Choquantes révélations!

Les vingt noms de Kistnah

C’est une vaste opération dans laquelle se sont lancés les enquêteurs de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) depuis mercredi dernier. Cela après avoir mis la main sur un document qu’ils ont surnommé ‘carnet la boutique’. Plusieurs politiciens et hommes de loi seraient concernés.Le nom d’un ancien directeur d’une institution importante du pays y figure, ainsi que la belle-fille d’un ancien ministre.

Ce document contient de précieuses informations. Il ne saurait tarder à livrer ses secrets dans les jours à venir. Ce document de plusieurs pages aurait été saisi par les officiers de la commission anti-corruption lors d’une récente descente chez un suspect. Il contient des noms des personnes qui seraient impliquées dans le trafic de drogue et le blanchiment d’argent. Du côté de l’ICAC, c’est bouche cousue sur le mystérieux ‘carnet la boutique’, bien qu’ils aient fait une comparaison au carnet de Gérard Tyack dans l’affaire de la caisse noire d’Air Mauritius.

Du côté du quartier général de l’ICAC, on affirme que les suspects ne tarderont pas à défiler devant la justice suite aux révélations du ‘carnet la boutique’. Mais avant, les enquêteurs préfèrent réunir toutes les preuves nécessaires avant de convoquer les personnes concernées par cette affaire. « On préfère avoir un minimum de preuves contre une personne avant de la convoquer ou de procéder à son arrestation », nous explique un des plus anciens enquêteurs à avoir travaillé au sein de la commission anti-corruption.

Le ‘carnet la boutique’ en question serait en possession des enquêteurs depuis plus d’une semaine. Ces derniers ont préféré étudier minutieusement le document avant de prendre des décisions. On nous confirme que ce document concerne directement l’importation de 155 kilos d’héroïne.

 

Accusation provisoire de blanchiment d’argent contre Shahebzada Azaree

Après trois jours d’interrogatoire, le suspect Shahebzada Azaree, plus connu sous le sobriquet de Dade, a été provisoirement inculpé devant le tribunal de Port-Louis sous une accusation provisoire de Money Laundering et a dû s’acquitter d’une somme de Rs 50 000 comme caution et signer une reconnaissance de dette de Rs 500 000. L’ICAC lui reproche de n’avoir pu donner des explications sur une somme de Rs 225 000 qu’il aurait misée dans un casino du pays.

Mais cette affaire ne s’arrêtera pas ici, expliquent des sources proches de l’ICAC. Cela n’est qu’un des volets de l’enquête et le patron du Gloria Fast Food devra s’expliquer sur plusieurs autres anomalies relevées durant son interrogatoire de trois jours. L’une concerne le paiement de la Value-Added Tax (VAT) par la compagnie qui gère Gloria Fast Food. Les chiffres avancés par le comptable de Shahebzada Azaree et celui-ci sont complètement différents, selon nos sources.

D’autres anomalies ont été relevées par les enquêteurs, notamment sur les dépenses et les recettes déclarées par le patron de Gloria Fast Food, situé à la rue SSR à Port-Louis (anciennement rue Desforges). Les enquêteurs affirment que les dépenses mirobolantes de Shahebzada Azaree sont excessives, quand ils ont pris connaissance de ses revenus. Ses fréquents voyages ont été également passés au crible par les enquêteurs de l’ICAC lors de son interrogatoire de trois jours.

Avec force, Shahebzada Azaree a nié être un trafiquant de drogue. Cependant, il a confirmé aux enquêteurs qu’il connaît très bien Navind Kistnah, le suspect principal dans l’importation de 155 kilos de drogue. Cela parce qu’ils partagent la même passion pour les courses hippiques. Mais Shahebzada Azaree affirme n’être pas au secret des transactions financières de Navind Kistnah.

 

  • Outre Shahebzada Azaree, son épouse intéresse également les limiers de l’ICAC. Elle ne tardera pas à recevoir sa convocation très prochainement pour s’expliquer devant les hommes de Navin Bheekarry. Elle devra s’expliquer sur son train de vie quotidien, surtout sur ses habits.

 

Deux proches de Peeroomal Veeren arrêtées

Parallèlement, vendredi matin, l’ICAC a procédé à l’arrestation de deux femmes qui seraient très proches du trafiquant de drogue Peeroomal Veeren.  L’une, Christelle Bibi est gérante d’un magasin à Curepipe. Ce sont ses fréquentes visites à la prison où est incarcéré Peeroomal Veeren, qui ont alerté les enquêteurs. Après vérification, les enquêteurs sont tombés des nues en constatant que son chiffre d’affaires de cette dernière s’élevait à environ Rs 1,6 million mensuellement, alors que le commerce ne s’ouvre qu’une fois la semaine. Sa cousine, une dénommée Marie-Anette Gooljaury, a été également arrêtée, pour n’avoir pu s’expliquer sur une somme de Rs 100,000 retrouvée en sa possession à Mahébourg, ainsi que des bijoux estimés à environ Rs 700 000.

 

20 noms balancés par Navind Kistnah

Vingt. C’est le nombre de noms balancés jusqu’ici par Navind Kistnah lors de son interrogatoire par les enquêteurs de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) depuis samedi dernier, à son arrivée à Maurice. L’interrogatoire de cet habitant de Montée S a débuté le lendemain de son arrivée. Il a été interrogé de 7 h à 18 h et aurait transmis pas mal d’informations sensibles aux limiers.

Pour l’heure, seul Imthiaz Baccus, un habitant de Coromandel, a été arrêté et inculpé. Ce dernier nie toute implication dans cette affaire de drogue. Des développements majeurs sont attendus, selon l’ADSU.

 

Le frère de Navind Kistnah : « Li ti ène grand gambler mais pas ène trafiquant ! »

  • Un proche de la famille démis de ses fonctions

L’un des frères de Navind Kistnah, le principal suspect dans la saisie record d’héroïne, a déposé une plainte au poste de police de la Tour-Koenig, vendredi 21 avril, contre deux personnes qui recherchaient leur domicile familial, pour des raisons inconnues.

Le frère du suspect nous affirme que si Navind commence à balancer des noms aux enquêteurs de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU), sa famille pourrait se retrouver en danger. Désormais les Kistnah vivent dans la peur et craignent pour leur sécurité. Navind Kistnah aurait déjà donné quelques vingt noms aux limiers.

Notre interlocuteur nous explique que son frère Navind serait un grand « gambler » et non un trafiquant de drogue. Il misait gros aux courses hippiques, selon lui. « Rs 5 000 mo per pou zoué, mais mo frère pa hésite pou zoué Rs 100 000, si gagné, gagné, si perdi, perdi », a-t-il expliqué.

Il confirme que Navind aurait fait la connaissance du patron de Gloria Fast Food, Shahebzada Azaree, au casino. Il précise toutefois que son frère n’avait que le plaisir des jeux du hasard mais aucun rapport avec une quelconque importation de drogue. Selon lui, son frère n’est qu’une victime. « Mo grand frère li même nou le bras droit dans lakaz », a-t-il dit.

Cette affaire a pris une autre tournure car les répercussions commencent à se faire sentir. Un proche de la famille aurait déjà perdu son emploi après que des noms aient été cités dans les médias, explique le frère de Navind Kistnah.

Soulignons que les officiers de l’ADSU et ceux de l’ICAC ont mené pas moins de trois fouilles au domicile de la famille Kistnah. Lors de la troisième fouille, l’ICAC aurait saisi des effets personnels, tels que des bijoux, un iPad et un téléphone portable.

 

Guerre de paternité entre l’ADSU et l’ICAC…

Navind Kistnah poursuit son statement à l’ADSU. Il aurait jusqu’ici balancé les noms d’une vingtaine de personnes qui seraient impliquées dans cette affaire. La belle-fille d’un ancien Senior Minister, le beau-frère d’un parlementaire et le fils d’un célèbre homme de loi se retrouveraient ainsi dans le collimateur des enquêteurs. Des avocats et des hommes d’affaires seraient également dans leur viseur. Leur tâche s’avère toutefois ardue. Depuis que Navind Kistnah a décidé de collaborer avec les autorités, certains, à l’instar de cet avocat proche du pouvoir dont le nom a récemment été évoqué dans la presse, auraient déjà filé à l’anglaise, prétextant une convalescence.

Par ailleurs, depuis les saisies record de drogue dans le port, les différentes autorités se bousculent au portillon pour revendiquer la paternité de ces prouesses. Après la guerre ouverte entre la douane et l’ADSU sur les saisies de drogue, il y aurait maintenant un duel à distance entre l’ICAC et l’ADSU. Le manque de coordination entre ces deux instances est vivement décrié. Alors qu’elles auraient dû travailler en étroite collaboration, leur objectif étant le même, elles préféreraient travailler en solo. Pire, elles se regarderaient même en chiens de faïence. Navind Kistnah ayant commencé son grand déballage aux enquêteurs de l’ADSU, les limiers de l’ICAC, ne voulant pas être mis sur la touche, se seraient ainsi empressés pour convoquer et éventuellement inculper Shahebzada Azaree, patron de Gloria Fast Food se trouvant à la rue Desforges. Selon nos renseignements, celui-ci n’aurait pas été impliqué par Navind Kistnah. « Que se passera-t-il si l’ADSU décide d’arrêter elle aussi Azaree ? Ferait-il face à deux procès sous la même charge ? » se demande-t-on dans les milieux concernés. Une coordination entre ces différentes instances est ainsi souhaitée afin que l’enquête puisse se dérouler dans les meilleures conditions possibles.