Assemblée nationale : Le Children’s Bill débattu

L’Assemblée nationale a continué ses travaux ce jeudi 3 décembre, avec les débats sur le Children’s Bill, le Children’s Court Bill et le Child Sex Offender Register Bill. Plusieurs députés du gouvernement et de l’Opposition sont intervenus pour s’exprimer leur satisfaction ou leur crainte sur ces projets de loi.

Ehsan Juman (PTr)

 « Si on ne revoit pas le fonctionnement des institutions chargées de protéger les enfants, rien ne changera »

« Il y avait déjà des lois qui étaient censées protéger les enfants mais c’est leur mise en application, couplée à plusieurs manquements, qui pose problème. On aura beau avoir de  « Children’s Bill », mais si on ne revoit pas notre système, à commencer par le fonctionnement de la CDU, rien ne changera », devait déclarer le député Ehsan Juman.

Ce dernier a pris en exemple le cas de Farida Jeewoth, 10 ans, qui avait été tuée par sa propre mère et le compagnon de cette dernière en avril dernier. Le député Juman souligne que la petite fille était souvent victime de violences physiques et d’abus sexuels, et que les autorités étaient au courant de son cas. « Si elle était suivie par la CDU, comment a-t-elle été retrouvée morte ? », se demande-t-il, avant de demander si l’État mauricien n’a pas une part de responsabilité dans la mort de la petite fille. Une question à laquelle il répond ‘oui’.

Il est ensuite venu sur le cas d’Ayaan, 2 ans, qui a été battu par le compagnon de sa mère en novembre dernier. « Un enfant de 2 ans arrive à l’hôpital avec un traumatisme à l’épaule. On leur demande de revenir le lendemain pour des examens approfondis mais on ne pose aucune question comment cet incident a eu lieu », fustige le député.

Le député a aussi souligné qu’il n’y a rien en ce qui concerne les grossesses précoces ainsi que le concubinage dans ce projet de loi. Selon lui, les avortements illégaux constituent toujours une triste réalité. Il insiste que le concubinage soit rendu illégal pour les moins de 18 ans. Le député dit avoir l’impression que la ministre de l’Égalité des genres s’est concentrée uniquement sur l’âge du mariage.

Joanna Bérenger (MMM)

« Choquée par la section 19 »

La députée Joanna Bérenger (MMM) devait exprimer son grand étonnement après avoir pris connaissance de la section 19(3)(b). Selon elle, cette section va à l’encontre de l’esprit du Children’s Bill. (NdlR : Cette section dit qu’il n’y a pas d’attentat  à la pudeur si un enfant entre 12 et 18 ans donne son consentement.)

« Un enfant ne peut certainement pas consentir à un tel acte. Un enfant de 12 ans n’a pas la maturité nécessaire pour cela », devait dénoncer Joanna Bérenger.

Abordant la protection des enfants, Joanna Bérenger indique que c’est une bonne chose que le projet de loi responsabilise les personnes qui sont au courant d’un cas de maltraitance. « Certaines personnes ne veulent pas dénoncer, par manque de courage, ou pensent à tort qu’un enfant ne peut pas être victime de ses parents », devait expliquer la députée.

Elle souligne qu’il est aussi important de sensibiliser les enfants quant à leurs droits. Selon elle, les droits des enfants ne sont pas définis dans ce projet de loi. « L’article 27 de la Convention internationale relative aux Droits des Enfants, dont Maurice est signataire depuis 1990, stipule clairement que l’État a la responsabilité d’aider les parents à promouvoir les droits des enfants, notamment quand il s’agit de leur alimentation, de vêtements et de logement. C’est quand même assez ironique que soit débattu le Children’s Bill pendant que des enfants dorment encore à la belle étoile », dénonce Joanna Bérenger.

Xavier Luc-Duval (PMSD)

« Une apathie dans le ministère de l’Égalité des genres  »

Le ‘Child Protection and Welfare Department’ du ministère de l’Égalité des genres, dont la CDU fait partie, a été doté de Rs 160 millions en 2018-2019, mais Rs 30 millions ont été retournées au Trésor. Ce qui indique que la CDU ne manque ainsi pas de fonds, devait faire ressortir Xavier Luc Duval.

Pour lui, le problème est qu’il n’y a aucune énergie et aucune compétence dans ce ministère pour mettre des projets sur place.

Par exemple, rien que pour la position de ‘Family Welfare Protection Officer’, Xavier Duval note qu’il y a 35 % de postes vacants, alors qu’il y a toujours des femmes et des enfants qui souffrent.  Il déplore en outre qu’aucune formation n’est fournie aux nouveaux officiers. Xavier Duval insiste dans ce contexte qu’on doit avoir des personnes compétentes au sein du ministère.

Le pire de tout, selon Xavier Duval, c’est que la ministre compte réduire le nombre d’officiers de 70 à 59 pour 2021. Il dit ne pas comprendre cette décision.