Le taux d’inflation pour l’année 2020, basé sur les tendances des années précédentes et des récents changements au niveau des prix, reviendrait à environ 2,8 %, contre 0,5 % pour l’année 2019. Ces chiffres avaient été publiés sur le site de ‘Statistics Mauritius’ le 14 septembre 2020. D’ailleurs, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait annoncé vendredi dernier, face à la presse, que le taux d’inflation sera de l’ordre de 2,5 % et de 2,8 % pour 2020. Pour lui, cela est raisonnable pour un pays à niveau intermédiaire, comme Maurice. Mais l’economiste Vinay Auncharaz nous fait entendre un autre son de cloche et prévoit quant à lui un taux d’inflation de l’ordre de 4,6 %.
L’économiste Vinay Auncharaz nous livre ses analyses sur ce taux d’inflation de 2,8 %. « Je suis bien étonné par ce chiffre de 2,8 %. Je suis extrêmement intrigué car pour moi c’est trop peu. Je pense que l’inflation est beaucoup plus que ça. On le ressent déjà », analyse l’économiste.
Selon lui, cela est ressenti quand on se rend au supermarché. « Pour moi personnellement, les mêmes articles que j’achète chaque semaine, maintenant je les paye au moins 15 % de plus », fait-il ressortir. « Il y a beaucoup de produits dont les prix ont grimpé d’une façon extrêmement importante, surtout en ce qui concerne les produits importés », ajoute Vinay Auncharaz. La production a baissé, dû à la pandémie, ce qui fait qu’il y a moins des produits sur le marché.
Le taux d’inflation calculé sur la corbeille ménagère
Le taux d’inflation, dit l’économiste, doit être calculé sur la corbeille ménagère, qui contient plusieurs produits dont une famille de classe moyenne consomme.
L’indice des prix, qui était de 105,2 en juin, a connu une hausse en septembre pour atteindre 106,0. Ainsi, il y a eu une hausse de 0,076 % pour une période de deux mois. « Si on prend ce chiffre, en supposant que cela continue de se maintenir au même rythme et si on le calcule pour une période d’un an, le taux d’inflation devrait se situer autour de 4,6 %, ce qui est beaucoup plus important et plus élevé que les 2,8 % de ‘Statistics Mauritius’. »
La dépréciation de la roupie : un facteur à ne pas oublier
L’economiste aborde ensuite la dépréciation de la roupie, et son effet sur l’augmentation des prix : « On peut constater que la valeur de la roupie a bien déprécié ces derniers temps. Quand cela arrive, le prix de tous les produits importés, qui sont dominés par les devises étrangères, connaitra donc une hausse. »
Maurice, souligne l’économiste, est un pays où l’on importe beaucoup, ou presque tout ce qu’on consomme. « C’est clair que la dépréciation de la roupie a eu un impact direct sur les prix des produits importés, qui se reflètera sur l’inflation. Le public va ressentir cette inflation en constatant que les prix ont augmenté », indique Vinay Auncharaz.
