Aslam Noursing : « Deux jours après quand docteur ine tire mo bandage ki mone conner mone perdi la main »

Mouvement de solidarité à Aslam Noursing et Fadil Edoo

Témoignage poignant d’Aslam Noursing à l’assistance, vendredi soir, à son domicile où s’étaient réunies plus de 300 personnes. Le père d’Aslam Noursing ainsi que celui de Fadil Edoo, Riyad Halleemuth et Junaid Al-Khalifa ont aussi pris la parole. Un climat de terreur qui règne depuis ces dernières années dénoncé 

C’est dans le but de dénoncer le climat de terreur et trouver des solutions pour venir en aide à Aslam Noursing qu’une réunion a été organisée au domicile des Noursing à New Grove, vendredi soir. Des sympathisants venus des quatre coins de l’île, en particulier ceux du sud du pays, ont témoigné de la sympathie aux victimes de l’agression sauvage de Cluny où Aslam Noursing a eu les deux poignets sectionnés et son ami Fadil Edoo qui, lui, s’en est sorti avec de grave blessures. Le principal concerné, Aslam Noursing, a pris la parole et explique ce qui s’est vraiment passé ce jour-là.

 

Son récit avec des larmes aux yeux

C’est en larmes que la victime s’est adressée à l’assistance. Vêtu d’un track uit de couleur rouge, Aslam, visiblement encore dans un état de souffrance, est revenu sur la nuit fatidique où il a perdu ses deux poignets. Il raconte que ce soir-là, c’est son père Nizam Noursing qui a eu un appel téléphonique sollicitant son aide pour un remorquage. Nizam, qui est propriétaire d’un camion de remorque, délègue souvent son fils Aslam pour les opérations de remorquage. « Sa jour-là, mo ti lakaz, mo papa so téléphone sonné, dimoune dire li zotte ine en panne Cluny, li donne zot mo numéro téléphone, dire zot cauze avec moi, banne dimoune la explik moi kot zotte été », a raconté Aslam. Il appelle immédiatement son ami Fadil pour lui demander de l’accompagner pour remorquer le véhicule. Aslam dit qu’il en est habitué, vu que son père est propriétaire d’un camion depuis plusieurs années. Arrivé à Cluny, Aslam dit avoir constaté qu’il y avait effectivement un véhicule en bordure de route. « Mone arrêté, mo cauze avec banne dimoune là, lerla mo versé pou guetter kot sa pou attache van là, quand mo en bas, mo coumance gagne cout sab lors mo la tete, mo virer mo guetter, mo trouve ène tas dimoune pé vine lors moi, tous éna sab, zotte continué batte moi ziska ki mo meme mo nepli conner kine arriver », a raconté Aslam Noursing en larmes.

C’est à l’hôpital de Rose-Belle que la victime a repris connaissance. Sur place, ses parents l’informent qu’il a perdu l’usage de ses deux mains. Mais ce n’est que deux jours plus tard qu’il réalise vraiment qu’il a perdu ses deux poignets. « Quand docteur ine ouvert mo pansement, lerla ki mone trouver kine arrive moi, mo pas ti éna poignets », a expliqué Aslam, pleurant à chaudes larmes devant ceux venus le réconforter. Il se demande comment il va faire pour continuer de vivre convenablement avec ce handicap.

Avant Aslam, c’est le père des deux victimes qui s’est adressé à ces derniers. Témoignage poignant des deux hommes qui étaient également en larmes.  « Quand mone gagne call là, mone dire dimoune là ki mo pé avoy mo garçon, explique moi bien kot li été, dimoune là ine dire moi li dans chemin Cluny, deux côté canne, près avec village Banane », nous a expliqué Nizam Noursing. L’appel a été reçu aux alentours de 23h10 et vingt minutes plus tard, Aslam avait quitté son domicile, en compagnie de son ami Fadil Edoo qui l’accompagne souvent lors de ses sorties pour remorquer les véhicules. Son fils étant un habitué de ce genre de dépannages, Nizam ne s’est pas soucié de cette affaire.

 

Intervention chirurgicale à la tête

Aux alentours de minuit, Nizam Edoo, père de Fadil, reçoit un appel sur son portable. « Ti mo garcon sa, li pe dire moi papa, dégazé vini, mo pé gagne cout sab, mone paniqué, mo demande li kot li été, li dire moi Cluny », raconte Nizam Edoo. Quittant New Grove, il a fait un détour au poste de police de Rose-Belle pour informer les policiers de l’appel de détresse qu’il a reçu de son fils. Mais la réaction des policiers sur place l’a choqué. « Mo rentrer mo dire zotte mo garçon pé gagne batté dégazer nous aller, ti éna environ 4 ou 5 policiers, zotte tout reste get mo meme sans éna aucaine réaction », nous explique Nizam. Seul, il quitte le poste de police pour prendre la direction de Cluny. En route, il aperçoit une fourgonnette de la police et sollicite une nouvelle fois de l’aide. Les policiers lui demandent encore une fois de poursuivre sa route et qu’ils vont le rejoindre.

Arrivé à Cluny, Nizam aperçoit le camion d’Aslam. « Quand mo guetter, mo trouve Aslam en bas, ayo pas facile sa, pas capave get so deux poignets ki ine sauté, mo cauze avec li , li pas capave répone moi, mo rode Fadil, li ti impé pli devant, mo prend li mo amène l’hôpital », raconte Nizam. Entre-temps, des policiers de Rose-Belle ainsi que plusieurs autres unités de la police sont arrivés sur les lieux et ont sollicité l’aide du Service d’Aide Médicale d’Urgence (SAMU) pour transporter Aslam à l’hôpital de Rose-Belle. Alors qu’Aslam Noursing est déjà rentré de l’hôpital, son Ami Fadil Edoo, lui, est toujours admis à l’unité de soins intensifs car il a subi une intervention chirurgicale délicate à la tête.

 

Semblable à un acte terroriste

Parmi les autres qui ont pris la parole, le travailleur social très connu, Junaid Al Khalifa. Ce dernier a dénoncé un climat de terreur qui règne dans la région sud depuis ces dernières années. « Finne éna événement bazar Rose-Belle, lakaz dimoune crazé dans Beau Vallon, Mare d’Albert, Musjid crazé dans Rivière des Anguilles, Tyack, Rose-Belle et Nouvelle France, finne coquin carabine dans Riche-en-Eau, la question ki nous pozé : eski sa banne événement là li liés ? Eski c’est même dimoune ki impliqué dans sa banne case là ? », se demande le travailleur social Junaid Al-Khalifa. « Ine gagne six mois dépi kine arrive sa case musjid là et la police finne arret environ 13 dimounes, nous ti pou content conner kot l’enquete ine arriver et kot sa dossier là été », se demande Junaid Al-Khalifa. Revenant sur l’agression sauvage de Cluny, le travailleur social affirme qu’il ne comprend pas comment les trois suspects arrêtés dans cette affaire ont pu retrouver la liberté conditionnelle, lundi dernier, alors que les victimes n’étaient pas encore retournées chez elles. Il lance un appel aux autorités concernées de se ressaisir et prendre des actions au plus vite afin que les coupables soient au plus vite sous les verrous. Il qualifie l’acte de couper les poignets d’Aslam Noursing comme un acte terroriste.

Riyad Halleemuth, figure très connue et habitant la localité, apporte également son soutien aux proches des victimes. Il s’est aussi adressé aux personnes présentes. Selon lui, le village de New Grove vit dans un climat de terreur depuis que deux jeunes ont été agressés. Il soutient également que les récents actes de terreur dans le Sud du pays seraient l’œuvre d’une bande organisée. « Finne éna tout sa banne zaffaire là dans sud pays, mais li malheureux ki banne dimoune ki responsable de sa banne actes là, zotte encore en liberté », soutient Riyad Halleemuth. Il lance un vibrant appel au Commissaire de police, Mario Nobin, de veiller à ce que la police fasse son travail comme il se doit et laisser la liberté aux enquêteurs de cette affaire de bien mener leur enquête afin que les vrais coupables soient punis par la loi pour cet acte barbare. Il affirme que Maurice est un pays paisible, multiracial, et que la paix publique doit être préservée.

Les différents orateurs ont lancé un appel à tous ceux présents afin qu’ils expriment leur solidarité à Aslam Noursing pour que ce dernier puisse subir une intervention chirurgicale afin de lui permettre de porter des prothèses. Cela va coûter plusieurs millions de roupies et pour que cela devienne réalité, ils comptent sur la solidarité de tout un chacun.

 

Agression sauvage de Clunny le 1er mars dernier

Un receveur d’autobus raconte les événements et se retrace par la suite

 La déposition du receveur d’autobus  incrimine l’organisation H.S.S.S, très active dans la région du sud fait l’objet d’une enquête policière. Interrogé par les officiers de la Criminal Investigation Division (CID) de Rose-Belle, le dénommé S.R, habitant la région sud raconte qu’au mois de novembre dernier, il a été agressé par Aslam Noursing après avoir eu maille à partir avec la mère de ce dernier dans un autobus. Blessé après l’agression, le receveur a raconté qu’il a reçu la visite d’un membre du H.S.S.S qui lui aurait proposé de se venger de cette agression. Il a accepté. Quelques jours plus tard, il a participé à une réunion de ladite organisation socio-culturelle où il a raconté l’agression dont il a été victime. Lors de cette réunion, les membres du H.S.S.S lui aurait promis de faire du mal à Aslam Noursing avec des armes tranchantes, dont des sabres, samouraïs et des barres de fer.

Le 2 mars dernier, il raconte avoir rencontré un chef de gare à la gare routière de Curepipe où ce dernier lui a informé qu’Aslam Noursing avait été agressé la veille. Mais quelques jours après avoir donné cette version des faits à la police, le suspect s’est rétracté affirmant qu’il avait donné sa première version des faits, sous pression policière. Dans sa déposition, il incrimine le pompier qui a aussi été arrêté dans cette affaire.