Abdool Jalil Ahmadi, un jeune de …90 ans

Abdool Jalil Ahmadi a fête ses 90 ans le 31 décembre dernier. Troisième d’une fratrie de 15 enfants, cet ancien arbitre de foot avec plus de 500 matches à son actif, a été tour à tour portier à l’ex-cinéma Luna Park, animateur radiophonique et de télévision et gérant du magasin familial à la rue Desforges. Cinéphile aguerri, Bhai Jalil est aussi grand amateur du cinéma bollywoodien dont il connait pratiquement toute l’histoire.

Jalil Ahmadi accueilli par SAJ à la State House
Jalil Ahmadi accueilli par SAJ à la State House

Jalil Ahmadi est aussi un travailleur social infatigable considéré comme un livre ouvert par son entourage. Observateur avisé, il cherche toujours à apporter sa contribution au développement de son quartier résidentiel. Bhai Jalil évoque inlassablement ‘’letan margoz’’, ayant vécu jeune adolescent la 2e guerre mondiale. Les années 1950 l’ont le plus marqué. Il se doutait peu qu’il allait par un pur hasard du destin embrasser une carrière d’arbitre professionnel en dépit de ses autres engagements.

Nous sommes en 1956. Jalil Ahmadi qui évoluait au sein de la Young Muslims Football Association (YMFA), accompagnait son équipe en tant que team manager pour affronter le Rovers United dans le village de Rivière des Anguilles. Une foule d’environ 2000 personnes était venue assister au match. Juste avant  le kick-off l’arbitre central Robert Foiré remarqua que l’arbitre de touche avait fait faux bond. Il demanda au pied levé à Bhai Jalil de le remplacer afin de ne pas renvoyer les 2000 spectateurs chez eux. Ce fut le grand déclic qui mena le jeune homme à s’engager et à se consacrer entièrement à l’arbitrage, en suivant des cours sous la férule de Robert Foiré. Trois ans plus tard, en 1959, il obtint sa licence d’arbitre professionnel. En septembre de la même année il sera appelé à agir en tant qu’arbitre de touche lors du match Racing/ Hindu Cadets au stade George V. Bapteme de feu réussi, se rappelle toujours Jalil Ahmadi, comme si c’était hier. Il foulera les pelouses de tous les stades du pays, arbitrant pas moins de 500 matches, à tous les niveaux, régional, national, et international, tantôt comme arbitre central, tantôt comme juge de touche. Il partagera ainsi sa vie familiale et sociale avec sa grande passion. Un parcours qui prendra fin plus d’une quinzaine d’années plus tard par le match opposant Maurice la Madagascar pour le compte de CAF.

En janvier 2015, un hebdomadaire lui consacre une page entière. Lors de l’entretien, l’ancien arbitre évoque alors la nécessité d’introduire le système d’enregistrement vidéo qui corrigerait toute erreur d’arbitrage. Mais, il revient sur sa décision, estimant   que le VAR ôte à l’arbitre son autorité.

Toujours est-il que lors du Mondial de cette année, les arbitres ont eu recours à la VAR pour toute décision douteuse. Sa ressemblance avec le Cardinal Maurice Piat est très frappante. Ce n’est nullement étonnant qu’il voue au dignitaire religieux une profonde amitié. En 2009, quand Bhai Jalil reçoit la President Meritorious Service Medal (PMSM), Mgr Piat est toujours à ses côtés pour une photo-souvenir.