Coups de gueule

Il le dit, redit et le répète sans cesse. Il sera sans pitié envers les barons de drogue. Sauf qu’en réalité, la volonté que Pravind Jugnauth affiche pour venir à bout de ce fléau meurtrier ne se traduit pas de façon concrète. La preuve, s’il en faut une autre, est tout juste sous nos nez. Un détenu du Vacoas Detention Centre, soit Kusraj Lutchigadoo, soupçonné d’être à la tête d’un important réseau d’importation et de distribution de drogues, s’est permis le luxe de passer une nuit entière en dehors de sa cellule afin de faire la fête en compagnie de ses proches. Rencontre avec une VVIP, fabrication d’alibis et manipulation des preuves auraient également été à l’agenda de cette folle nuit festive. Un scénario digne d’un film bollywoodien, quoi ! Hélas, cette affaire n’augure rien de bon pour notre pays. La réalité, aussi triste soit-elle, c’est que Maurice se transforme, petit à petit, en une république bananière. Où la mafia s’impose de plus en plus, et ce avec la complicité de certains policiers non moins mafieux. Des policiers qui, pour une dizaine de milliers de roupies, acceptent de vendre leurs âmes au diable. Sans qu’ils ne soient pris de remords. Et sans qu’ils ne soient sanctionnés, mis à part leurs transferts qui ne sont nullement punitifs, jusqu’ici. C’est donc “business as usual” pour ces officiers détraqués. Écœurant! 

N’est-ce pas le chef du gouvernement lui-même qui avait pourtant lancé un avertissement aux brebis galeuses de la force policière la semaine dernière? Celles-ci ne l’ont pas entendu, semble-t-il. Son manque d’autorité sur la police n’a rien d’étonnant puisque ce n’est pas le Premier ministre qui s’occupe de cette institution, mais c’est son Mentor de père qui en a la responsabilité. Et celui-là, comme vous le savez sans doute, il s’en “pisse” carrément de ce qui se passe à Maurice ! Finalement, en dépit des coups de gueule du père et du fils, le pays est voué aux gémonies. Surtout quand on a un pantin à la tête de la force policière. Une marionnette qui n’arrive pas à contrôler ses propres troupes pourra-t-elle mettre de l’ordre dans le pays tout en assurant la sécurité de la population ? La pilule est dure à avaler. Indigeste même. Dans de telles conditions, les deux priorités de ce gouvernement, soit le redressement du ‘law and order‘ et le combat contre la drogue, ne se matérialiseront guère, la volonté, du côté des Casernes centrales surtout, n’y étant pas vraiment.

La faute n’est pas forcément celle de Pravind Jugnauth. Sa détermination et sa résolution doivent être accouplées d’actions concrètes et efficaces. Hélas, il y a à la tête de nos institutions, un manque cruel de personnes compétentes pouvant mettre en pratique ce que prêche le Premier ministre. Les pots cassés cependant, c’est ce dernier lui-même qui en paiera…