Accident à la station-service Indian Oil à Wooton : La famille de Rohit Gobin réclame justice

Ajouté à la tristesse, c’est un sentiment de colère chez la famille Gobin à Bois-Chéri. Rohit Gobin, pompiste à la station-service Indian Oil de Wooton avait été percuté de plein fouet par une fourgonnette de la police le mardi 26 novembre. Ce dernier, grièvement blessé, avait été placé sous respiration artificielle à l’hôpital Jawarhalall Nehru. Il devait succomber à ses blessures deux jours après son hospitalisation, soit le 28 novembre. La famille et les proches du défunt réclament justice.

Le mardi 26 novembre, comme tous les jours, Rohit Gobin est sur son lieu de travail à la station-service Indian Oil à Wooton. Les trois employés de la station-service ne s’attendaient pas à ce qu’une telle chose puisse arriver. Simla, une collègue de Rohit et témoin de cet accident, nous relate les faits atroces, qui resteront à jamais gravés dans sa mémoire. Simla était avec ses deux collègues, Rohit et Daniel, près des pompes à essence.

À un moment donné, le temps était pluvieux. Les deux hommes, qui seront prochainement les victimes de l’accident, demandent à leur collègue Simla de leur préparer un thé : « Ti la pli pe tombé,  pe fer ene ti fraiser, be ale faire ene dithé ». Simla se rend dans le ‘mess room’ pour faire bouillir l’eau. Elle était sur le point d’aller rejoindre ses collègues quand elle voit la fourgonnette de la police entrer en trombe dans la station-service. « Mone fini koner ene massine kine deraper ek ki li pe ale faire degat mem sa », nous dit Simla, qui est toujours traumatisée.

La fourgonnette devait percuter les deux pompes à essence, tandis que son caisson percute le pompiste Gobin, qui a été projeté à plusieurs mètres de l’endroit où il se trouvait. Simla se précipite vers ses collègues. Elle essaye en vain de parler avec Rohit Gobin mais ce dernier ne répond pas. Elle se précipite vers son autre collègue, Daniel, qui essaye de se relever mais n’y arrive pas. Simla essaye de son mieux d’aider ses collègues. Elle réussit à placer Daniel sur une chaise et retourne vers Rohit Gobin, mais toujours pas de réaction de la part de ce dernier. Simla informe le patron de la station-service de l’accident.

Les policiers ‘disparet un sel kou’

Elle essaya de demander de l’aide auprès des policiers qui se trouvaient dans la fourgonnette, en leur demandant d’appeler les services d’urgence. Selon Simla,  « Zot ine zis bouze latet, mais pane faire narnier plis ki sa. Mo trouve zot ine desane, zot ine sacouye zot linze, apres zot ine disparet un sel kou. Pane retrouve zot. »

Alors que le temps était pluvieux, Simla tente de son mieux pour secourir son collègue Gobin, en le recouvrant avec un sac en plastique. À un moment donné, le pompiste reprend conscience et tente de se débarrasser du sac qui le protégeait contre la pluie. C’est un jeune qui a dû tenir un parapluie pour le protéger du temps pluvieux. D’autres clients qui venaient faire le plein sont venus en aide aux victimes en attendant les urgences. Une fois les infirmiers de l’ambulance sur place, ces derniers ont pu prodiguer les premiers soins au pompiste.

Une fois à l’hôpital de Rose-Belle, Rohit Gobin, 58 ans, est placé sous respiration artificielle pendant deux jours. La famille de ce dernier n’avait d’autre recours que prier. Hélas, le jeudi 28 novembre, peu après midi, après une séance de prières, son fils Dashley reçoit un appel l’informant que son père est décédé.

Dashley, toujours sous le choc, nous raconte comment lui et sa famille ont reçu la nouvelle. Sa mère travaille comme infirmière à l’hôpital Jawaharlal Nehru, qui avait déjà été notifié de l’accident de Wooton. Pour avoir le cœur net, l’épouse de Rohit appelle la station-service, qui confirme que son époux a eu un accident. Cette dernière informe ses enfants de l’accident : « Papa ine faire accident. » L’infirmière croyait que c’était un accident mineur, nous relate son fils. Ce dernier, en quittant son travail pour se rendre à l’hôpital, fait un détour à la station-service. En voyant les dégâts, il comprit qu’il ne s’agissait pas d’un accident mineur. Une fois à l’hôpital, Dashley est informé que son père a reçu plusieurs blessures internes graves : il avait eu une côte cassée, qui a perforé son foie. Sa colonne vertébrale a aussi été fracturée et il a subi plusieurs fractures du crâne.

Vishal Khirodhur, un des neveux du défunt, se pose beaucoup de questions. Il se demande quel a été l’impact de cet accident, pour que la victime, dès son arrivée à l’hôpital, a dû être placé sous respiration artificielle, et qu’il était resté inconscient depuis son admission a l’hôpital jusqu’à qu’il rend l’âme deux jours après. Vikash, un autre proche de Rohit, qui est infirmier à l’hôpital JNH, a suivi l’état de santé de Rohit Gobin. Il explique que le blessé était dans un état effroyable. Les membres du personnel de l’hôpital ont fait de leur mieux pour sauver le pompiste, mais les graves blessures devaient provoquer une hémorragie interne et son système respiratoire a commencé à flancher.

Les funérailles émouvantes de Rohit Gobin ont eu lieu le vendredi 29 novembre à Bois-Chéri, soit le jour où la fille benjamine du défunt aurait dû célébrer ses 18 ans. La grande tente avait déjà été montée pour fêter l’anniversaire de cette dernière. Hélas, elle devait servir pour les  funérailles du père. La fille ainée de Rohit vient d’accoucher il y a deux semaines.

La famille Gobin et les proches de la victime demandent que justice soit faite et qu’il n’y ait pas de ‘cover-up’ dans cette affaire. Ils déplorent la façon de faire des policiers qui sont impliqués dans cet accident. Ils se demandent aussi pourquoi l’alcotest a été pratiqué quatre heures après l’accident. Ils font une demande que la loi soit appliquée avec la même rigueur pour tout le monde, même sil s’agit de policiers.

Accusation provisoire d’homicide involontaire contre le PC Domun

Le ‘police constable’ qui conduisait la fourgonnette, Ashfaar Domun, a été arrêté et traduit devant le tribunal de Curepipe, qui n’a pas accédé à sa demande de remise en liberté conditionnelle. Il a été par la suite reconduit en cellule policière sous une charge d’homicide involontaire. Il a procédé le vendredi 29 novembre à une reconstitution des faits. Selon le constable Domun, ce serait l’airbag, qui en se déclenchant brusquement, qui l’a fait perdre le contrôle de son véhicule.

 

Neevedita Nundowah