Ça sent l’arnaque !

Les quêtes publiques…

Victimes d’incendie ou souffrant de maladies à être traitées à l’extérieur, les Mauriciens sont autorisés à faire des quêtes publiques. Munis des documents officiels émanant des casernes centrales, ils sillonnent les rues de la capitale pour collecter de l’argent. Mais des arnaqueurs en profitent pour berner les bons samaritains. Pour obtenir l’autorisation de la police il y a toute une procédure. En cas d’incendie, la victime doit être l’unique propriétaire de la maison, sans oublier qu’elle doit posséder un casier propre. Pour détourner cet obstacle, les arnaqueurs ont vite trouvé une astuce: découper l’estampille de la police pour ensuite la recoller sur un autre papier. Les donateurs tombent facilement dans le panneau. Gare à l’arnaque!

Sharone Samy

Marie France* (prénom modifié) est veuve et vit seule avec ses deux filles. Cela fera bientôt 2 ans depuis que sa maison a été ravagée dans un incendie à Cité Roche-Bois. Depuis peu, elle s’est installée chez l’une de ses sœurs jusqu’à ce qu’elle puisse avoir un autre toit. En effet, la construction de sa maison se concrétise, mais hélas, le manque d’argent se fait sentir. Après des démarches administratives, la police lui a remis une Victim Support Form pour une quête publique. Chaque jour, descente à Port-Louis, dans les bus et au marché pour obtenir des sous, afin de terminer la construction de sa maison.

“ Tous les jours, mo fer samem travay, mo bizin aranz mo lakaz, mo ena 2 tifi ek mo veuve, li pas facil, ena jour moi ki vini ena zour mo bane tifi. Mo bizin fini mo lakaz, mo pas pou kapav rest kot fami toultemps,” nous raconte cette dernière. Son papier en règle avec la loi, passe sans problèmes, les gens l’aident du mieux qu’ils peuvent. Cependant Marie France nous relate que certaines personnes malhonnêtes se sont procuré l’autorisation écrite alors qu’elles ne sont pas des victimes. “ Ena enn misier, li rentre dans bis, so zenfan ena cancer, depi 3 ans li enkor pe passer mem, ceki pli grave, kan get so papier, li fausse, line coupe sa stamp la ek colle li lors enn papier A4, lor ki li racont so probleme ek aide li,” dit cette dernière, remontée.

En effet les arnaqueurs ont trouvé cette astuce pour berner les gens. Raj, un receveur d’autobus, vit ce scenario tous les jours, “ tous les gramatins zot vini, bonzour misier madam enn ti aide mo zenfan ena cancer aide li, zot bizin ena papier, sinon nu pas laisse zot mem rentre dans bis, zot embete dimoune ek jouer lor l’emotion…parfois zot pas dan problem, zot zouer, droguer ou mem fer sa akoz li enn travay facile,” dit-il.

Ce genre de situation pose problèmes à ceux qui sont vraiment dans le besoin, Sheryl que nous rencontrons plus au loin est assise tout près du marché central avec sa petite boîte. Sa petite fille est atteinte d’une tumeur, elle est à deux doigts d’atteindre son objectif, mais hélas avec des‘vautours’ autour, elle n’y arrive pas, “ moi mo imbecile moi, mo rod papier, mo fer demars, mo asize dans soleil, dimoune nepli fer ou konfians akoz sa bane malhonet la, akoz zot nu gagn problem ar la police…li pas juste,” dit-elle très remontée face à cette situation.

La police met en garde contre ce genre de mauvaise pratique, une personne qui découpe l’estampille à des fins malveillantes, est immédiatement accusée de fraude. Les citoyens honnêtes sont appelés à coopérer avec la police en dénonçant les arnaqueurs. Cependant, certains préfèrent se taire pour ne pas “gagn lamerdma”.  La plupart de ces personnes sont fichées à la police. Elles sont connues pour vols et autres délits, cependant il n’y a pas de véritable contrôle. C’est ce qu’une source nous confirme, “ sa formulaire la ena sa par centaines, pou fer enn suivi li bien difficil, ena ceki ine fini ramasse somme ki ti bizin ek retourn formulaire, mais ena ki nek jeter, lezot dimoune prend ramasser ek fer fraude, public osi bizin responsable,” nous dit-il.

En attendant que la police fasse son travail, les fraudeurs affluent les rues.