Cabinet ministériel maintes fois recomposé

En trois ans et demi au pouvoir

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Le gouvernement des Jugnauths, père et fils, est-il « mofine » ? Depuis son accession au pouvoir, le cabinet ministériel de la défunte Alliance Lepep a connu maints changements. Cette semaine, la liste de ministres a été remise à jour pour la neuvième fois ! Les nombreux scandales, le changement du primeministership ou encore la démission des membres du PMSD du gouvernement sont autant de raisons qui ont contraint les deux Premier ministres, soit sir Anerood Jugnauth et Pravind Jugnauth, à recomposer leurs cabinets respectifs. Alors qu’un des derniers ministres à avoir prêté serment en novembre 2017, en l’occurrence Roubina Jadoo-Jaunboccus, a été contrainte à la démission la semaine dernière, Sunday Times s’attarde sur les personnages clés de la défunte Alliance Lepep qui ont marqué, d’une façon ou d’une autre, la recomposition des divers cabinets ministériels.

Zahirah RADHA

Sir Anerood Jugnauth

De « sauveur » à « pisseur » 

Il avait délaissé le confort douillet de la State House pour venir à la rescousse du petit peuple, tel un Messiah. Et la population lui a fait confiance en l’élisant comme Premier ministre. Mais les événements devaient toutefois démontrer que ce n’est pas les intérêts du pays qu’il avait à cœur, mais bien ceux de son fils. D’où sa démission du poste suprême en janvier 2017 pour le céder à Pravind Jugnauth alors que ce dernier n’était pas mandaté par la population pour diriger le pays. Une décision qui a indigné celle-ci. Mais SAJ, lui, s’en « pisse » carrément. Ce dernier est ainsi passé de chef du gouvernement au no 3. Un ministère spécial a même créé pour l’accommoder, soit celui du Mentor. Et pour donner l’impression qu’il « means business », le dossier du ‘law and order’ lui a été confié bien qu’il désapprouve très souvent le fonctionnement de la police.

Pravind Jugnauth

Ascension fulgurante malgré son illégitimité premierministérielle

Il n’occupait que la sixième place dans la hiérarchie gouvernementale en décembre 2014. Reconnu coupable de conflits d’intérêts dans l’affaire Medpoint, Pravind Jugnauth a dû démissionner comme ministre des TICs en juin 2015 pour siéger comme simple backbencher à l’Assemblée nationale. Blanchi un an plus tard, soit le 25 mai 2016 et ce après avoir fait appel, le leader du MSM a fait un retour fracassant au sein du cabinet ministériel en tant que ministre des Finances le lendemain même du jugement. Sept mois après, soit en janvier 2017, il s’est vu confier les rênes du gouvernement par nul autre que son père. Il devint ainsi le cinquième Premier ministre de Maurice, mais aussi le premier à n’avoir pas été plébiscité par le peuple pour occuper ce poste.

Xavier Duval

Ancien allié devenu farouche opposant

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Il est passé du statut de Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme à celui de leader de l’Opposition. Un changement qui est intervenu en décembre 2016 après que le PMSD ait claqué la porte du gouvernement avec en toile de fond le ‘Prosecution Commission Bill’. Depuis, le leader du PMSD est devenu un des plus farouches opposants du gouvernement, oubliant même quelques fois qu’il a été partisan de certaines décisions du régime gouvernemental dans le passé.

Showkutally Soodhun

Loyauté et patriotisme avant tout

Showkutally-Soodhun

La chute a été lourde pour ce fidèle serviteur (pour ne pas dire esclave !) des Jugnauths. Après avoir tenu des propos menaçants à l’encontre du leader de l’Opposition, Xavier Duval, Showkutally Soodhun a été contraint, bien malgré lui, à délaisser son manteau de vice-Premier ministre et ministre du Logement et des terres. Maladroit et accumulant gaffes sur gaffes,  le député du no. 15, en tant que « vrai patriote », n’hésite cependant jamais à venir à la rescousse du pays à chaque fois que le besoin se fait sentir, quitte à renoncer à un poste d’ambassadeur itinérant pour le compte du gouvernement saoudien avec, comme rémunération, un pactole de Rs 17 millions mensuellement.

Ivan Collendavelloo

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La chance lui a souri. Le leader du Muvman Liberater (ML) a été propulsé, en l’espace de deux ans, comme le no 2 du gouvernement, passant de vice-Premier ministre à celui de Deputy Prime Minister. Les membres de son parti ont grandement contribué à secouer le gouvernement, notamment avec l’affaire Sumputh ou encore celle d’Alvaro Sobrinho. Sans compter les frasques et les coups de gueule d’Anil Gayan ou de Ravi Rutnah. Mais lui, il ne s’en préoccupe pas, il suffit qu’il leur regarde droit dans les yeux pour établir leur innocence.

Vishnu Lutchmeenaraidoo

Magicien sans pouvoir

Le magicien a perdu de sa superbe. Il était pressenti pour créer un deuxième miracle économique. Mais il devait très vite être relevé de ses fonctions ministérielles aux Finances. Et ce dans le sillage de l’affaire Euroloan. Muté aux Affaires étrangères en mars 2016, Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a pas retrouvé son fauteuil de Grand Argentier même quand il a obtenu un non-lieu un an plus tard. Du coup, plus personne n’évoque le deuxième miracle économique tant promis par la défunte Alliance Lepep aux dernières élections générales !

Ravi Yerrigadoo

« Joyeux Noël et bonne année » 

Il avait la responsabilité de mener à bien la vendetta politique du présent régime contre l’ancien gouvernement. Mais le karma l’a frappé de plein fouet. Et il s’est retrouvé empêtré dans le Yerrigadoogate en septembre 2017. Soutenant dans un premier temps qu’il n’y avait aucune raison pour qu’il démissionne en tant qu’Attorney General, il a dû ravaler ses propos le lendemain, ayant été sommé par le Premier ministre de rendre son tablier. Il a notamment marqué les esprits en pleurant sur les ondes d’une radio privée quand son accusateur initial, Hussein Abdool Rahim, a retourné sa veste. Il peut désormais se consacrer pleinement à laver son honneur. On ne peut que lui souhaiter « joyeux Noël et bonne année ».

Roshi Bhadain

L’arroseur arrosé

Surnommé Inspecteur Gadget, Roshi Bhadain était considéré comme l’un des ministres les plus virulents du premier cabinet ministériel du gouvernement. Méfié tant par l’opposition que ceux se trouvant dans son propre camp, à l’instar de Vishnu Lutchmeenaraidoo, il était aussi celui qui avait joué un rôle de premier plan dans le démantèlement du groupe BAI. Il devait toutefois recevoir une gifle magistrale quand son projet Heritage City fut mis au frigo. Ne pouvant digérer cet affront, d’autant qu’il n’ait pas été propulsé comme ministre des Finances comme il le souhaitait, Roshi Bhadain devait démissionner comme ministre en janvier 2017. Une décision qu’il annonça sur sa page Facebook au moment même où Pravind Jugnauth prêtait serment comme Premier ministre. Non satisfait de ce coup d’éclat, il devait, six mois plus tard, soumettre sa démission comme député au no 18 avec en toile de fond le projet Metro Express. Le leader du Reform Party a toutefois mordu la poussière aux élections partielles qui se sont ensuivies à Belle-Rose/ Quatre-Bornes en décembre 2017.

Fazila Jeewa-Daureeawoo

Promotion inattendue

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Elle a grimpé dans la hiérarchie gouvernementale en peu de temps. Une promotion qu’elle n’attendait certainement pas à avoir. Discrète et sans histoire, Fazila Jeewa-Daureeawoo a été la première femme à être propulsée comme vice-Première ministre à Maurice. Une promotion qu’elle doit sans doute à Showkutally Soodhun, celui-ci ayant été forcé à la démission. Sa loyauté envers le MSM, de même que son appartenance ethnique, ont également joué en sa faveur. Elle a été vu confier de nouvelles responsabilités ministérielles la semaine dernière suite à la démission de Roubina Jadoo-Jaunboccus.

Raj Dayal

Les ailes coupées

raj dayal 

Il avait des ambitions surdimensionnées. Et il était aussi perçu comme étant une menace pour le primeministership de Pravind Jugnauth. Raison pour laquelle SAJ n’a pas hésité une seule seconde avant de le sanctionner dans le sillage de l’affaire ‘Bal Kouler’, soit le premier scandale à avoir secoué le gouvernement Lepep en mars 2016. De ministre « touche-à-touche », il occupe, depuis, un rôle très effacé à l’assemblée nationale. Il s’est récemment fait de nouveau parler de lui après qu’il ait bénéficié d’une compensation de Rs 15 millions du gouvernement.

Sudhir Sesungkur

Unfit’ pour être ministre

Il fait souvent la Une de l’actualité. Cela en raison de ses propres frasques, mais aussi celles de son fils ou de son bodyguard. Pas moins de cinq cas ont été rapportés contre le ministre lui-même à ce jour. Une révélation faite par nul autre que le Premier ministre à l’Assemblée nationale, mardi. Sudhir Sesungkur fait actuellement l’objet d’une enquête policière pour avoir giflé un caméraman lors d’un mariage. Ce qui fait dire à ses détracteurs qu’il est ‘unfit’ pour être ministre. Si la guillotine n’a pas encore été appliquée contre le ministre de la Bonne gouvernance jusqu’ici, c’est peut-être parce que Pravind Jugnauth ne veut pas fragiliser davantage son gouvernement. Le Premier ministre attendra donc les conclusions de l’enquête avant de décider de son sort.

Roubina Jadoo-Jaunboccus

Ministre de courte durée

Elle a été la dernière de ce gouvernement à prêter serment comme ministre. Bien qu’elle ait été déjà mise en cause par la commission Lam Shang Leen, Pravind Jugnauth l’a ménagée, voire soutirée, en lui confiant un poste ministériel, sachant très bien que les conclusions pourraient être ‘damning’ contre elle. Sa démission n’était donc qu’un scénario prévisible. Elle n’aura finalement occupé ce poste ministériel que pendant une durée de huit mois.