Affaire Angus Road : Preuves accablantes de blanchiment d’argent

 Les carottes sont cuites pour Pravind Jugnauth

 Les dénonciations contre Pravind Jugnauth dans l’affaire Angus Road continuent de pleuvoir alors que les explications du principal concerné se font toujours attendre. Au vu des dernières révélations du leader de l’Opposition, il semble plus que jamais évident que les carottes sont cuites pour le Premier ministre…

Les preuves sont accablantes. Des cinq paiements effectués par Pravind Jugnauth pour l’achat d’un terrain à Angus Road, dont le montant total s’élève à Rs 3, 5 millions, au moins deux sont contraires à la loi, car dépassant la limite autorisée de paiements en ‘cash’. En effet, deux reçus, datés du 26 août 2002 et du 28 novembre 2002, font état de paiements d’un million de roupies et de Rs 500 000 respectivement. Ce qui prouve incontestablement qu’il y a eu violation de la ‘Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act 2002’ (FIAMLA). Ce qui explique les allégations de blanchiment d’argent formulées contre le Premier ministre.

Selon la section (5)(1) de celle-ci, il est clairement stipulé concernant la « limitation of payment in cash » que « notwithstanding section 37 of the Bank of Mauritius Act 2004, but subject to subsection (2), any person who makes or accepts any payment in cash in excess of 500,000 rupees (ndlr : Rs 350 000 en 2002) or an equivalent amount in foreign currency, or such amount as may be prescribed, shall commit an offence ». Celle-ci était entrée en vigueur le 10 juin 2002 alors que sir Anerood Jugnauth est Premier ministre. Pravind Jugnauth siégeait au sein de ce gouvernement en tant que ministre de l’Agriculture. Ce dernier ne peut donc prétendre ne pas savoir que c’était illégal d’effectuer des paiements de ces montants en espèces.

Il faut aussi noter que l’acte notarié concernant l’acquisition de ce terrain évoque que « la présente vente est en outre consentie et acceptée pour et moyennant le prix principal de SEPT MILLIONS DE ROUPIES (Rs 7,000,000, -) que BEL AIR a reçu et touché de l’Acquéreur, dès avant ces présentes, hors la vue et sans le concours du notaire soussigné, ainsi que le reconnaissent les comparants ès qualités ». Or, de ce montant de Rs 7 millions, l’on sait maintenant que la moitié, soit Rs 3, 5 millions, a été payée en ‘cash’. Qu’en est-il des Rs 3, 5 millions restantes ? Où, quand et comment ce montant a-t-il été payé ? Le mystère plane toujours sur cet aspect particulier…

Que fera la commission anti-corruption à la lumière de ces nouveaux éléments ? Compte-t-elle relancer l’enquête ? L’activiste social Bruneau Laurette a d’ailleurs porté plainte contre le Premier ministre pour blanchiment d’argent en milieu de semaine. Ce qui doit logiquement donner un coup de pouce à l’enquête de la commission qui traîne depuis 2011. Soulignons que, s’il s’avère que Pravind Jugnauth a enfreint la section (5)(1) de la FIAMLA, il risque une amende ne dépassant pas Rs 2 millions et une peine d’emprisonnement allant jusqu’à dix ans. Le terrain qu’il a acquis peut également être confisqué.

Le Premier ministre ne semble pas s’en émouvoir pour autant. Il se mure toujours dans le silence, aidé au Parlement par le Speaker.  Raison pour laquelle il n’a pas eu à répondre à la PNQ du leader de l’Opposition mardi, le Speaker ayant joué au ‘goalkeeper’. Il promet toutefois de « rassembler tou bane éléments » contre ses opposants qu’il avertit d’ailleurs : « atan zot pou koner ».