Deux Rohingya témoignent dans les colonnes de Sunday Times

Massacre en Birmanie :

Au moins 27 000 Rohingya  selon les chiffres officiels publiés par la presse internationale ont traversé la frontière en une semaine pour trouver refuge au Bangladesh, pays voisin.  Rohingya est une population de confession musulmane vivant principalement dans l’État d’Arakan dans le sud-ouest de la Birmanie.  Selon ces mêmes sources, 20 000 personnes seraient toujours coincées à la frontière de ces deux pays.  Cet exode massif est dû aux combats qui ont éclaté la semaine dernière entre l’armée birmane et les rebelles musulmans Rohingya.  En une semaine de combat, plus de 400 personnes sont mortes.  Cette semaine nous avons retrouvé sur facebook deux Rohingya avec l’aide d’une Mauricienne, Oumme Sakina Auckburaully, ils sont  Kyaw Kyaw Win et  Sattar Islam Nirob. Le premier nommé se trouve en Allemagne pendant que Sattar lui s’est réfugié au Bangladesh.

Marwan Dawood

Les Rohingya, communauté apatride d’environ 1,3 million de personnes, sont considérés par l’Organisation des Nations Unies comme étant l’un des peuples les plus persécutés au monde.  Kyaw Kyaw  (Gchit Salam) et Sattar ne nous diront pas le contraire. Les deux ont dû fuir leur pays pour éviter le pire.  Ce dernier nous explique que ces actes de violence envers sa communauté ne datent pas d’hier. «Nous avons eu un premier soulèvement contre les Rohingya en 1942 puis en 1978, 1992, 2012, 2016 et tout récemment cette année en mars.  C’est une attaque systématique contre les musulmans que nous vivons à Arakan depuis des années, mais c’est encore pire aujourd’hui », raconte Sattar.

Gchit Salam, lui, suit la situation dans son pays de très près d’autant plus qu’il a sa mère et sa sœur qui habitent à Mawlamyine en Birmanie toujours. « La première capitale de la Birmanie, Mawlamyine n’est pas si mauvais pour les musulmans comparé à Rakhine, où le massacre se poursuit », explique Gchit Salam qui se trouve en Allemagne pour des raisons personnelles.  Ce dernier va aussi nous dire que « les bouddhistes extrémistes sont très soucieux du fait que la communauté internationale et les regroupements en faveur des droits humains vont une nouvelle fois faire pression sur le gouvernement birman pour amender la 1982 citizenship law qui devrait rassurer la nationalité à un million de Rohingya.  C’est de cela qu’ils ont peur et qu’ils nous attaquent. Ce n’est pas pour rien que le représentant du Buddhist Arakan National Party avait déclaré qu’ils sont prêts à se battre pour que la loi ne soit pas amendé et qu’ils doivent considérer leur race, leur souveraineté et leur sécurité ».

La lutte des Rohingyas s’est compliquée avec le temps.  Gchit raconte, « entre 2012 et 2015 il y a eu 120 000 Rohingya qui ont embarqué pour fuir le pays vers l’Indonésie, le Thaïlande et la Malaisie.   Ajouté à cela, certains ont filé au Bangladesh. Ils se sont fait berner et se sont retrouvés à payer entre 100 à 200 dollars pour être évacués ».  Notre interlocuteur nous dit être triste par les conditions de vie de ceux qui cherchent refuge, «les bateaux opérés par des gangs sont surchargés, le traitement est inhumain et ils ne reçoivent rien à manger.  Plusieurs d’entre eux souffrent de malnutrition et s’ils se plaignent, ils sont jetés en mer » explique Kyaw Kyaw.

Priez pour nous

Pour sa part, Sattar est moins bavard que Kyaw Kyaw Win. Il semblerait qu’il n’ait pas une bonne connexion au Bangladesh.  «Tout ce que vous pouvez faire pour nous, c’est prier ! Priez pour nous ».

La classe politique à Maurice pas insensible

D’abord il y a eu le leader du MMM, Paul Bérenger qui demande à ce que le titre du Prix Nobel de la Paix soit enlevé à Aung San Suu Kyi, dirigeante de la Birmanie. Ensuite les deux députés musulmans du PTr, Shakeel Mohamed et Osman Mahomed qui ont envoyé des correspondances à l’ONU et à la Présidente de la Birmanie respectivement.  Shakeel Mohamed appelle même à une marche pacifique en faveur des Rohingya.