Dawood Rawat : « Il y a eu des articles qui sont totalement méchants, abominables, voire vicieux »

Entretien exclusif de Paris au téléphone hier

« Je n’ai jamais vu une telle haine contre ma famille »

De Paris, Dawood Rawat s’est entretenu avec nous, hier, au téléphone pour exprimer ses craintes quant aux menaces proférées contre ses filles à la suite de la conférence de presse de Roshi Bhadain. Il trouve que suite au démantèlement de son groupe, « il y a eu des articles qui sont totalement méchants, abominables, voire vicieux. Je n’ai jamais vu une telle haine contre ma famille ».

Au-delà de cette légitime inquiétude et les persécutions dont sont victimes ses enfants et lui, le Chairman Emeritus de la BAI maintient que tous les politiciens qui sont venus le voir pour chercher des faveurs ne sont jamais partis les mains vides, « mais ce qui m’embête, c’est qu’après cela, ces politiciens viennent dire qu’ils n’ont rien pris ou reçu ».

Zahirah Radha

 

Q : M. Rawat, on vous dit très inquiet, vous et votre épouse Ayesha, de la sécurité de vos enfants…

R : On est très concernés par ce qui se passe dans le pays. On a peur pour nos enfants suite aux menaces qu’ils reçoivent sur Facebook. On est vraiment très ‘worried’, pour ainsi dire.

 

Q : Justement, vous suivez, de Paris,  les différentes péripéties de l’affaire BAI, la dernière étant la conférence de presse du ministre Bhadain lors de laquelle il fait des menaces à peine voilées contre votre fille Laïna. Vos réactions ?

R : C’est tout à fait dans la même ligne de pensée du gouvernement depuis le début de cette affaire. Les politiciens et une partie de la presse essayent de se servir de cette affaire pour nous tomber dessus, nous persécuter et nous menacer. Bien entendu, cela nous afflige de voir tout ce qui se passe à Maurice.

 

Q : Il y a eu deux demandes d’injonctions de la part de vos filles, Laïna et Kerima, pour réclamer le gel du transfert des actifs de la défunte Bramer Bank à la ‘National Property Fund Ltd’ (NPFL). Pouvez-vous nous dire si vous avez également l’intention d’entreprendre cette même démarche ?

R : Ici à Paris, j’ai déjà saisi le tribunal d’arbitrage international pour réclamer justice. Je me concentre plutôt sur cet aspect de choses. Bien évidemment, je suis les actualités et je reste à l’écoute de ce qui se passe. Je suis certainement dégoûté par les manœuvres de certains, mais je laisse le soin du sort juridique de mes enfants entre les mains de leurs avocats. Je suis d’ailleurs persuadé qu’ils sont entre de bonnes mains.

 

Q : Où en êtes-vous avec cette action juridique que vous avez initiée au tribunal d’arbitrage international ?

R : En ce moment, on est toujours au stade de la nomination des juges et des arbitres. Le procès ne tardera pas à débuter.

 

Q : Vous avez affirmé dans un précédent entretien accordé à un confrère que les partis politiques vous ont réclamé des faveurs. Pouvez-vous nous le confirmer ?

R : Oui. Ils ont toujours réclamé des faveurs. Presque tous les chefs des partis politiques s’y sont mis. C’est un fait connu à Maurice et tout le monde est au courant de cet état de choses. On ne va pas offrir, de bon cœur, de l’argent aux politiques. Ils viennent eux-mêmes nous le réclamer. Je dois néanmoins préciser que ma famille n’a rien donné.  C’est à moi qu’ils faisaient leurs demandes. Je les recevais parce que j’ai toujours eu des bonnes manières et aussi je n’ai jamais refusé de rencontrer ceux qui voulaient s’entretenir avec moi, fussent-ils des politiciens, des employés ou autres. Mais ce qui m’embête, c’est qu’après cela, ces politiciens viennent dire qu’ils n’ont rien pris ou reçu.

 

Q : Vous vous dites persécuter par une grande partie de la presse. Vous aviez, paraît-il, déjà entamé des actions légales contre certains titres. Est-ce toujours d’actualité ?

R : Certainement. Il y a eu des articles qui sont totalement méchants, abominables, voire vicieux. Ils se sont carrément attaqués à ma famille et moi. Je n’ai jamais vu une telle haine, un tel acharnement contre ma famille et mes enfants. Les politiciens utilisent une certaine section de la presse pour faire passer leur opinion et leurs idées qui ne sont pas forcément vraies. Cela dit, j’aimerais faire ressortir que j’ai toujours payé mes clients et il n’y avait absolument aucune raison pour les trahir. Tout ce qui se dit, ce n’est que de la démagogie.

Je vous donne un exemple. Le précédent gouvernement avait mis beaucoup d’accent sur la création d’un ‘medical hub’ à Maurice. Mais personne ne s’était vraiment investi pour le réaliser. Quand on a lancé la clinique Apollo, au lieu de nous soutenir, la presse n’a fait que nous  attaquer pendant deux ans. Cela nous a pris du temps pour remonter la pente et propulser l’établissement vers le succès. Rien que pour le mois de mars 2015, les revenus se chiffraient à Rs 100 millions. On se dirigeait lentement, mais sûrement vers un ‘break-even’. Nous avions des solutions à tous les problèmes qu’ils disent que nous avions.

Nous avons énormément contribué au développement du pays. Cependant, on n’a jamais été compris parce que je suis issu d’une communauté qui n’est pas bien acceptée dans le pays.

 

Q : Les politiciens, surtout ceux de la majorité gouvernementale, vous ont-ils trahi ?

R : Et comment ! Quelques semaines avant que n’éclate cette affaire, j’avais rencontré sir Anerood Jugnauth et le Gouverneur de la Banque de Maurice. Mais ni l’un ni l’autre n’a évoqué un quelconque problème. Sir Anerood Jugnauth avait l’air un peu réservé, mais, par contre, le Gouverneur de la BoM était parfaitement à l’aise avec moi. Ils disaient qu’ils étaient mes amis. Mais s’ils l’étaient vraiment, ils auraient dû m’en parler. Je laisse le soin à la population de tirer ses propres conclusions.

 

Q : Un mot pour vos anciens employés ?

R : La majorité de nos employés nous ont été extrêmement fidèles. Je les remercie du fond du cœur. J’ai bâti ce groupe autour de toutes les communautés, sans discrimination aucune. J’ai toujours privilégié et reconnu les compétences et la méritocratie. Je ne les oublierai pas quand je serai de retour aux affaires.

 

Q : Vous êtes donc convaincu de gagner votre cas ?

R : J’ai confiance en la justice !