Des compagnies privées, dont la HSBC, réclament une enquête indépendante

National CSR Foundation

Ils ne comptent pas rester les bras croisés ! Des compagnies privées et des ONGs réclament l’institution d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur l’approbation des projets par la National CSR Foundation. Ils ne sont guère satisfaits de l’explication fournie par cet organisme à l’effet que ce serait un bug informatique qui serait à l’origine de la publication d’une liste « erronée » sur son siteweb. « Nous pensons qu’il y a anguille sous roche », clament-ils.

L’article paru à la Une de notre dernière édition et intitulé « Alain Wong au centre d’une polémique : Jackpot pour une association se trouvant dans sa circonscription » a eu l’effet d’une bombe. Des compagnies privées, et non des moindres, réclament qu’une enquête indépendante soit instituée afin de faire la lumière sur toute cette affaire. Celle-ci concerne l’approbation de cinq projets totalisant Rs 3, 3 millions approuvés par la National CSR Foundation en faveur de l’Organisation Communautaire Cité Jonction de Pailles. Ces projets figuraient d’ailleurs sur une liste publiée sur le siteweb de l’organisme. Ce qui a soulevé un tollé dans le milieu concerné. D’autant que les activités de ladite association seraient « fictives », selon des travailleurs sociaux. Réagissant cette semaine, la National CSR Foundation a accusé le coup en plaidant un « bug informatique ».

Une explication qui ne convainc guère le secteur privé qui contribue aux fonds de la CSR. « Il faut que les responsables de la National CSR Foundation tienne une réunion pour nous expliquer ce qui s’est passé. C’est trop facile de dire qu’il y a eu une erreur technique.  Cela ne tient pas la route. Les autorités concernées doivent nous donner des explications, mais il faut surtout qu’elles initient une enquête indépendante. Il y va de la transparence », soutient Yan Hookoomsing, CSR Manager à la HSBC. Même son de cloche du côté d’une autre banque commerciale. « Nous avons évoqué ce cas avec Business Mauritius pour qu’il soulève la question à la prochaine réunion du conseil. Nous réclamons une enquête indépendante » nous dit-on. Un cadre d’une autre compagnie privée va plus loin. « Cette affaire sent le roussi. Nous exigeons des explications de la part des autorités. Il faut également qu’elles nous expliquent comment l’argent de la CSR est distribué. Ce fonds, rappelons-le, est surtout destiné à la pauvreté. Des ONGs qui abattent un gros travail dans ce domaine ne reçoivent pas d’argent ou sinon ils n’en reçoivent que moins de Rs 500 000. C’est inacceptable ! » martèle-t-il.

Bug douteux

À la National CSR Foundation, on affirme qu’une enquête interne  a déjà été instituée sur cette affaire. Cependant, le chairman de la fondation, Menon Munien, croit déjà connaître la source de la polémique. Un bug informatique en serait la cause, dit-il. Un problème technique que les responsables de l’organisme n’ont constaté que deux semaines après avoir mis en ligne la liste de projets approuvés par son conseil et qui aurait perduré si Sunday Times n’avait pas fait état des remous y relatifs dans sa dernière livraison. Le chairman de la National CSR Foundation, concède d’emblée que l’information parue dans notre journal n’était pas erronée. « Après la parution de votre article, j’ai vérifié la liste publiée sur notre siteweb et c’est là que j’ai constaté qu’elle contenait plusieurs erreurs », avoue-t-il. Raison pour laquelle le siteweb a été mis hors service durant toute la semaine.

Pressé de questions, il finit par nous avouer que les « erreurs »  se limitaient uniquement à cette liste et qu’il n’y avait pas d’autres fautes constatées sur le siteweb. « C’est le système informatique qui est à blâmer », insiste Menon Munien, en précisant que le siteweb ne sera fonctionnel que lorsqu’il sera satisfait que tout soit en règle.  Le chairman de la fondation se dit, par ailleurs, persuadé que cette liste « erronée » n’aurait pas causé d’inconvénients ou de préjudices aux bénéficiaires. « Ces derniers ne consultent pas le siteweb pour savoir si leurs projets ont été approuvés ou pas. Ils attendent plutôt qu’on leur envoie une lettre officielle pour leur en informer », souligne Menon Munien. Pourquoi alors publier cette liste sur le siteweb si elle n’a pas sa raison d’être ? À cette question, notre interlocuteur nous répond : « On le fait dans un souci de transparence, mais aussi afin de responsabiliser les ONGs ».

Pas d’intervention politique

Abordant les projets soumis par l’Organisation Communautaire Cité Jonction de Pailles, Menon Munien nous assure que tout a été fait selon les principes de bonne gouvernance. « Cette association n’a soumis que trois projets et seulement un d’entre eux, soit Angel of Hope,  a été approuvé jusqu’ici », dit-il en nous montrant une copie de la lettre qui lui a été envoyée. Il précise aussi que le conseil approuve les projets en toute indépendance et selon les critères établis. « Il n’y a jamais eu d’intervention politique », avance-t-il, en précisant que la fondation agit de façon indépendante quoique le ministre de tutelle, soit Alain Wong, y a un droit de regard.

D’ailleurs, c’est précisément pour cette raison qu’une enquête indépendante s’avère nécessaire. Le fait que « l’erreur informatique » dont plaide la National CSR Foundation ait imputé l’approbation de cinq projets à une seule organisation, surtout une se trouvant dans la circonscription du ministre, éveille des soupçons. Bien que le chairman nous ait affirmé avoir remarqué trois autres erreurs dans la liste que la fondation a publiée, le communiqué émis durant la semaine ne fait le point que sur les cinq projets mentionnés dans notre article en date du 17 septembre. Qui nous dit que les documents n’ont pas été manipulés ? Pourquoi le siteweb a-t-il été mis hors service avant même qu’un rapport en bonne et due forme ne soit soumis par rapport à ce problème ? D’autant que le bug n’a étrangement infiltré que cette fameuse liste, laissant intacts tous les autres documents…