Autoglorification de Pravind Jugnauth financée de nos poches

Subitement réveillé de sa torpeur, l’‘Economic Development Board’ (EDB) se lance dans une campagne promotionnelle en faveur de … Pravind Jugnauth ! D’abord, l’organisme censé attirer les investisseurs à Maurice a cru bon de faire appel au vloggeur Nuseir Yassin, connu pour ses vidéos qu’il opère sous le nom de Nas Daily, pour vanter les éloges de Maurice et le présenter comme « Covid-free ». La vidéo, qui a coûté une petite fortune, plaît certainement à nos yeux. Mais elle est truffée d’inexactitudes et ne vise qu’à encenser le chef du gouvernement. Point barre.

Idem pour la couverture promotionnelle, payée encore une fois des deniers de l’État, du magazine « The Economist » qui n’a pour but que de glorifier Pravind Jugnauth et réconforter ses propres ministres et leur armada de conseillers, de nominés et d’agents politiques. Tout comme la vidéo de Nas Daily, le « promotional cover wrap » de ce magazine, que des petits aboyeurs du gouvernement se plaisent à censurer pour faire croire que les prétendus exploits de Pravind Jugnauth intéressent vraiment la rédaction de « The Economist », ne servira à rien pour attirer les investisseurs. D’autant que le nombre limité de ces couvertures promotionnelles ne serait destiné que pour les lecteurs mauriciens.

Ces exercices de relations publiques dans lesquels s’est honteusement lancé l’EDB pour promouvoir l’image de Pravind Jugnauth et de son gouvernement montrent jusqu’où ces décideurs politiques peuvent aller pour s’autoglorifier. En jetant insoucieusement l’argent de la trésorerie publique par la fenêtre. L’EDB a un rôle déterminant à jouer pour redonner confiance aux investisseurs après l’inclusion de Maurice sur la liste noire de l’Union Européenne. Ce n’est pas en se ridiculisant de la sorte qu’il parviendra à ses fins.

Le point de départ pour relancer les investissements devrait être le débloquement des demandes des nombreux investisseurs qui sont en suspens, après des exercices de ‘due diligence’ efficaces, pour qu’ils aient leurs permis d’opérer. La solution demeure aussi, tout le monde le sait désormais, dans une lutte efficace contre la corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Seul le gouvernement ne l’a pas encore compris. Que devront penser la FATF ou l’UE quand elles apprennent que l’ICAC, soit l’organisme qui combat la fraude et la corruption, a elle-même violé son ‘tender committee’ concernant l’octroi d’un contrat pour la rénovation du bureau de son directeur? Que diront-ils du scandale Wirecard AG où, contre toute attente, Maurice est concerné ? On ne cite là que des nouveaux scandales qui ont été révélés cette semaine et non pas les autres qu’on connaît déjà, dont l’affaire Saint-Louis qui continue à défrayer les chroniques.

Le gouvernement nous enlise, de jour en jour, dans un trou d’où il nous sera de plus en plus difficile de sortir. Il peut prétendre être blanc comme neige, mais contrairement à nos organismes publics et privés qui se plaisent à courber devant les dirigeants du jour, les institutions internationales ne sont pas dupes. Elles voient et comprennent tout ce qui se passe chez nous. Et elles agiront sans doute en conséquence. Comme elles le font déjà. C’est la population qui continuera à souffrir.