Démasqués !

C’est une révélation faite par l’émission Menteur Menteur. En bon père de famille, Pravind Jugnauth s’est assuré que son épouse Kobita et ses filles soient rentrées au pays avant qu’elles ne soient imposées la quarantaine obligatoire prévue pour le 18 mars. Et avant que les frontières ne soient subitement fermées à cette même date. Cela, en devançant, en connaissance de cause, leurs billets de retour pour le 17 mars au lieu du 22 mars comme initialement prévus. En faisant royalement fi aux autres Mauriciens bloqués à l’extérieur. Les liens familiaux sont plus sacrés, n’est-ce pas ?

Kobita Jugnauth et ses filles ont-elles subi les tests de dépistage à leur arrivée au VIP Lounge de l’aéroport alors qu’elles rentraient de l’Europe, alors l’épicentre de la pandémie ? Une question parlementaire du député travailliste Eshan Juman adressée au Premier ministre le 4 mai dernier et réclamant qu’une liste de tous les passagers ayant transité par le VIP Lounge du 1er au 19 mars soit déposée au Parlement est jusqu’ici restée sans réponse. Doit-on encore s’étonner pourquoi ?

Cette révélation a démasqué, même partiellement, le visage du Premier ministre. Celui-là même qui dit avoir à cœur l’intérêt du pays et des Mauriciens. Les vraies raisons pour lesquelles il n’a pas fermé les frontières plus tôt sont désormais publiques. Et elles sont ‘damning’ pour le chef du gouvernement. Car elles démontrent comment, en s’intéressant d’abord et avant tout aux intérêts personnels de sa famille, il aurait pu mettre en péril la santé et la sécurité de la population. Mais elles révèlent surtout que Pravind Jugnauth a délibérément induit la population en erreur.

Son ministre de la Santé a également tenté d’induire le Parlement en erreur. En essayant honteusement de faire croire, lors d’une PNQ, que Hyperpharm n’a jamais eu de contrats pour l’approvisionnement en produits pharmaceutiques durant le confinement. Face à l’insistance de l’opposition et des preuves accablantes, il a dû finalement concéder qu’il avait tort. Mais il ne cesse de cacher la vérité sur toute cette sombre affaire d’acquisition d’équipements et de médicaments de plus d’un milliard de roupies.

Chaque jour apporte son lot de révélations, coinçant au passage le ministre de la Santé lui-même pour ses grossiers mensonges, ainsi que des nominés politiques et des proches du pouvoir. Là encore, les masques commencent à tomber, montrant les vraies couleurs de certains pouvoiristes prêts à tout pour dilapider les fonds publics et pour s’enrichir sur le dos et la souffrance du peuple. Une commission d’enquête aurait pu y faire la lumière. Mais au lieu de la transparence et de la bonne gouvernance, c’est le ‘cover up’ qui semble avoir la cote au sein de ce gouvernement.