Cette fois, nous nous sommes arrêtés à Amaury, un petit village situé au nord-est de l’île. Le village doit son nom au planteur Jean-Baptiste L’Amaury, qui avait fondé sur les lieux un domaine, vers la fin du xviiie siècle. Toutefois, ce tableau idyllique dissimulerait quelques aspects peu reluisants, notamment une infrastructure gravement négligée, voire inexistante. Les doléances des habitants, très nombreuses pour un si petit endroit, n’ont jamais été prises en considération.

 Christelle Gourdin

Amaury, village pluriethnique

Plusieurs communautés cohabitent pacifiquement à Amaury. Le visiteur peut voir différents lieux de culte dans ce petit village. Trois shivalas, une grande mosquée dominée par ses minarets, deux kovils, sans parler d’une grotte qui sera bientôt mise à la disposition des habitants de foi chrétienne.  D’ailleurs, cette pluralité religieuse est considérée comme un lien solide de fraternité dans la région.

Un énorme terrain de foot impraticable

Amaury a un terrain de foot dont la taille surprend. Depuis des années, les jeunes du village ont livré ici d’innombrables matches, jusqu’à ce que l’infrastructure du terrain commence à tomber en décrépitude. Comme vous pouvez le constater dans la photo, le terrain est maintenant impraticable. La clôture et les lampadaires sont endommagés, entre autres. Une innovation est, (‘long overdue’), selon les habitants, mais ils restent toujours sur leur faim.

Le foot dans le sang

Qui dit foot, dit footballeur ! Valaydon Carpen, autrefois laboureur de profession, a fait la fierté d’Amaury dans les années 70. Passionné de ce sport, Valaydon Carpen, aujourd’hui sexagénaire, a débuté dans un club de jeunesse Tamil Youth d’Amaury, ce qui va lui ouvrir une porte vers le football d’élite. Il intégra ainsi les Hindu Cadets quelque temps plus tard où il remporta plusieurs trophées et médailles. Valaydon Carpen a été sacré Champion du Nord en 1980. Aujourd’hui, il est toujours un coureur infatigable de cross-country. Il se livre également à des activités sociales dans son village.

Routes dangereuses

La route à Bois Zako est très dangereuse. Elle est trop étroite pour être à deux sens. Quelques années de cela, un jeune y a même laissé la vie lors d’un accident. Idem, pour l’autre rue qui mène tout droit à Amaury, mais qui demeure inconvénient pour les poids-lourds.

Un nouveau tronçon qui soulagerait Amaury

La plupart des véhicules venant de l’Est passent par Amaury pour se rendre à Port-Louis, ce qui provoquerait des embouteillages au quotidien. Pour y remédier, les conseillers du village veulent tracer une nouvelle route qui servirait de raccourci sur le terrain en friche à Bois Zako. Ils envisagent de créer aussi un parcours de santé juste à côté pour combler cet espace laissé à l’abandon.

Les ‘tentes’ de la ‘tantine’

Indrawtee Kanhye est une ‘tantine’ très connue du village. Âgée de 68 ans, elle fabrique des ‘tentes’ traditionnelles faites de feuilles de vacoas tressé. Chez la famille Kanhye, on pratique la vannerie à base de vacoas de génération en génération. ‘Tantine’ Indrawtee obtient toujours des commandes venues de toute l’île.

Le tourment des villageois durant les intempéries

Tout comme plusieurs autres villages, Amaury se retrouve sous l’eau durant les pluies torrentielles. À Independent Road, l’installation d’un nouveau drain n’a malheureusement pas réglé le problème. Le spectacle est effrayant durant les grosses averses. Plusieurs familles seraient à risque.

Cité EDC, oublié de tous

À Cité EDC, une trentaine d’habitants sont piégés lors des grosses pluies. Ils ne peuvent ni rentrer ni sortir chez eux en cas d’averses.

Pooloo, une boutique plus que centenaire

‘Pooloo’ est la plus vieille boutique d’Amaury. Cette boutique, tout en bois, date de plus de 100 ans. De père en fils, elle reste à la disposition des habitants du village, même pendant le mauvais temps.

 Un petit village, de gros problèmes

Après avoir énuméré tous les problèmes, rien que dans cette localité, les deux conseillers du village, Rajeev Bundhun et Shayat Bahadoor nous dévoilent les difficultés auxquelles les habitants doivent faire face. « Pendant plusieurs années, nous voulons mettre sur pied divers projets et régler les nombreux problèmes des habitants, mais rien n’a abouti jusqu’à. Les problèmes ne font que s’accumuler », expliquent-ils. La source du problème : le manque de fonds et de sponsors pour un Amaury mieux doté en infrastructures. Ainsi, l’une des requêtes les plus importantes des conseillers, c’est notamment la construction d’une grande salle polyvalente pouvant accueillir plusieurs activités qui se fait toujours attendre.

De plus, des formations politiques ont vu le jour depuis que l’actuel régime est au pouvoir, selon eux. «  Nous sommes dans l’oubli depuis trop longtemps et les habitants en payent les conséquences », ont-ils conclu.