Des frustrés à l’œuvre

Les milliers de « frustrés » descendus dans la capitale le 13 février provoquent la frustration du gouvernement. Au lieu de se ressaisir, certains membres de la majorité n’ont rien trouvé de mieux à faire que de comparer la foule de samedi dernier à celle du 29 août dernier. Que l’une des deux foules fût plus conséquente que l’autre est insignifiante, comme l’aurait dit ce cher Bobby. Parce que les deux marches sont symboliques du malaise qui règne dans le pays actuellement. N’en déplaise à Joe Lesjongard qui s’est ridiculisé sur TV5Monde en prétendant le contraire.

Même cette chaîne française a d’ailleurs trouvé qu’il y avait une marée humaine dans les rues de Port-Louis alors que le pauvre Joe Lesjongard persiste, lui, à croire que ce n’était qu’un rassemblement de l’Opposition et non une manifestation citoyenne. Ce qui équivaut à une insulte aux mouvements citoyens qui ont tenu à être présents, samedi dernier, pour protester contre les abus et les scandales à la pelle commis sous ce régime. Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, dit-on.

Bien qu’il feigne l’indifférence, le gouvernement, on le sait, est plus que jamais affaibli. Rongé par des scandales, des révélations et des démissions, Pravind Jugnauth, sans doute frustré, tente de s’agripper aux associations socio-culturelles en espérant de pouvoir toujours bénéficier de leur soutien, surtout parmi l’électorat connu comme le ‘hindu belt’. Une posture qui l’aliène davantage du peuple et de ses préoccupations principales. La souffrance ne connait ni couleur, ni communauté. Ce sont les Mauriciens indistinctement qui souffrent, et non pas X ou Y communauté.

Pravind Jugnauth doit une fois pour toutes enlever la visière qu’il porte, sans doute un cadeau empoisonné que lui ont offert ses conseillers, s’il veut voir ce qui se passe réellement dans le pays. D’autant que la précarité de son gouvernement risque de s’accentuer avec d’autres scandales qui commencent à faire surface, comme cette luxueuse villa construite à Au Bout du Monde. Dans les entrailles du pouvoir, plus précisément dans Lakwizinn, l’on s’active déjà à balancer celui qui était jadis connu comme le Top Chef. Frustré, ce dernier, apprenons-nous, préparerait sa riposte. Or, dans les deux cas, c’est le gouvernement de Pravind Jugnauth qui devrait accuser le coup.

Tout indique que la pression monte au sein de Lakwizinn du gouvernement. Elle finira, tôt ou tard, par éclater. Un éclatement qui sonnera peut-être le glas pour Pravind Jugnauth et le MSM.