Arvin Boolell: « Bhadain se met dans la peau du chasseur chassé »

Arvind Boolell veut faire la politique ‘autrement’. Question de privilégier la proximité et le concept ‘eye to eye contact’. Ceci afin de mieux servir l’électorat et améliorer leur quotidien. Il déplore que Roshi Bhadain n’ait pas écouté son conseil.

Siddick Naudeer

Q. Arvin Boolell, finalement Roshi Bhadain n’a pas entendu le conseil que vous lui avez donné.

A.B. Je n’étais pas le seul. Parlementaires, amis des deux côtés de la chambre l’ont appelé à ne pas démissionner. Pour moi il a été piégé par le tandem Gayan/Collendavelloo. Les circonstances n’étaient pas, ni ne sont, favorables à une élection partielle. En ce moment, après un long chemin, le mood parmi les partis de l’opposition est au beau fixe. La décision du démissionnaire aurait dû être motivée  par une stratégie de contexte. Une élection partielle, comme établi dans le passé, a toujours débouché sur les élections générales. Nous l’avons vécu en 1987 après la démission de Ramsahok en 1986 et en 1990 après celle de Collendavelloo en 1989, sans compter les élections de 1995 suite à la partielle au no 19.

Valeur du jour, les données ont changé. C’est la raison pour laquelle j’ai dit que le moment pour organiser une élection partielle n’est pas opportun. Il nous faut une opposition unie, L’idéal serait de présenter un candidat commun.

Q: C’est ce que Roshi Bhadain souhaitait. Il démissionne mais espère avoir l’appui de tous les partis l’opposition.

A.B.  Comment cautionner quelqu’un qui s’était pleinement associé aux décisions, pour ne pas dire les intempéries politiques, provoquées par le gouvernement ? Bhadain se met dans la peau du chasseur chassé. Il n’a pas de programme. Son cheval de bataille reste le projet du Metro Express qui, selon lui, n’est pas justifié. De plus il a promis de dénoncer les activités irrégulières du Premier ministre.

  1. Avez-vous exigé que le ticket rouge vous revienne de facto ?

A.B. Loin de là. Je n’ai rien exigé. C’est une ambition légitime, un droit et même obligation de se porter candidat. C’est le leader Navin Ramgoolam qui a fait la proposition. Le bureau politique a approuvé son choix à l’unanimité. Laissez-moi vous dire que nous avons au Ptr des éléments compétents et qui peuvent aspirer à la députation. Cette élection revêt une autre dimension. Nous avons voulu minimiser les risques. Le feel good factor est palpable.

  1. Êtes-vous déjà en campagne ?

A.B. Ce sera une campagne de longue haleine. Nous voulons cette fois mener une campagne de proximité, dans la sérénité et le respect de nos adversaires. Tout doit se faire selon le vœu de l’électorat. Je le dis en toute humilité. On est encore à l’étape préliminaire. Nous travaillons déjà sur le concept ‘eye to eye contact’. Notre réseau appelle, d’autre part, nos activistes à s’impliquer davantage dans la campagne. Je suis inquiet qu’elle se prolonge jusqu’à la limite autorisée par la loi. C’est pourquoi j’insiste que le gouvernement actuel honore ses obligations envers l’électorat en proposant des lois sur la réforme électorale et le financement des partis politiques comme promis en 2014. Malheureusement l’alliance au pouvoir est ‘in office’ pas ‘in power’. On aura vu la grande trahison de SAJ en offrant le poste de PM à son fils sur un plateau mais qui garde son siège de ministre à l’Assemblée.

Q:L’adversaire direct n’est plus Bhadain maintenant. C’est le MSM qui est le plus visé.

A.B. J’attends, tout comme le pays d’ailleurs, que le MSM aligne son candidat. L’électorat sera appelé à sanctionner lourdement le gouvernement. Depuis sa prise du pouvoir, à quoi avons-nous été conviés ? Les faits sont là pour clouer au pilori cette alliance MSM/ML irrémédiablement : vendetta, arrestation arbitraire, expropriation et nationalisation des actifs de la BAI, résiliation du contrat Betamax, cacophonie autour du remboursement aux victimes de super cash back gold, scandales à outrance, impair diplomatique dans l’affaire Qatar, critiques contre l’Iran, Metro Express, collusion gros capital/gouvernement (corporatie) et j’en passe.

C’est pourquoi le PM doit revoir sa copie. Déjà l’affaire Medpoint est suspendue sur sa tête comme une épée de Damoclès. Ce qui a amené Sir Hamid Moollan à dire « I would have expected the PM to resign as well », comme il l’avait fait après le verdict de culpabilité rendu par la cour intermédiaire.

Q : Pourtant Pravind Jugnauth affirme qu’il ira jusqu’au bout de son mandat

A.B : Mais je le redis, l’élection partielle peut provoquer des élections générales anticipées. Pravind Jugnauth est coincé, de par le fait que des personnes qui lui sont proches, y compris ses ministres, sont inquiétées par l’ICAC et la commission Lam Shang Leen. Pendant combien de temps encore pourra-t-il subir cette situation intenable ?

  • « Il a été piégé par le tandem Gayan/Collendavelloo »

Q : Passons à autre chose, Arvin Boulell. Êtes-vous confiant de pouvoir remporter cette partielle ?

A.B : La confiance est là. Mais sur ce que je considère être un ‘principle of caution’, je sais qu’il y a un gros travail à faire sur le terrain. Je m’y investis déjà et j’ai le soutien d’une bonne frange de l’électorat de la circonscription. Je suis sûr et certain que nos efforts seront couronnés d’un grand succès.

Q : Quelle séquelle pour le PTR suite à une possible défaite ?

A.B : Nous n’envisageons pas de défaite. Nous travaillons avec assiduité. Il est vrai que toute élection apporte son lot de surprises, tous les scénarii sont possibles, mais l’esprit d’équipe qui règne nous met dans une position avantageuse.

Q : Les partis d’opposition briguant chacun les suffrages, il y a toujours le risque que les votes soient divisés.

A.B. : Je le concède. Mais nous avons  tous un adversaire commun, soit le gouvernement qu’il faut faire tomber, et dont les jours sont comptés. Chaque candidat a ses mérites. L’’électorat saura choisir selon ses convictions.

Je regrette que tous les candidats ne partent pas sur le même pied d’égalité, faute de moyens financiers. Voilà pourquoi je réitère mon appel pour que le gouvernement fasse voter une loi concernant le financement des partis politiques.

Q:Arvin Boolell, sera-ce la bataille entre la sincérité et la crédibilité ?

A.B. : Tout candidat est crédible. La sincérité veut qu’une fois élu, il est toujours à la disposition de ses mandants, afin de voir comment améliorer leur quotidien. Je ne veux pas ‘‘narrow the issue’’ entre la crédibilité et la sincérité. Le travail d’un député va bien au-delà. ‘‘To err is human’’ comme dit l’adage. N’empêche qu’il nous incombe d’accomplir notre devoir envers notre électorat.

Q:Un message à passer ?

A.B. : Que les élections se déroulent sans violence afin de préserver les valeurs de la démocratie et de la République. Que les dirigeants des partis politiques trouvent un terrain d’entente pour qu’il n’y ait ni dérapage ni agression physique ou verbale. Que l’élection partielle se déroule ‘fair and free’.