Audit 2016-2017 : Quand les fonds publics riment avec gaspillages…

 

Bonne gouvernance, dites-vous ? Le rapport de l’Audit, publié cette semaine,  nous démontre encore une fois comment les fonds publics ont été gérés par l’État. Nous revenons sur quelques-uns de ces faits…

Construction de drains à Péreybère

Rs 10, 3 millions dans canal !

La construction de drains à la rue Pyndiah à Péreybère était censée résoudre les problèmes de stagnation d’eau dans cette localité. Or, selon le rapport de l’audit, les drains n’ont servi à rien puisque les accumulations d’eaux persistent toujours. Pire, le problème s’est même aggravé en période de grosses pluies. C’est donc Rs 10, 3 millions qui ont été jetés … dans les drains ! La National Development Unit (NDU) se défend toutefois en arguant que ce problème persiste car les drains se trouvent à la même hauteur que le niveau de la mer. Sans commentaires !

Northern District Headquarters

Rs 22, 7 millions volatilisés

Personne ne sait où sont passées ces Rs 22, 7 millions. Pourtant, cela s’est passé au Northern District Headquarters où des officiers de police assurent le service. Certes, suite à une enquête, un policier a été suspendu de ses fonctions. L’argent, cependant, est toujours introuvable. Dans son rapport de 2015-2016, l’Audit avait souligné qu’il n’y avait aucune preuve qu’un montant de Rs 33, 4 millions représentant des paiements divers (passport fees, permis de jeux, certificat de moralité, etc) avait été déposé à la banque. À la suite de cette observation, une somme de Rs 10, 7 millions a été recouvrée par la force policière. Il reste toujours un trou de Rs 22, 7 millions. En dépit du fait que le CP ait été informé en 2015, aucune action concrète n’a été prise jusqu’ici. Ce dernier devra aussi s’intéresser à ces Rs 8, 1 millions représentant quelque 3 504 reçus délivrés au nom de la force policière mais qui n’ont jamais été notés dans le ‘Cash Book’.

Prison

Système de sécurité défaillant

L’Eastern High Security Prison (EHSP) est censée être  une prison de haute sécurité. Or, son système de sécurité est très mal-en-point. 73 caméras de surveillance, incluant 33 Pan Tilt Zoom (PTZ), n’étaient pas opérationnelles de juillet 2016 à avril 2017. À septembre 2017, une douzaine de caméras étaient toujours hors service. Pire, 32 des 33 DVRs n’ont enregistré aucune image durant quatre mois, soit de novembre 2016 à févier 2017. Ce qui rend perplexe, c’est qu’une somme de Rs 5, 2 millions des Rs 23, 7 millions réclamées par le contracteur a déjà été déboursée alors que les réparations et l’entretien des 544 caméras de surveillance, 84 moniteurs, deux tableaux vidéos et 188 émetteurs optiques se font toujours attendre.

Rs 17, 4 millions payées pour des bureaux inutilisés

Un autre exemple criant de mauvaise gouvernance. Une somme de Rs 17, 4 millions a été déboursée, à juin 2017, pour la location des bureaux inutilisés s’étalant sur trois étages de la SICOM Tower. Le rapport condamne ce gaspillage et pointe le ministère des Finances du doigt. « No value for money has been obtained for such expenditure. MoFED, being responsible for payment of monthly rental, should ensure that judicious use is being made of rented office space and proper allocation be made to Government bodies in need of office space ».

Alors qu’ils sont en situation irrégulière

Rs 4, 1 millions déboursées en faveur de 13 conseillers

Leurs contrats ont expiré en novembre et décembre 2016. Neuf mois plus tard, le ministère des Sports n’avait toujours pas enclenché les procédures pour renouveler les contrats de ces 13 conseillers/ coach. Entretemps, et ce en dépit de leur situation irrégulière, ces derniers ont continué à jouir des privilèges rattachés à leurs postes, incluant leurs salaires, allocations de transport et passage benefits, entre autres. Interpellé par le bureau de l’Audit, le ministère de tutelle s’est expliqué en disant qu’il n’était pas satisfait avec leur mode de recrutement et qu’il était à la recherche d’un mode d’emploi alternatif pour eux.

Avec l’introduction du Nine-Year Schooling

Des livres valant Rs 7, 2 millions inutilisables

Ces livres, au nombre de 153 000 et valant Rs 7, 2 millions, étaient destinés pour les élèves de l’école primaire. Mais ils sont devenus obsolètes avec l’introduction du Nine-Year Schooling et ne pourront plus être utilisés. Le rapport déplore qu’un nombre excessif de certains titres, dépassant largement le buffer de 5%, ait été publié.

Médicaments périmés et contrefaits

Rs 8 millions parties en fumée

Ces médicaments valant Rs 8 millions devaient être utilisés pour guérir les patients. Mais ils auraient pu leur être fatals ! En effet, ces médicaments (voir tableau) étaient soit contrefaits ou impropres à la consommation et ont dû être retirés de la circulation. Dû au non-respect des procédures, les chances que le ministère récupère cette somme est très minime.

Médicaments Montant déboursé (Rs)
Paracetamol 2 534 265
Mucosol Cough Syrup 3 727 080
Methyl Prednisolone    898 289
Amoxycillin    863 000

 

Un centre inexistant qui nous coûte Rs 600 000

Le board du Mauritian Cultural Centre Trust a été dissous en 2015 et n’a pas été reconstitué depuis. Or, une somme de Rs 600 000 est déboursée annuellement en faveur de cet organisme afin de payer les salaires de deux employés permanents du centre dormant. Une pratique qui frise l’illégalité.

Heritage City

Le projet mort-né a englouti Rs 55 millions

Ce projet qui était si cher à Roshi Bhadain et qui n’a jamais abouti a englouti Rs 55 millions des fonds publics. Bien qu’il ait été enterré en octobre 2016, le Heritage City Company n’avait pas été dissoute à décembre 2017, soit plus qu’une année plus tard. Qui plus est, aucune décision n’a été prise concernant des réclamations en suspens de l’ordre de Rs 2, 1 millions reçues en mars 2017 de la part de deux service providers.

Barachois alloués sans aucune expression d’intérêt

En août 2017, six barachois ont été alloués à des promoteurs en vue de promouvoir l’aquaculture. Le coût de ces projets s’élève à quelque Rs 128 millions. Cependant, il n’y a eu point d’expression d’intérêt avant l’allocation de ces six barachois. On se souviendra que l’époux de la PPS Sandhya Boygah, Yashodar Boygah, se trouve parmi ces six promoteurs.