St-Hubert

Situé dans la vallée de Mt Pauline, Mt Citronnier et Mt Isabelle, St-Hubert est un village où la vie semble s’arrêter.  Pour s’y rendre il faut compter un voyage long d’une heure et quelques minutes (en voiture) de la Capitale, Port-Louis, mais le paysage est époustouflant. Les champs de canne et les arbres en bordure de route nous donnent déjà un aperçu de l’état du village. En arrivant au village nous sommes accueillis par un vent glacial, signe que l’hiver est bien là. L’animation est très calme. Quelques rares habitants se montrent de temps en temps et la circulation est quasi inexistante. Seuls quelques rares camions sortant des champs de canne démontrent qu’une usine sucrière opère dans la région. Perdu et coupé des autres villages, St-Hubert connait un développement très lent, presqu’au point mort. 

Marwan Dawood

Rencontre avec Yves Paul…

À peine arrivé, nous allons très vite rencontrer un conseiller du village en la personne de Louis Merlin Paul, Yves pour les proches. Agé de 67 ans, Yves est également un travailleur social très actif du village.  Il a auparavant servi en tant que président du conseil des villages de St-Hubert, St-Hilaire et Riche-En-Eau.  L’homme sera également notre guide au cours de cet escale au village et nous découvrirons ensemble que derrière ce décor idyllique se cache une énormité, le manque de développement.  Parmi les problèmes auxquels font face les habitants de St-Hubert se trouve l’éternel problème de transport.

On ne peut qu’affirmer qu’il n’y a aucun abribus à St-Hubert qui est pourtant desservi par la compagnie nationale de transport ainsi que des bus individuels.  «Le problème est que les propriétaires de bus dictent leur loi. Quand ils veulent faire rouler leurs bus ils le font mais au cas contraire, tout le village est paralysé», explique Yves.  Quid des bus de la CNT ? «C’est pire ! Nous avons un bus sur l’heure ! Pourtant nous en avons parlé à la NTA, en vain ! » nous explique Yves.

Effectivement nous pouvons compter sur les doigts de la main le nombre de fois où nous avons croisé un bus pendant notre reportage.  Les seuls moyens de transport en commun disponible sont des taxis qui rallient Mahébourg et Rose-Belle à St-Hubert.

Hormis le problème de transport à St-Hubert, Yves relève également l’état dans lequel se trouvent les routes du village.  Ici nous nous trouvons devant une énorme crevasse au beau milieu de la rue, ce qui démontre que les routes n’ont pas été asphaltées depuis très longtemps.

 

Cordonnier de père en fils. Ali Kawsar Allyboccus, la cinquantaine pratique le métier de cordonnier depuis le début des années 80. Ali faisait ce métier à Eau-Coulée, Curepipe depuis ses débuts avant de s’installer avec son fils qui exerce comme Imam à l’unique mosquée du village, Baag-E-Islam.  « Dans le passé nous n’avions pas vraiment le choix.  Mon père était cordonnier et mes frères et moi nous nous sommes aussi lancés dans ce métier », dit Ali. Ce dernier est père de cinq enfants soit trois fils et deux filles. «Mone grandi mo bane zenfant ek sa travail la. Et pli la vie évolué pli travail la vine difficile. Client bien moins et dan sa villaze la mo la depi seulement 5-6 mois donc mo nouvo beaucoup dimoune pencore conné ki mo la. Li vine difficile financièrement pou nou » raconte Ali.

 À l’entrée du village se trouve un vieux cimetière qui existe depuis l’époque où même Basdeo Bissoondoyal était au pouvoir, nous dit Yves.  Aujourd’hui ce cimetière frôle l’abandon.  Sans clôture, ce lieu se transforme en lieu de rassemblement pour les chiens errants.  «Ce cimetière est privé d’un réservoir d’eau, il n’y a pas de toilettes appropriées. Cela fait des années que les gouvernements successifs nous disent qu’une solution sera vite trouvée, en vain », explique le conseiller du village.

 Bâtie pendant l’occupation anglaise à Maurice, l’église  St-Henry date du 17 juin 1900.

Ce terrain de foot, le seul du village jouxte une gare d’autobus.  Sans surprise, il n’y a aucun panneau qui montre que justement il y a une petite gare à cet endroit.  Et que dire du terrain ? Sans vestiaires et sans lumière…voici comment les jeunes de la région pratiquent leur sport favori.

 

Ce pont est très symbolique dans le village. En effet, les habitants de foi hindoue et tamoule de trois villages soit St-Hubert, St-Hilaire et Riche-En-Eau, fréquentent ce lieu lors des sessions de prières et autre fête religieuse.  Le hic est que ce pont est très étroit et ne permet pas à deux véhicules de traverser en même temps causant parfois des accidents mineurs.  Les habitants ont plusieurs fois adressé des doléances aux autorités mais jusqu’à maintenant rien n’a bougé.

Le village de St-Hubert pourrait désormais changer de face avec la construction d’un complexe NHDC.

Le bâtiment de la poste de ce village est à l’abandon.

Dulloo Store. Monsieur et madame Dulloo nous accueillent à bras ouverts dans leur boutique. Le seul du village.  Les habitants de St-Hubert et avoisinant pourront ainsi obtenir leur copie de Sunday Times chez eux.  Patients et accueillants, les parents d’une fille universitaire et d’un fils au collège sont très appréciés par les habitants du village.  Même si le développement est lent, les Dulloo trouvent que le village a beaucoup progressé ces derniers temps.