Begum Mangalkhan : «Fer mwa gayn mo lakaze avan mo mort »

Sur son lit d’hôpital

  • Les promesses que les autorités lui ont faites six mois de cela tombées oubliettes 

Amputée et malvoyante, cette dame avait défrayé la chronique il y a quelques mois pendant la période du Ramadan.  Begum Mangalkhan avait même reçu la visite de plusieurs hauts dirigeants politiques, dont la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim.  Mais depuis, elle a sombré dans l’oubli, mais Sunday Times veut relancer son cas pour qu’elle puisse obtenir ce qu’on lui avait promis.

 

Cela faisait trop longtemps qu’on n’avait pas eu de ses nouvelles et on pensait qu’elle avait obtenu ce qu’on lui avait promis il y a six mois. Lorsque nous nous sommes intéressés à avoir de ses nouvelles dans le voisinage, nous avons appris que Begum Mangalkhan est actuellement admise à l’hôpital de Poudre d’Or pour de graves complications pulmonaires depuis maintenant une bonne quinzaine de jours.  Nous nous sommes alors rendus à l’hôpital pour lui rendre visite et son état nous laisse sans-voix. Begum Mangalkhan a complétement perdu la vue.  Lorsque nous sommes arrivés, les infirmières s’occupaient d’elle.

 

«Zot ine blié mwa »

Les introductions faites, Begum, nous dit en un mot ce qui s’est passé après la visite de la Présidente. « Rien ! » Cette réponse nous choque. Begum est tombée dans l’oubli, six mois sont passés depuis la visite de la présidente, et Begum occupait toujours avant son hospitalisation sa petite demeure en tôle à la rue La Paix, à Port-Louis. Pourtant la dame nous dira que les autorités lui avaient promis un logement décent vu sa condition physique. «Kan banela ti vine get moi, zot ti promett pou donn moi ène bon lakaze pou ki mo capave vivre ek mo garçon ! Mais zot ine blié moi. Dépi sa zour là péna personne kine vine get moi », nous dit Begum les larmes aux yeux.  

 

Sa maison cause sa maladie

Begum avait déjà perdu une jambe et la vue, mais le fait de rester dans des conditions que nous savons avec très peu d’hygiène a fini par causer une infection des poumons. Cela aurait certainement pu être évité si les autorités avaient tenu leurs promesses, hélas. «A force mo ress dan la poussière ek sa banne saletés ki éna cot moi là, mone fini par tombe malade. Mais tousala ti capave pas arrivé si mo ti gagne mo lakaze. » 

 

«Mo envi mo garson korek avan mo mort »

Begum n’a qu’une préoccupation : le sort de son fils, Annas, 12 ans.  Pendant l’hospitalisation de sa mère, le garçon de 12 ans habite chez une des tantes de Begum à la rue Trichnapoly, à Port-Louis, mais la mère s’inquiète. «Annas encore bien jeune, li pé ress cot mo kala, mais pou combien le temps li pou fer sa ? Mo malade mo pas bien, mone ziss envi ki gouvernement aide moi donn moi mo lakaze avan ki mo ferme mo lizié omoins mo pou conné ki mo garçon éna ène coin pou li capave grandi et faire so l’avenir mo capave alle repose moi trankil. » Le témoignage de cette dame est poignant et nous brise le coeur.