Affaire Iqbal Toofany : Le DPP  : “The learned Magistrate was wrong”

 

Petite victoire pour la famille Toofany. Le Directeur des poursuites publiques (DPP) a fait appel ce vendredi 21 août 2020  contre l’acquittement des trois policiers accusés d’avoir torturé Iqbal Toofany, décédé en cellule policière en 2015. 17 jours après le jugement, le DPP a avancé 10 points pour contester le bénéfice du doute accordé aux accusés.

Le représentant du Directeur des poursuites publiques (DPP) a déposé au courant de la semaine écoulée dix points d’appel contre le jugement de la magistrate, devant la ‘Court of Criminal Appeals.’

Le DPP demande ainsi à la Cour d’appel d’annuler le jugement de la magistrate. Si cette requête est agréée, une nouvelle procédure serait enclenchée contre les trois policiers.

Pour rappel, cinq policiers avaient été poursuivis dans cette affaire sous une accusation de « torture by public official ». Durant le procès, deux policiers sont décédés, Ghislain Gaiqui en décembre 2019 et Johny Laboudeuse en janvier 2019. Les trois autres policiers répondaient de cette accusation de torture contre Iqbal Toofany. Il s’agit du sergent Vikash Persand, et des constables Jean-Francois Numa et Joshan Raggoo. Le 3 août 2020, ces trois policiers avaient été acquittés en cour intermédiaire pour insuffisance de preuves.

Le père d’Iqbal Toofany : « J’’espère que justice sera finalement rendue à mon fils »

Yusuf Toofany, le père tient à exprimer sa satisfaction avec cette décision du DPP. Il tient aussi à remercier tous les Mauriciens qui ont soutenu la famille Toofany pendant ces derniers 5 ans.

Il est revenu sur l’acquittement des trois policiers, et dit qu’il était très déçu de ce jugement. « En tant ki ene papa âgé, mo encore pe rode la justice pour mo garçon. Innocent dans Qabarastan, et suspects lor coltar», lance-il.

Aujourd’hui, après que le DDP a fait appel, il espère que la justice sera rendue à son fils, malgré plusieurs tentatives de « cover-up » dans cette affaire. Yusuf Toofany est d’avis que son combat, pendant 5 ans, pour son fils n’aura pas été vain.

Il ajoute que la veuve et et les trois filles d’Iqbal vivent toujours dans des conditions difficiles. En attendant, elles ont enclenché des procédures légales pour réclamer Rs 25 millions de dommages à l’État pour être responsable de la mort d’Iqbal Toofany en cellule.

Hors-texte

Les points d’appel du DPP

Parmi les principaux points d’appel que le DPP a déposés en cour, on retiendra les suivants :

  • “The learned Magistrate was wrong to conclude that the evidence of Dr Gungadin, Chief Police Medical Officer, was inconsistent with the prosecution case […]
  • The learned Magistrate was wrong to conclude that any confession or any information that could have been required from the deceased must necessarily have been so obtained before 5.30 a.m. on 02 March 2015, whereas the truth, and in fact the investigation into that matter, was still ongoing.
  • The learned Magistrate was wrong in law on the desirability of corroborative evidence in the teeth of strong, credible evidence adduced by the prosecution.
  • In view of the strong and unshaken evidence at the close of the Prosecution case, the learned Magistrate was wrong to conclude that no explanation was required on the part of the respondents.
  • The learned Magistrate erred in law by misdirecting herself as to the standard of proof by holding that the Prosecution had to prove its case “beyond a shadow of doubt”.
  • In all the circumstances of the case, the learned Magistrate was wrong to have afforded the benefit of the doubt to the Respondents in view of the overwhelming circumstantial evidence establishing their guilt beyond reasonable doubt.”

 

 

Asraf Aullymun