De nouveau ciblé par le MSM : Navin Ramgoolam reste l’homme à abattre

 

Si même après les élections de 2019, l’homme à abattre semble être toujours Navin Ramgoolam, c’est parce que le MSM sait que, malgré toutes les critiques, justifiées ou pas, à son encontre, il demeure pour l’instant, le seul adversaire redoutable de Pravind Jugnauth. D’où les tentatives désespérées de le déstabiliser et le décrédibiliser politiquement. Notamment en se servant, encore et toujours, de la carte Nandanee Soornack, comme il se chuchote dans des milieux restreints au Sun Trust. Or, Navin Ramgoolam avait déjà payé le prix fort de son association avec cette femme d’affaires aux élections de 2014. Il s’est d’ailleurs déjà excusé publiquement. Cette affaire, même si elle lui reste quelque peu collée à la peau, ne devrait plus tenir debout aujourd’hui.

Il n’y avait d’ailleurs pas grand monde qui avait mordu à l’hameçon quand la fille de Nandanee Soornack, Jeshna, était subitement montée au créneau durant la dernière campagne électorale pour parler de violences domestiques à l’encontre de sa mère. Raison pour laquelle le MSM s’était alors résigné à se rabattre sur l’affaire ‘katori’ pour nuire à Navin Ramgoolam. Se sentant plus acculé que jamais après les récentes manifestations citoyennes, le MSM se sent maintenant dans l’obligation de passer à l’offensive. Notamment en déviant l’attention de la mauvaise gestion du gouvernement et en montrant qu’il est le principal parti politique qu’il y a de crédible. Mais aussi en présentant Pravind Jugnauth comme le seul Premier ministre sérieux et responsable.

Le MSM sait toutefois que ce n’est qu’en déboulonnant Navin Ramgoolam à la tête du PTr et en l’éliminant complètement de la scène politique qu’il parviendra à ses fins. Il semble donc avoir recours à la même formule que celle adoptée après les élections de 2014. Plus précisément en lui collant des procès et le montrer comme un jouisseur, dans une vaine tentative de faire oublier les scandales sous ce régime et surtout celui concernant l’achat d’un terrain de Rs 20 millions par Pravind Jugnauth et des ramifications politico-financières internationales.

C’est donc à travers des « révélations » sur la femme d’affaires, ainsi que sur un prétendu complot dans l’affaire SherryGate, que le parti soleil veut avoir la tête du leader du PTr. Ce qui devrait laisser, selon les stratèges du Sun Trust, le champ libre à Pravind Jugnauth pour régner en toute tranquillité. D’autant qu’une force occulte semble opérer dans l’ombre pour s’assurer qu’il ait le soutien hindou afin de dissiper le malaise actuel.

Quelle stratégie pour le PTr ?

Or, la question qui reste posée : l’état-major rouge se laissera-t-il piéger par le jeu infecte du MSM ? Une affaire impliquant le leader rouge pourrait avoir des répercussions sur le parti. C’est d’ailleurs un fait que le leadership de Navin Ramgoolam est contesté à l’intérieur même du parti. Jusqu’ici cependant, l’exécutif a soutenu ce dernier. Un autre complot à son encontre pourrait lui attirer plus de sympathies, tout comme certains pourraient en profiter pour réclamer son départ. Il lui faut ainsi calculer son prochain ‘move’ avec finesse.

Il n’y a aucun doute qu’un rajeunissement au sein du parti s’impose. Cela reflète aussi le souhait de l’électorat. On ne peut cependant passer le flambeau à quelqu’un sans d’abord préparer la relève. Le pays se trouve actuellement dans un contexte économique et social sans précédent, provoqué d’abord par la mauvaise gouvernance et exacerbée par la suite par le confinement et la fermeture des frontières suivant la Covid-19 et le désastre écologique causé par le naufrage du MV Wakashio.

Dans une telle situation, il ne serait guère souhaitable que ce soit quelqu’un qui n’ait pas d’expérience qui dirige le pays pour le sortir du marasme dans lequel il s’enfonce de plus en plus. Qui d’autre que Navin Ramgoolam peut prétendre pouvoir le faire, sachant qu’il faut un profil ethnique bien spécifique pour pouvoir accéder au ‘primeministership’, d’autant plus que le changement constitutionnel voulu ne semble pas être pour demain ? Mais encore faut-il qu’il rompe définitivement avec les pratiques du passé et regarde résolument vers l’avenir, tout en assurant la relève.

Il aura aujourd’hui une opportunité en or à Belle-Rive pour annoncer son plan pour la relance du parti. Car il y a un pressant besoin, suivant les marches citoyennes, d’envoyer un signal fort à la population pour la rassurer et la conforter. S’il le souhaite, Navin Ramgoolam peut conserver le leadership pour quelque temps encore, étant donné le contexte précité, mais en confiant plus de responsabilités, par exemple, aux élus parlementaires comme les Boolell, Ramphul, Mohamed ou Mahomed et en prenant soin de propulser davantage de jeunes et de femmes à l’avant-scène. Plus Navin Ramgoolam tardera à le faire, plus ce sera mauvais pour le PTr.

De plus, le PTr devra impérativement prendre des initiatives pour occuper le terrain dans les jours et les semaines qui viennent. Avec ou sans les deux autres partis de l’opposition parlementaire. Car l’heure n’est plus aux réunions entre leaders et états-majors, mais plutôt à l’action. Si le PTr ne descend pas sur le terrain, il laissera alors la place libre aux autres partis ou regroupements citoyens de grignoter son électorat, d’autant que le sentiment d’un changement radical du système est plus que jamais palpable. Cela s’applique aussi pour le MMM et le PMSD. Jusqu’ici, l’opposition a failli à démontrer qu’elle incarne ce changement et cette alternance souhaitée. Il faut maintenant passer de la parole à l’acte.

Quant à Navin Ramgoolam, il lui faudra prouver que la politique de RUPTURE qu’il préconise doit être mise en pratique dès maintenant. Qu’il soit dans le ton ou les discours, mais aussi le style de fonctionnement et de gestion. Il y va du reste de son avenir politique, mais aussi celui du PTr.