Des centaines de millions de roupies investies dans des compagnies locales

Trafic de drogue : réseau Kistnah / Veeren

Les révélations choc se suivent au quartier général de l’ADSU aux Casernes centrales. Navind Kistnah, avec preuves à l’appui, continue à déballer son sac. Une enquête de longue haleine, avec le concours de l’ICAC et des autres autorités, se profile à horizon, pour retracer des sommes astronomiques qui ont été investies dans des compagnies locales.

 C’est le plus gros réseau de trafic de drogue en opération sur la terre ferme dans l’océan Indien, selon certains enquêteurs du dossier. Les recettes du trafic aurait jusqu’ici dépassé les Rs 5 milliards de roupies, selon les informations fournies par Navind Kistnah depuis le début de cette affaire.

Au cours de son interrogatoire, plus précisément lundi dernier, Navind Kistnah, le principal suspect dans l’importation de 157 kilos d’héroïne, est revenu une nouvelle fois sur les procédures d’importation, soit une vingtaine de containers qu’il a importés de l’Afrique du Sud. Dans ses explications, cet habitant de Montée S, Grande-Rivière, a reconnu avoir importé plusieurs heavy duty machines utilisées dans le domaine de la construction, y compris plus d’une quarantaine de cylindres de compresseur.

 

De la drogue valant Rs 6 milliards écoulée a Maurice ?

 Ces machines utilisées dans le domaine de la construction contenaient bel et bien de la drogue selon Navind Kistnah, et ces équipements n’ont jamais été importés pour être revendus. D’où l’importante saisie des machines en février de cette année chez Zahirah Ameer, concubine de Peeroomal Veeren à Vallée-Pitot. Navind Kistnah n’a pas été en mesure de donner le nombre exact de compresseurs qu’il a importés de mars 2016 à mars 2017, mais confirme toutefois que les grosses importations ont débuté l’année dernière.

Avec chaque compresseur qui contenait une moyenne de 10 kilos d’héroïne, les limiers de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) soupçonnent que pas moins de 400 kilos de cette drogue ont pu être écoulés sur le marché mauricien. La valeur marchande de l’héroïne sur le marché local est de Rs 15 000 pour chaque gramme, et Rs 15 millions le kilo. Ce qui fait que les 400 kilos ont rapporté approximativement Rs 6 milliards.

D’où la raison que les 157 kilos d’héroïne saisis n’ont eu aucun effet sur le marché local jusqu’ici, selon les travailleurs sociaux.

 

Où est passé cet argent ?

 Une question qui reste posée du côté des enquêteurs, où est passé l’argent provenant de ces recettes de drogue ? Depuis l’éclatement de cette affaire, une escouade de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) est chargée de faire la lumière sur l’aspect de blanchiment d’argent. Les limiers ont dans leur viseur plusieurs investissements louches dans un business de location de voitures de luxe en opération depuis deux ans. Des investissements d’une centaine de millions de roupies seront bientôt décortiqués par les enquêteurs. Une enquête qui pourrait prendre des mois, voire une année entière, selon des sources proches de l’enquête.

 

Répercussions économiques

Cette affaire n’est pas sans risques, avec des répercussions économiques, car la majorité des recettes provenant de la vente de la drogue est toujours sur le sol mauricien. L’ICAC, ainsi que la Commission d’enquête sur la drogue, épluche actuellement les comptes suspects de plusieurs individus, ainsi que ceux de certaines compagnies. Seul un audit trail complet avec la collaboration de plusieurs autorités pourrait aider à retracer cet argent sale.

Au cours de son interrogatoire en début de semaine, Navind Kistnah a une nouvelle fois confirmé ses liens avec le caïd Peeroomal Veeren. Avec détails, il a expliqué avoir échangé plusieurs appels téléphoniques avec le trafiquant qui purge actuellement une peine de 34 ans de prison pour trafic de drogue. Navind Kistnah a déclaré aux enquêteurs qu’un simple relevé téléphonique pourrait confirmer ses dires. Au quartier général de l’ADSU, on affirme que des développements majeurs devraient intervenir dans les jours et semaines à venir.

D’où la raison de leur appel au Police Headquarters de faire renforcir leurs effectifs. Depuis lundi dernier, ils sont environ 25 jeunes policiers affectés à plusieurs unités, dont la Special Mobile Force (SMF), la Special Supporting Unit (SSU), ainsi que plusieurs autres unités, qui ont été temporairement mutés à l’ADSU, en attendant que la situation retourne à la normale.