Aide sociale refusée à un petit épileptique de 7 ans

  • Sa mère obligée de mendier pour subvenir à ses besoins

Noëlla ne sait plus à quel saint se vouer. Cette mère célibataire lutte contre vents et marées afin de subvenir aux besoins de son fils de 7 ans, qui est épileptique. Sans emploi et subissant malheur sur malheur, cette maman est obligée de mendier. Le ‘Board’ de la Sécurité sociale refuse toute aide à son fils tandis que la maigre pension de la mère de Rs 2 400 a été réduite par Rs 400.

Depuis plusieurs mois déjà, Noëlla et son fils ont élu domicile dans le petit jardin fleuri à côté de la State Bank Tower à Port-Louis. Son fils, âgé de 7 ans et souffrant de crises épileptiques constamment, ne peut pas se rendre à l’école comme tout autre enfant de son âge.

Cette mère nous relate qu’elle en a plus qu’assez des va-et-vient incessants au bureau de la Sécurité sociale. Certificats médicaux et autres documents à l’appui, ses démarches s’avèrent vaines. À chaque mois, Noëlla espère que son application sera acceptée, mais à chaque fois c’est le même refrain. « Chaque fois mo aller, zot dir mwa ki mo zenfan pas assez malade pou ki li gagn enn pension d’invalidité. Mo gagn zis enn ti pension de Rs 2 400 pou okip li, avoy li lekol, mais li pas suffit. Kot mo aller, dimoune refuse donn mwa travay. Mo zenfan gagn crise, li pas kapav voyage dans bis. Mo bizin paye taxi Rs 200 pou alle kit li ek dans tanto mo ale prend li. Aster zot ine koup Rs 400 enkor dans sa ti pension la. Li pas facil, kuma mo pou get mo zenfan ? », nous relate Noëlla, en larmes.

Pour être éligible d’une pension d’invalidité octroyée par le ministère de la Sécurité sociale, il faut bien respecter certains critères. Tout individu doit être malade à 60 % afin de recevoir cette pension. Un officier de la Sécurité sociale, sous le couvert de l’anonymat, nous explique que « C’est un médical board qui prend ensuite la décision finale. » Or, selon quelle logique les médecins du ‘board’ arrivent à déterminer qu’un petit épileptique qui souffre de crises est malade à 50 % et non à 60 % ?

Noëlla a le cœur gros à chaque fois que la lettre officielle arrive : « Mo gagn enn sel reponse : li pas assez malade pou ki li gagn enn pension, li malade a seulement 50 %. Eski ena enn la justice dans sa pays-là ? Pou ou gagn enn l’aide, ou bizin respeter criteres, mais eski maladie mo zenfan konn sa li ? », s’interroge-t-elle amèrement.

En attendant de trouver une solution, Noëlla n’a guère le choix que de mendier afin de pouvoir joindre les deux bouts. Heureusement, des ONG ainsi que des membres du public n’ont pas hésité à lui venir en aide. Malgré le froid et la pluie, Noëlla et son fils tendent la main pour quelques sous. « Ena bouku dimoune vine propose zot l’aide, mais li ti pou bon si zot get mo garson en priorité. Au moins, si li ti kapav gagn enn plas dans enn lekol specialisé li ti pou mieux pou li. Ce enn zenfan apres tout, li dans la peine plis ki mwa », nous dit Noëlla. En survivant sur de l’aide au compte-gouttes et gardant l’espoir que son sort soit amélioré par un coup du destin, Noëlla et son fils continuent de mendier pour subvenir à leurs besoins.

Hors-texte

Noëlla a dû faire face a la justice durant la semaine dernière. Elle a été arrêtée avec son fils alors qu’elle mendiait à rue La Chaussée à Port-Louis. Nous avons tenté de la joindre par téléphone, au courant de la semaine mais cette dernière est restée injoignable. Ameegah Kousita Paul de l’ONG VisioNew qui aide les personnes autrement capables lui est venu en aide, mais depuis sont arrestation, Noëlla a complètement disparu de la circulation. Ou se trouve-t-elle ? Nous l’avons cherché pendant une semaine, mais cela n’a rien donné.