Affaire St. Louis : Des hommes politiques bientôt convoqués ?

 

Au moins trois politiciens seront prochainement convoqués par les enquêteurs de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) dans les jours à venir dans le sillage de  l’enquête sur l’affaire St. Louis. Leurs liens avec Bertrand Lagesse et Alain Hao Thyn Voon, inculpés de blanchiment d’argent, intéressent les enquêteurs. À ce stade de l’enquête, les limiers n’ont toutefois pas retrouvé de traces de transferts d’argent vers les comptes bancaire de ces politiciens. Mais leurs interrogatoires se porteront sur des fuites d’informations concernant l’exercice d’appel d’offres concernant le projet du central thermique de St. Louis, au coût de Rs 4,3 milliards.

Pour rappel, le Central Electricity Board (CEB) avait octroyé un contrat à l’entreprise danoise Burmeister & Wain (BWSC) pour la rénovation de la centrale thermale de St. Louis, un projet financé par la Banque africaine de développement (BAD). Apparemment, des cadres de cette entreprise auraient soudoyé des membres du CEB, voire du gouvernement mauricien, pour accéder à des informations confidentielles, ce qui a avantagé de manière injuste cette entreprise face à ses concurrents, lors de l’appel d’offres.

Comment des hauts cadres de la firme PAD & Co. Ltd ont-ils pu être en possession des informations concernant les spécifications du projet de la centrale thermique de St. Louis, avant même que l’exercice d’appel d’offres n’ait été lancé ? Il s’agit ici d’un autre aspect de cette affaire sur lequel se penchent les enquêteurs de l’ICAC, depuis la semaine dernière.

Au début, l’enquête était axée seulement sur un acte de corruption potentiel dans cette affaire, notamment des pots-de-vin qu’auraient touchées plusieurs personnes, directement impliquées dans ce projet.

Mais les limiers de la commission anti-corruption veulent actuellement faire la lumière sur cette fuite alléguée d’informations sensibles, auxquelles ont eu apparemment accès des hauts cadres de la compagnie PAD & Co. Ltd, quelque temps avant l’exercice d’appel d’offres pour le projet.

À ce moment précis, seulement une poignée de hauts cadres du Central Electricity Board (CEB) avaient accès à ces informations, qui concernaient les spécifications du projet d’extension de la centrale. Il s’agit, entre autres, des ingénieurs du département de production. Pendant la semaine écoulée, deux ingénieurs, Manoj Kumar Jahaheeah et Rakesh Kumar Dhununjoy ont fourni leur version des faits aux enquêteurs de la commission anti-corruption.

Selon les premiers éléments qui ont transpiré de cette première partie de l’enquête, des informations confidentielles et sensibles auraient été transmises par des clés USB. Par qui ? Reste maintenant à l’équipe ‘Forensic’ de l’ICAC d’apporter des éléments de réponse. Mais il apparaitrait déjà que certains politiciens, qui sont soupçonnés d’avoir véhiculé ces informations, pourraient être appelés à s’expliquer sur cette fuite

En attendant, les auditions des hauts cadres du CEB et ceux de PAD & Co. Ltd. se poursuivent au Réduit Triangle. Des inculpations sont aussi à prévoir dès cette semaine.

À ce stade de l’enquête, Bertrand Lagesse, représentant local de la firme danoise, Burmeister and Wain Scandinavian Contractor (BWSC) et Alain Hao Thyn Voon, directeur executif de Pad & Co. Ltd, répondent chacun d’une charge provisoire de blanchiment d’argent. Cela après que plusieurs millions de roupies ont été retrouvées sur leurs comptes bancaires.