Comportement agressif des collégiens

Est-ce qu’on les tolère trop ?

La violence entre collégiens est devenue un problème sérieux et dangereux, qui dépeint une société à la dérive. La plupart du temps, la rivalité entre des ‘gangs’ d’adolescents serait la cause de ces  bagarres récurrentes, et de nos jours, on assiste à un déferlement de violence psychologique, physique et verbale. En effet, certains étudiants ont recours à la violence pour prouver leur ténacité ou pour faire régner leur loi ou pour dominer par la peur, en se mettant dans la peau de chefs de gang.

Selon un psychologue que nous avons consulté, le comportement indésirable des élèves, les insultes, les injures, le manque de respect, les agressions physiques, peuvent éventuellement conduire vers la délinquance juvénile.

Quand les collégiens donnent du fil à retordre aux forces de l’ordre

Malgré les innombrables campagnes de sensibilisation et de prévention, le déploiement des officiers de police pour maintenir l’ordre en dehors des écoles, surtout sur les gares, la situation ne cesse de s’empirer.

Pas plus tard que la semaine écoulée, deux cas d’agression ont été enregistrés. Après la diffusion de deux vidéos sur les réseaux sociaux, les collégiens subissent de vives critiques.

La première vidéo montre une violente bagarre entre étudiants à l’arrêt d’autobus de Cité-La-Cure, survenu le 13 février, où un jeune adolescent a été pris à partie par trois filles. Le collégien a été roué de coups de poing. Il a dû consigner une déposition au poste de police d’Abercrombie en présence de sa mère.

L’autre cas d’agression a eu lieu mercredi à la gare du Nord. Trois policiers essayaient de rappeler a l’ordre les étudiants qui utilisait un langage injurieux. Mécontents par les commentaires des policiers, une vive dispute s’est déclenchée, nécessitant l’intervention des autres unités de la police. Un policier a été légèrement blessé lors de cet incident. Quatre suspects, tous des mineurs, ont été arrêtés et traduits devant le tribunal de Port-Louis, inculpés sous une charge provisoire de « rebellion ».

Les parents de ces collégiens parlent eux de brutalité policière. « Lapolis pa gagn drwa batte ban zanfan kumsa, surtou ban tifi », s’insurge une mère, qui souhaite déposer plainte aux Casernes centrales pour brutalité policière.

Beaucoup d’enseignants ne se sentent plus en sécurité

L’ampleur de la situation est devenue tel que face à l’incivilité et au manque de discipline dans les classes, certains enseignants éprouvent des difficultés à enseigner. « J’ai été enfermée dans une salle de classe par un élève. Je l’avais réprimandé car il proférait des injures durant les cours. L’élève se montrait vraiment agressif et faisait des commentaires indécents à mon égard. Il semait la trouble à chaque fois dans ma classe et j’ai dû le rapporter au bureau du recteur. J’ai dû changer de classe et laisser un autre prof prendre la relève », nous confie une enseignante.

« Tout a débuté lorsque les étudiants ont commencé à s’adonner à la cigarette, à l’alcool et maintenant à la drogue. Ce cycle permet la tentation d’avoir recours à la violence, voire à commettre des délits », soutient Ravi*, un enseignant dans un collège d’état.

 

 

Les causes de la violence chez les collégiens

Un psychologue que nous avons sollicité nous explique les causes de la violence chez les étudiants. Quatre causes doivent retenir notre attention :

  • La non-intégration des principes du droit dans les pratiques éducatives. Ici, les élèves et les parents, mais aussi les enseignants et la direction de l’établissement scolaire ne sont pas au courant des droits de l’adolescent ou de ses obligations ou font fi carrément de ces principes. La zone de non-droit qui se dégage est propice pour les mauvais comportements de tout genre.
  • La tolérance des parents. Certains parents sont trop tolérants ou permissifs en ce qu’il s’agit de leur progéniture. Ils suivent la tendance et veulent être des parents « branchés » ou « cools », au détriment de leurs enfants. D’autres ont peur de l’arsenal juridique visant à protéger les enfants contre les abus.
  • Les châtiments corporels. Si la plupart des psychologues sont contre la réintroduction des punitions corporelles à l’école, il faudrait néanmoins une discipline plus sévère que ce qui existe actuellement. Encore faut-il que ces mesures soient appliquées et ne restent pas lettre morte.
  • Les facteurs familiaux et environnementaux. Les jeunes subissent plusieurs influences néfastes qui ont une incidence directe sur leur comportement, telles que drogue, alcool, une famille en proie au déchirement, une mauvaise fréquentation, le ‘peer pressure’

 

Un rasoir saisi sur un étudiant

Depuis l’incident à la gare du Nord, la police fait preuve d’une meilleure vigilance sur les gares pour éviter tout dérapage. Vendredi 15 janvier, lors d’un exercice de surveillance à la gare du Nord, un rasoir a été saisi du cartable d’un adolescent. Il a été conduit au poste de police de Trou Fanfaron pour expliquer la provenance de cet objet tranchant.