Démission en sursis

Crise au sommet de l’État

  • La présidente s’impose, le Premier ministre cède

Partira, partira pas ? En dépit de la trêve annoncée en raison des célébrations officielles du jubilé d’or de l’indépendance de Maurice, la crise au sommet de l’État est loin d’être terminée. Alors que le Premier ministre a soutenu, lors d’un point de presse vendredi, qu’Ameenah Gurib-Fakim démissionnera comme présidente de la République après les célébrations officielles de l’indépendance mais avant la rentrée parlementaire, cette dernière a répliqué sur son compte Tweeter que « it is being reported that I’m resigning. I am still in post ». D’ailleurs, dans l’entourage de la locataire de Réduit, l’on soutient toujours qu’elle serait prête à faire face à un tribunal, en cas de destitution, afin de prouver qu’elle n’a rien à se reprocher. Ce qui contraste singulièrement avec l’annonce faite par le chef du gouvernement en fin de semaine.

Dès le départ, Ameenah Gurib-Fakim s’est montrée intransigeante sur la question de sa démission. Pas question qu’elle cède aux pressions, a-t-elle laissé entendre. Elle a tout tenté pour éviter de fournir des explications. Elle a tantôt mis en doute l’authenticité des documents bancaires publiés par l’Express et a tantôt questionné la clause de confidentialité entre une institution bancaire et son client, tout en dénonçant la violation de la Banking Act avant d’avouer finalement avoir déjà tout remboursé. Par contre, la présidente a campé sur sa position et a catégoriquement refusé de céder sa place au Château du Réduit. Une première rencontre qu’ont eue le Premier ministre et Ivan Collendavelloo avec elle mardi n’a rien donné. SAJ est également rentré bredouille après sa réunion avec elle jeudi. Un autre tête-à-tête avec Pravind Jugnauth le même jour s’est aussi révélé infructueux. Vendredi matin, alors que tout le monde s’attendait à sa démission, elle a eu droit à une autre réunion avec le chef du gouvernement. Rencontre durant laquelle un compromis a été trouvé.

Ameenah Gurib-Fakim a ainsi réussi à s’imposer face au vœu exprimé par le Premier ministre pour qu’elle démissionne avant l’arrivée de la délégation indienne dirigée par le président indien Shri Ram Nath Kovind aujourd’hui. Bien que Pravind Jugnauth se voulait ferme, le fait qu’il ait cédé aux exigences de la locataire de Réduit laisse entrevoir une certaine faiblesse. Des questions s’imposent : quelles sont les raisons qui ont poussé le Premier ministre à accepter un tel compromis ? Qu’est-ce que la présidente peut-elle bien savoir sur le gouvernement pour que Pravind Jugnauth ait consenti de se présenter à ses côtés pour les diverses célébrations à l’occasion du 12 mars ? Et si elle décidait d’utiliser cette carte maîtresse pour s’accrocher à son poste une fois les festivités terminées ? Il faudra attendre après le 14 mars, date du départ de la délégation indienne, pour connaître la suite de cet épisode qui a tenu tout le pays en haleine cette semaine.