Boomerang

« Instituer une commission d’enquête sur la drogue afin d’en finir avec la mafia ». C’était l’une des priorités de ce gouvernement. Chose promise, chose due. Sauf que les Jugnauths, père et fils, ne se doutaient probablement pas, au moment de l’institution de cette commission d’enquête, que la mafia se trouvait dans leur propre camp. Pas un, pas deux, mais trois membres du MSM ont été blâmés par la commission Lam Shang Leen. Des conclusions accablantes qui ont fait trembler l’hôtel du gouvernement. Au point où le Premier ministre a dû trancher dans le vif en se débarrassant, illico presto, des Roubina Jadoo-Jaunboccus et Sanjeev Teeluckdharry, devenus indésirables du jour au lendemain. Il y allait après tout de la propre crédibilité de Pravind Jugnauth. Puisqu’il savait sans doute qu’il serait jugé sur ses actions. Mais aussi dans une ultime tentative de sauver la face.

Le rapport Lam Shang Leen révèle, dans les moult détails, comment ces trois membres du MSM se sont frottés avec des barons de la drogue. Visites non-sollicitées à la prison, appels téléphoniques aux détenus, jouer aux intermédiaires pour transférer de l’argent entre trafiquants, les conclusions sont tout bonnement révoltantes. Il faut être vraiment doué pour pouvoir faire campagne contre le trafic de drogue alors qu’on est impliqué jusqu’à la moelle avec des marchands de la mort. C’est l’exploit réalisé par le trio Jadoo-Jaunboccus-Teeluckdharry-Gulbul durant la campagne électorale de 2014. Pire, l’argent provenant de la drogue a même été utilisé pour financer la campagne d’au moins un des candidats de ce gouvernement, soit celle de Raouf Gulbul. C’est d’ailleurs écrit noir sur blanc dans le rapport Lam Shang Leen. C’est en somme une claque en pleine figure qu’a reçue Pravind Jugnauth.

Ce dernier aura beau réitérer son engagement de combattre la drogue, la vérité ne changera pas. Son parti et son gouvernement sont infestés de complices des trafiquants. Tout comme la campagne électorale du MSM pue l’argent sale. Pravind Jugnauth ne pourra jamais se défaire de cette tache béante. Il aurait peut-être pu se racheter aux yeux de la population s’il avait tout simplement botté les Jadoo-Jaunboccus et Teeluckdharry hors de l’hémicycle. Mais il ne l’a pas fait. Car une telle démarche aurait fragilisé davantage son gouvernement. Il a choisi la voie facile en laissant ces déshonorables membres s’agripper à leurs fauteuils de députés. Il a d’abord servi ses propres intérêts au lieu de s’atteler véritablement à combattre la mafia de la drogue. Le rapport Lam Shang Leen s’est finalement retourné contre lui tel un boomerang. Et Pravind Jugnauth se retrouve entaché. Peut-être à tout jamais.