Burkini: Une grave atteinte aux libertés fondamentales

Deux des nombreux dirigeants politiques français, Manuel Valls, le Premier ministre, et Nicolas Sarkozy, ancien président de la République et qui aspire à une nouvelle investiture aux prochaines présidentielles, ont pris une véritable douche froide, vendredi, lorsque trois juges du Conseil d’État, tribunal administratif suprême, se sont prononcés contre l’arrêté « anti-burkini » de la mairie de Villeneuve-Loubet, commune de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur dans le Sud-est de la France.

Ce sont la Ligue des droits de l’homme (LDH) et le Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) qui avaient saisi la justice contre l’interdiction du burkini, perçue comme un scandale et une indignation internationale. Une trentaine de communes sur le littoral français avaient adopté cet arrêté pour interdire aux baigneurs de porter des vêtements religieux aux plages. Pour les trois juges de la plus haute juridiction française, « l’arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle. » La mairie de Villeneuve-Loubet avait, pour sa part, estimé que le port de ces tenues de bain très couvrantes était « de nature à porter atteinte aux convictions ou l’absence de convictions religieuses des autres usagers de la plage » et « être ressenti comme une défiance ou une provocation exacerbant les tensions ressenties par la population ».

Scandale national et indignation internationale exacerbée, cette affaire de port du burkini n’a pas manqué de créer quelques cafouillages comme à Nice où une femme, encadrée par des forces de l’ordre, avait été contrainte d’ôter son voile. À Cannes, une Toulousaine, mère de famille, a été verbalisée, le 16 août dernier, par la police municipale pour avoir porté « un legging, une tunique et un simple voile pour couvrir ses cheveux ». Pour le Premier ministre Manuel Valls, le burkini est « un symbole d’asservissement de la femme » alors que Nicolas Sarkozy trouve en ces vêtements décents conçus par une professionnelle de la mode en Australie « une provocation ». Depuis vendredi, ces soi-disant défenseurs des valeurs de la République française ont dû sans doute revoir leur copie et leur notion de liberté. Car trois juges trouvant que cet arrêté litigieux qui a indigné le monde porte « une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales » n’est pas moins qu’une gifle magistrale.