Compensation salariale : Une mesure qui passe mal pour de nombreux employeurs

La compensation salariale, qui prendra effet à partir de janvier 2021 est enfin connue : Rs 375. Notons que pour cette année-ci, le taux d’inflation est à 2,7 %. Toutefois, les associations des consommateurs et les syndicalistes plaident pour que cette mesure soit accompagnée par un contrôle sur les prix. De leur côté, les employeurs, notamment les PME, font grise mine, surtout qu’ils auront à débourser le boni de fin d’année.

 

Le secrétaire-général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), Jayen Chellum réclame qu’il y ait un contrôle sur les prix. « Ce n’est pas juste une question de compensation salariale », avance Jayen Chellum. « C’est l’autre rôle important du gouvernement. Il est impératif qu’il y ait un contrôle sur les prix d’un certain nombre de produits », explique le secrétaire général de l’ACIM.

Jayen Chellum indique que le National Price Consultative Council (NPCC) avait été mis sur pied pour surveiller et empêcher les augmentations exagérées des prix. Or, selon ses dires, ce conseil n’aurait tenu aucune réunion pendant au moins deux mois.

La syndicaliste Jane Ragoo de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP) dit que le gouvernement a fait au moins un effort pour que les travailleurs reçoivent une compensation salariale de Rs 375.

Pour elle, cette mesure doit être accompagnée par deux choses : primo, le contrôle des prix sur les denrées de base. Secundo, le ministère du Travail doit étendre l’échéance qui ne permet pas aux patrons de licencier les travailleurs jusqu’au 31 décembre. Jane Ragoo demande à ce que cette date soit étendue pour les six prochains mois.

Pour sa part, le président de la Fédération des PME, Amar Deerpalsingh, affirme que les difficultés économiques sont toujours présentes pour les PME. Pendant le long laps de temps que ces PME n’ont pu travailler, elles ont accumulé les dépenses.

Pour Amar Deerpalsingh, malgré le fait que le couvre-feu sanitaire ait pris fin, les opérations des PME ont repris lentement. Les PME sont ainsi fragilisées par l’absence d’aide financière, notamment par les institutions financières, qui exigent toujours des garanties etc. « Tout ceci s’avère quand même assez compliqué pour les PME », déplore-t-il.

Avec le boni de fin d’année qui se pointe par-dessus le marché, Amar Deerpalsingh nous dit qu’il y a une inquiétude chez les PME. Selon lui,  le ‘end-of-year bonus’ représente un deuxième salaire pour les PME. « Quand on n’a pas travaillé pendant trois mois et que le niveau de vos opérations a été réduit, cela devient compliqué », réitère-il. Il souligne qu’il y a pas mal de PME qui n’ont pas les ressources financières nécessaires pour honorer cet engagement légal et demandent que le gouvernement leur fournit une assistance.

 

Ajay Jhurry, de l’Association des opérateurs du tourisme, déplore que l’industrie du tourisme n’ait pas démarré. De ce fait, ce sera difficile pour de nombreux employeurs de débourser cet argent, alors qu’ils dépendent  toujours du ‘Wage Assistance Scheme’ pour pouvoir payer les employés. Selon lui, c’est un autre « coup de balle à la tête ». « Cela  prendra  un minimum de six mois pour la réouverture complète des frontières. C’est à partir de  six mois, voire plus, peut-être en 2022, qu’on pourra voir les choses clairement. »