Covid-19 : Ni free ni safe : Resurgence des cas locaux

Quelques jours à peine, on pouvait encore dire que le pays était ‘covid safe’, mais des cas de contaminations locales apparentes ont survenu la semaine écoulée. La peur de la covid-19 se fait une fois de plus sentir, surtout avec les nouvelles variantes plus contagieuses et plus mortelles qui ont fait leur apparition dans quelques pays. Il convient une fois de plus de remettre à jour les gestes barrière, et de se faire vacciner au plus vite. Le point sur la situation.

 

Depuis le vendredi 5 mars, il y a eu une mobilisation majeure des officiers du ministère de la Santé après que dans la matinée, un homme d’une quarantaine d’années, travaillant dans une entreprise connue comme Surat à Wooton, Curepipe, a été testé positif au covid-19. Cette entreprise est spécialisée dans l’importation de fruits et de légumes. Suivant les protocoles établis, le ministère de la Santé a procédé à un exercice de ‘contact tracing’, et devait effectuer 300 tests PCR sur tous les employés travaillant dans cette entreprise.

À hier, six cas positifs avaient été révélés. Il s’agit tous des employés de Surat. Le ministre de la Santé, le Dr. Kailesh Jagutpal devait avancer une hypothèse : c’est peut-être en manipulant les fruits et les légumes venant de l’Afrique du Sud que ces employés ont été contaminés. Toutefois, selon l’épidémiologiste Deoraj Caussy, c’est une hypothèse qui ne tient pas la route. Ce dernier estime que c’est « farfelu » de venir dire que ces employés ont été contaminés par des fruits et des légumes. L’hypothèse de contamination à la covid-19 par des produits alimentaires existe, mais cela n’a pas été prouvé. Le Dr. Deoraj Caussy pense que l’hypothèse la plus valable dans ce cas précis est une contamination locale, c’est-à-dire par une personne déjà infectée. Il a tenu à préciser que si trois ou plus de cas ont été détectés, cela veut dire qu’il y a potentiellement plus de cas de covid-19 parmi la population.

Si l’hypothèse que les employés ont été contaminés par les produits alimentaires s’avère, il faut dans ce cas prendre toutes les précautions nécessaires, comme revoir l’importation des produits venant d’Afrique du Sud, pour ne pas mettre en danger les gens. Abordant ensuite la possibilité d’un deuxième confinement, l’épidémiologiste est d’avis que si les contaminations continuent de prendre une courbe exponentielle, il pourrait y avoir effectivement un deuxième confinement.

 

Y-a-t-il une lenteur dans la campagne de vaccination ?

Après réception des premiers vaccins AstraZeneca de l’Inde, la campagne de vaccination avait débuté depuis le 26 janvier dernier. Le gouvernement a pour objectif de faire vacciner au mois de juillet 2021, au moins 60 % de la population. Le Dr. Zouberr Joomaye avait signifié l’intention du gouvernement de procéder à 8 000 vaccinations par jour. Mais est-ce que cela a été le cas, vu que la campagne de la vaccination dure depuis un mois ?

Le Dr. Vasantrao Gujadhur estime que depuis un mois, il est peu probable que 8 000 vaccinations ont été réalisées, car ce sont uniquement les ‘frontliners’ et les personnes âgées qui étaient concernés. Mais en ouvrant la campagne de vaccination à toutes les personnes qui ont plus de 18 ans, il se dit confiant que 60 % de la population seront vaccinés d’ici juillet. Le Dr. Gujadhur fait aussi comprendre qu’avec un cas local qui a été enregistré le vendredi 5 mars, les gens vont vouloir se protéger, et en voyant les parlementaires qui se sont fait vacciner, ils voudront maintenant suivre l’exemple.

Le Dr. Gujadhur précise toutefois que les parlementaires auraient dû se faire vacciner depuis le début, ce qui aurait inspiré les Mauriciens à venir de l’avant pour faire le vaccin. Prenant en considération le pèlerinage vers Ganga Talao, le Dr. Gujadhur estime que durant la semaine à venir, le nombre de personnes qui vont faire le vaccin sera moindre, car une bonne partie de la population va se rendre au lac sacré à Grand-Bassin, ou vont assister à des séances de prière.

Le Dr. Gujadhur est d’avis que le vaccin AstraZeneca est efficace et que les gens doivent se faire vacciner, pour leur propre sécurité et pour celle de leurs proches. De ce fait, il y aura moins de transmission. Interrogé sur ce sujet, le Dr. Deoraj Caussy pense pour sa part qu’il y a quelque part une lenteur, mais qui est due, selon lui, à une certaine réticence des gens à se faire vacciner.

 

Les ministres se font vacciner après plus d’un mois

Le Premier ministre, le Président de la République, le Speaker et les ministres se sont fait vacciner le vendredi 5 mars. Le Premier ministre, face à la presse, devait faire comprendre que son gouvernement et lui-même ont pris la décision de vacciner les ‘frontliners’ en premier car ces derniers sont en contact direct avec les personnes qui viennent de l’étranger. Durant la semaine écoulée, depuis le lundi 1er mars plus précisément, ce sont les personnes âgées qui ont eu la priorité de se faire vacciner. Ce lundi 8 mars, la campagne de vaccination sera ouverte à tous ceux qui ont 18 ans ou plus.

 

Les gestes barrière à l’ordre du jour

Le ministre de la Santé, le Dr. Kailesh Jagutpal, devait mettre une fois de plus l’emphase ce vendredi 5 mars, que le vaccin mis à part, il est primordial que les Mauriciens continuent de mettre en pratique les gestes barrière, qu’on faisait après la levée du confinement. Le ministre Jagutpal demande ainsi à ce que les gens portent leurs masques, qu’ils utilisent régulièrement du gel hydroalcoolique, qu’ils continuent de maintenir la distanciation sociale, entre autres.

 

« Je me sentirai protégé à 100% après la deuxième dose »

Le travailleur social Danny Philippe, qui est souvent intervenu dans nos colonnes, et qui s’est fait vacciner le mardi 2 mars, nous raconte son expérience. Le travailleur social nous dit qu’il garde en esprit la réouverture des frontières, ce qui a motivé sa décision de se faire vacciner. « Si les frontières sont rouvertes, moi et ma famille serons protégés », comme il nous l’explique. Il a des proches dans les pays européens, mais ces derniers ne vont pas venir de sitôt à Maurice. « Cela a été une raison de plus de se faire vacciner, si jamais ces proches veulent venir à Maurice », raisonne-t-il.

Cependant, il ne se sent pas tout à fait en sécurité, car il n’a pas encore fait la deuxième dose. « Ce n’est qu’après que je vais me sentir rassuré à 100 % », nous confie-t-il. Il revient sur la journée du 2 mars, à la Mediclinic de Floréal, où il s’était fait vacciner. Un médecin avait fait un brief, notamment sur ceux qui peuvent faire le vaccin ou pas. Par la suite, des infirmiers devaient procéder aux autres protocoles, avant de passer à l’étape de la vaccination proprement dite.

Après le vaccin, les patients sont débriefés par un médecin qui leur explique qu’en cas d’effets secondaires graves, ils doivent se rendre dans un hôpital. À noter qu’il y a aussi une ‘hotline’ que les vaccinés peuvent appeler. En ce qui concerne les effets secondaires après le vaccin, Danny Philippe raconte qu’au début, il avait ressenti des courbatures pendant au moins deux jours. Il avait donc suivi le conseil du médecin qui avait dit aux vaccinés qu’il faut prendre du ‘Panadol’ chaque six heures. Si les effets secondaires deviennent plus graves (c’est-à-dire au-delà des courbatures et de la fièvre), les vaccinés doivent se rendre à l’hôpital le plus proche.

Pour les gens qui sont indécis s’ils veulent faire le vaccin ou pas, ce père de famille tient à les conseiller de se faire vacciner, car c’est le seul moyen de faire rouler le pays durant le « new normal » à venir.

 

Six cas confirmés à 20h hier soir

« La situation est très grave », selon le ministre Jagutpal

En l’espace d’un jour, soit de vendredi à samedi, six cas locaux de Covid-19 ont été enregistrés. Le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a qualifié la situation de « très grave ». Une série de mesures ont été annoncées, dont la fermeture de l’aéroport. Dès les premières heures en ce dimanche 7 mars, plus aucun passager n’est autorisé sur le sol mauricien. Les vols vers Rodrigues ont également été suspendus. Ces mesures seront applicables pendant une semaine, en attendant l’évolution de la situation.

 

  • La vaccination se fait dans les cinq hôpitaux régionaux de l’île, de 9 h à 15 h 30, du lundi au samedi.