Calvaire des travailleurs étrangers : Le ras-le-bol pour plusieurs employés malgaches

 

C’est depuis leur arrivée à Maurice en juillet 2019, que le calvaire de 64 Malgaches a débuté. Employés par la compagnie Aluminium Hitech Co. Ltd de Goodlands, ces Malgaches, dès leur arrivée, ont été informés par des cadres de la direction de la compagnie que les clauses de leurs contrats ne seront pas appliquées. Ces contrats ont été juste une formalité administrative pour leur recrutement et qu’ils devraient se conformer aux directives de la compagnie.

Les Malgaches, dès le début, ont été contraints de travailler 12 heures par jour, avec un jour de repos tous les 15 jours. Les employés expliquent qu’aucune base salariale n’a été précisée, et aucun paiement pour les heures supplémentaires n’est effectué. Ils ajoutent aussi qu’ils n’ont reçu aucune fiche de paie.

Le loyer et les frais de nourriture des travailleurs devraient être normalement à la charge de la compagnie, mais cette dernière déduit tous ces frais du salaire des employés. Par ailleurs, de nombreux travailleurs ont subi des actes de violence et de menaces de la part de l’un des cadres de la compagnie, et des superviseurs.

En novembre de l’année dernière, ne pouvant plus subir ce traitement, les Malgaches ont saisi la division de l’inspectorat du ministère du Travail responsable des travailleurs étrangers. Une descente a été faite par les inspecteurs mais aucune véritable suite n’a été apportée aux revendications des Malgaches.

Les travailleurs ont décidé une nouvelle fois de faire part de leur souffrance. Le 23 avril 2020, les 64 Malgaches ont déposé une lettre de doléances auprès de l’Ambassade malgache dénonçant leur situation au sein de la compagnie Aluminium Hitech Co. Ltd.

Suite à cette initiative, des conseillers de l’ambassade ont effectué une descente au dortoir des employés à Goodlands le 24 avril 2020. Après un état des lieux, les conseillers ont constaté que la situation des travailleurs est en violation des règlementations en vigueur à Maurice. Mais malgré l’intervention de l’ambassade, les responsables de la compagnie font toujours la sourde oreille.

Maurice faisant face à l’épidémie de covid-19, le gouvernement a mis en place un plan de soutien financier pour le secteur privé, par lequel le gouvernement prendra en charge le salaire des travailleurs et ce, pour que chaque travailleur au sein des compagnies puisse toucher pleinement son salaire pour les mois de mars et d’avril. Néanmoins, les travailleurs de l’Aluminium Hitech Co. Ltd. n’ont reçu qu’un salaire équivalent à 19 jours de travail, au motif qu’ils ne payaient aucun impôt.

Depuis mai 2020, les travailleurs sont en rupture de vivres. Selon nos informations, le mardi 28 juillet, ils ont tenu une manifestation devant les locaux de la compagnie, mais sans aucun résultat.

Hors-Texte

Le patron d’Aluminium Hitech Co. Ltd : « Les fauteurs de troubles seront déportés »

Nous sommes entrés en contact avec l’un des directeurs de la compagnie, Rishi Deoraj, qui nous fait entendre un autre son de cloche.  Selon lui, quand il avait emmené les employés à Maurice, ils ne voulaient pas que la compagnie déduise la contribution pour le National Pension Fund (NPF), et ce serait la raison pour laquelle il a eu des difficultés pour faire les démarches auprès de la MRA, mais il a pu rectifier les erreurs. Selon lui, le ministère a indiqué que les Malgaches vont recevoir leur paie mais pas de sitôt.

De son côté, vu qu’il vient de lancer le business avec son partenaire, il a des soucis de financement. Il avait quand même proposé aux employés qu’il va leur payer Rs 5 000 pour chaque mois, soit pour deux mois, mais ces derniers auraient refusé. Les Malgaches, selon lui, ont préféré attendre le paiement de la part du ministère et ils ont même par la suite refusé de travailler.

Rishi Deoraj nous explique que quand il était parti pour Madagascar pour leur parler, il les avait informés que comme ils n’ont pas d’expérience, ils vont recevoir une formation de 6 mois, où ils seront payés une somme différente de la base salariale. La compagnie allait même leur fournir de la nourriture pour les 6 mois de formation. Les Malgaches étaient d’accord mais quelque temps après leur arrivée à Maurice, ils ont commencé à réclamer la somme précisée sur leur contrat. Rishi Deoraj dit s’être soumis à leurs caprices mais ne les donnait plus de la nourriture, car selon leur contrat, la compagnie ne devait pas leur en fournir.

Il raconte que vendredi dernier alors qu’il s’est rendu au ministère du Travail, six travailleurs malgaches ont pénétré dans son bureau pour voler le livre de présence. Après les avoir dénoncés à la police, l’un d’eux a avoué leur forfait.

En ce moment, il n’y que 7 Malgaches qui travaillent pour la compagnie, alors qu’en temps normal, il étaient 64. Les autres suivent les directives des six autres Malgaches, qui seraient les meneurs. Il dit que les six vont être bientôt déportés tandis que pour les autres, s’ils veulent travailler, ils peuvent rester.

 

Neevedita Nundowah