherches sont en effet axées sur la fabrication de pansements biodégradables, à partir des ressources locales, telles que les algues, qui pourraient accélérer la guérison des plaies diabétiques. Le problème avec les pansements actuellement disponibles pour les ulcères diabétiques du pied est qu’ils sont très chers et donc pas abordables pour la majorité de la population locale.

Sa recherche vise ainsi à résoudre un problème national qui perdure, en concevant des pansements abordables, en utilisant des ressources disponibles localement.

Elle a ainsi été sélectionnée  en tant que l’un des 10 scientifiques du monde entier par la fondation Alexander Von Humboldt à participer au tout premier ‘Communication Lab between Research and Media’. Elle était associée à un journaliste et ensemble ils ont travaillé sur un reportage radio sur ses recherches actuelles sur les plaies diabétiques, et ils ont remporté le deuxième prix.

Sarah Khodadin