Augmentation du prix des aliments de base : Le mal de tête des consommateurs

 

Ceux qui font souvent les courses ont sans doute ressenti qu’ils ont dû dépenser un peu plus pour avoir tous leurs produits. Vous n’avez rien acheté en plus mais c’est seulement les prix de quelques aliments de base qui ont connu une hausse, et cela à partir de la semaine écoulée.

Ce n’est vraiment pas évident de devoir subir une hausse dans les prix des produits de base alors que beaucoup ont perdu leur boulot ou bien ont connu une baisse dans leur salaire. Comment vont-ils faire pour joindre les deux bouts ? Il convient aussi de voir du côté des commerçants comment cela se passe.

Si les grandes surfaces ne sont pas tellement inquiets, comme nous le confie le gérant d’une d’elles, tel n’est pas le cas pour les petits commerçants, comme ce boutiquier qui opère à Curepipe.

Selon ce jeune commerçant, il y a déjà eu une différence après la covid-19 sur la vente des produits : les gens achètent moins et avec ces nouveau prix, les gens ne vont plus rien acheter ! Il se dit contraint de continuer de faire son travail malgré sa vente qui periclite de plus en plus. Il a dû commencer la vente de légumes pour pouvoir survivre.

Surekha est une mère de famille qui travaille comme aide-soignante. Elle nous confie qu’elle  ne sait plus quoi faire. Elle a deux enfants, un fils de 17 ans et une fille de 12 ans. Les produits de base qui ont connu cette augmentation sont les produits qu’elle avait l’habitude d’acheter tous les mois. « Déjà, on paye le loyer. Ma paie et celle de mon mari ne sont pas suffisantes. Chaque jour qui passe, les prix sont en train de monter », explique-t-elle.

Les causes de cette augmentation

 Pour Suttyadeo Tengur, de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), il y a différents facteurs qui ont poussé à cette augmentation.

D’abord, il y a eu la dépréciation de la roupie. Ensuite, il y a les produits qui ont déjà connu une hausse dans leur pays d’origine. « Il est important de rappeler que Maurice est un pays importateur et est loin d’etre autosuffisante », souligne-t-il. De ce fait, on doit payer nos commodités plus cher. Pour attenuer ce problème, les autorités auraient dû donner une compensation à tous les salariés, explique-t-il.

De son côté, Jayen Chellum, de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), explique que c’est la dépréciation de la roupie qui affecte beaucoup les prix des produits sur le marché mauricien. Jayen Chellum explique que dans le dernier ‘Household Budget Survey’, plus de 20 % de la population, avec les revenus les plus bas, vont dépenser environ 40 % de leur revenu, ce qui fait que cette augmentation va affecter les foyers dans cette categorie. « Cela va bloquer les gens pour l’achat des commodités de base », met-il en garde.

Nous entrons dans un contexte extrêmement difficile pour la population, selon lui. « Je me pose la question, comment nous allons faire face à ces problèmes dans les mois à venir et l’année prochaine ? », dit-il.

Il note qu’il y a un gros problème en ce qui concerne l’idéologie de « market economy ». Ses adeptes pensent qu’à cause de la compétition, les prix vont baisser, ce qui n’est pas applicable tout le temps.

Jayen Chellum est aussi d’avis que les secteurs privés se positionnent en lobby avec le gouvernement. Il explique que dans un quelconque ministère, les ministres auront des proches qui travaillent dans le secteur privé pour la vente des produits, et de ce fait, les ministres protègeront leurs proches, et ces protégés ne prennent pas en considération le contrôle des prix.

 

Neevedita Nundowah