Braderie de Courts : Des biens immobiliers estimés à Rs 600 millions vendus à Rs 180 millions

  • Ils sont ensuite réévalués à … Rs 605 millions peu après leur acquisition par Mammouth
  • Qui en a profité alors que les investisseurs attendent toujours d’être remboursés ?

Y a-t-il eu un plan prémédité, voire machiavélique pour sous-évaluer volontairement les compagnies du conglomérat BAI avant de les liquider à certains privilégiés au détriment des clients, des souscripteurs d’assurances et des investisseurs du groupe ? Les combines utilisées par certains nous poussent à croire que tel a été effectivement le cas, comme clamé par l’ex-chairman Emeritus de BAI lui-même. Des documents se trouvant en notre possession révèlent ainsi au grand jour la ruse employée par certains pour solder la compagnie Courts, dont la « vente » a été finalisée en septembre 2015.

Il convient de souligner qu’un rapport d’évaluation, en date du 31 décembre 2011 et réalisé par le « Chartered Valuation Surveyors » britannique Tinkler & Ramlackhan, avait estimé les biens de Courts à Rs 600 millions. Or, tout de suite après sa nomination comme ‘special administrator’, soit en septembre 2015, Yacoob Ramtoola, de la firme BDO, devait sceller la vente de Courts à David Isaacs. Le montant de cette vente ? Rs 360 millions, incluant les bâtiments, les stocks et les « hire purchase books » (HP Books). Or, la valeur de ceux-ci était respectivement de l’ordre de Rs 600 millions pour les bâtiments mais bazardés à Rs 180 millions, Rs 225 millions pour les stocks mais vendus à Rs 20 millions et finalement Rs 1, 4 milliard pour les HP Books mais bradés à Rs 90 millions. Au profit de qui ?

L’acte notarié rédigé par Kavy Ramano le 23 décembre 2015 atteste la vente des biens immobiliers de Courts (ndlr : référé comme Iframac Ltd en raison d’une amalgamation) d’abord à la compagnie « National Property Fund Ltd » (NPFL), suivi tout de suite après (ndlr : à la même date) par un deuxième acte de vente, également rédigé par Kavydass Ramano, entre la NPFL et Mammouth (Mauritius) Ltd, finalisant ainsi la vente des biens immobiliers à Rs 180 millions, dorénavant connu comme Courts Mammouth. L’administrateur spécial Yacoob Ramtoola de BDO, censé protéger les intérêts des clients de la compagnie, a-t-il failli à ses responsabilités en ne veillant pas à ce que les biens de Courts soient vendus à leur valeur réelle, pénalisant ainsi ces milliers de victimes qui attendent toujours d’être remboursées ?

Que faut-il déduire de ce « vol à main armée », comme dénoncé par Dawood Rawat dans sa récente vidéo mise en ligne cette semaine ? Il y a définitivement anguille sous roche…

Autre fait révélateur à plus d’un titre, la direction de Courts Mammouth a cru bon, peu après son acquisition, de réévaluer les biens immobiliers de la compagnie, acquis à Rs 180 millions,  à … Rs 605 millions !  Ce qui est d’ailleurs vérifiable sur le site du « Registrar of Companies », et comme l’atteste les numéros correspondant se trouvant sur les actes notariés rédigés par Kavy Ramano, soit le TV201512/003531 et le TC201512/003531 (voir ci-contre).

Les principaux concernés devraient peut-être nous expliquer comment des biens acquis à Rs 180 millions aient pu passer à Rs 605 millions trois mois seulement après son entrée en opération. S’agit-il d’un « miracle économique » ou y a-t-il eu une tentative délibérée de sous-évaluer les biens de Courts ? Seule une commission d’enquête pourra nous le révéler. Les victimes de cette braderie commise par l’État demeurent les clients et les investisseurs du groupe BAI qui continuent de lutter pour que justice leur soit rendue.