Déculottage

1968 – 2018 : 50 ans. Un demi-siècle. Une fort belle date pour notre Motherland. Une étape que notre jeune démocratie franchira demain. Les célébrations de ce jubilé d’or s’annoncent grandioses. Conscient que cet événement marquera l’histoire du pays, Pravind Jugnauth, en tant que Premier ministre, s’y est investi à fond. Bien que le Prime Minister’s Office ait planifié un « wet weather programme » en cas de mauvais temps, le chef du gouvernement ne s’imaginait sans doute pas qu’il aurait à faire face à l’ouragan déclenché par l’affaire Platinum Card. Pour la deuxième année consécutive, l’association d’Ameenah Gurib-Fakim avec le multimilliardaire angolais Alvaro Sobrinho menace d’assombrir les célébrations de l’indépendance. Sauf que cette fois-ci, l’erreur de la présidente de la République, plus d’éthique que légale, est bien trop grave pour qu’on la gomme. Surtout parce que cette affaire démontre l’immoralité de notre chef d’État qui ne s’est pas privée pour faire des shoppings extravagants avec une carte de crédit mise à sa disposition pour offrir des bourses d’études par un escroc présumé de renommée mondiale. Et aussi parce qu’elle projette une mauvaise image de notre pays sur le plan international. Tous les grands titres en parlent d’ailleurs depuis ces derniers jours. La presse indienne, qui sera là dès aujourd’hui, s’en raffolera très certainement elle aussi. Une honte pour l’île Maurice, quoi !  

La présidente soutient avoir tout remboursé depuis mars 2017. Soit. Mais l’aurait-elle fait si l’affaire Alvaro Sobrinho n’avait pas éclaté à la même époque l’année dernière ? L’obstination d’Ameenah Gurib-Fakim, qui nous aurait épatées en d’autres circonstances, met toutefois en relief la faiblesse du Premier ministre. Il lui aura fallu au moins trois rencontres avec la présidente pour que celle-ci consente théoriquement à soumettre sa démission. Là aussi, elle n’a pas fait de concessions. La locataire de Réduit a tenu tête à Pravind Jugnauth pour qu’elle assiste aux célébrations officielles de l’indépendance. Et ce dernier a cédé. Pourquoi ? Lui qui a pourtant multiplié les démarches deux jours durant, soit jeudi et vendredi, pour qu’Ameenah Gurib-Fakim “lev paké allé” avant l’arrivée du président indien Shri Ram Nath aujourd’hui ! Alors que le Premier ministre ne voulait en aucun cas s’afficher aux côtés de la présidente durant les festivités, il a été contraint (sous menaces ?) de se plier à cette même exigence. Vous consentirez avec moi que la pilule est trop amère à avaler. Indigeste même. Pourquoi s’est-il déculotté ? Pour que les fêtes se déroulent en toute sérénité alors qu’il avait lui-même ouvert les hostilités et voulait enclencher les procédures de destitution de la présidente dès vendredi? Absurde, n’est-ce pas?

À y voir de plus près, pourquoi Ameenah Gurib-Fakim devrait-elle partir seule dans la disgrâce? Quid de Pravind Jugnauth lui-même? Pas seulement parce qu’il avait pris des mesures dans un de ses précédents budgets pour que la Financial Services Commission (FSC) puisse émettre des ‘investment banking licences‘ mais aussi parce que des accusations beaucoup plus graves pèsent sur lui dans l’affaire Medpoint. Pourquoi pas Ivan Collendavelloo qui a honteusement défendu Alvaro Sobrinho depuis l’éclatement de toute cette affaire l’année dernière ? Pourquoi pas tout le gouvernement qui a toléré les activités commerciales de l’Angolais sur notre sol sous prétexte d’investissement étranger tandis que sa mauvaise réputation est connue de tous sur le plan international ? Pourquoi s’attaquer aux branches mortes alors que la racine est pourrie ?

La solution idéale serait de dissoudre l’Assemblée nationale, une fois les célébrations du 12 mars achevées, et de permettre à la population de retourner aux urnes. Ce qui permettra au MSM de contracter un re-remake avec le MMM, cette possibilité n’étant pas écartée par le Mentor SAJ, sans qu’il y ait une alliance « l’imposte ». La population pourra ainsi élire un gouvernement qui respectera ses engagements et qui mènera le pays à bon port. C’est le souhait de la majorité du peuple à l’occasion du 50ème anniversaire de l’indépendance de notre pays.