50 ans du MMM « Le MMM n’est plus un parti révolutionnaire »

1969-2019. Déjà 50 ans pour le Mouvement militant mauricien (MMM), ce parti forgé durant les années de braise, et qui avait voulu profondément changer les choses à Maurice. Un anniversaire qui sera célébré sobrement ce dimanche 29 septembre au Plaza. Deux choses retiennent l’attention à l’occasion de cet anniversaire : le fait que le MMM part seul aux élections et la dernière série de démissions, encore en mémoire. Si pour Paul Bérenger, il s’agit là d’un sursaut du MMM, qui a tourné la page, il n’en demeure pas moins que le parti est, quelque part, l’ombre de lui-même. Qu’adviendra-t-il de ce grand parti après le verdict des urnes aux prochaines élections gérales ? Nous faisons le point avec le politologue Jocelyn Chan Low, qui était lui-même un ancien du MMM.

La situation du MMM sur l’échiquier politique

Le MMM est-il en position de faiblesse pour les prochaines élections générales ? Le politologue nous explique que contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, le fait que le MMM part seul aux élections ne sera pas nécessairemnt une position « incorfortable »  pour ce parti. « Le MMM a une stratégie claire. Il faut voir l’échiquier politique dans son ensemble. Il y aura une lutte à trois entre le PTR, le MSM et le MMM. Mais c’est le MMM qui fera pencher la balance. Même si le MMM remporte entre 10 ou 15 sièges, c’est lui qui décidera qui constituera le prochain gouvernement », nous dit le politologue .

« Le seul vrai danger pour le MMM est une alliance bleu-blanc-rouge, où les mauves seront alors isolés, mais on voit mal le PTr et le MSM conclure une alliance. Mais à part cela, je le redis : le MMM n’est pas dans une situation inconfortable. Ce n’est pas le nombre de sièges qui est important, c’est la position du MMM qui est importante. Il faut aussi dire que la base du MMM est d’accord avec cette approche d’aller seul aux élections », poursuit-il.

Doit-on s’attendre à une alliance de dernière minute ? « Non, je suis catégorique. Le MMM ne conclura aucune alliance », nous explique Jocelyn Chan Low.

 L’amoindrissement du MMM

Que pense-t-il de la déclaration de Paul Berenger à l’effet que les récentes démissions du MMM ont créé un sursaut et que le MMM a tourné la page ? « Les gens pensent effectivement que le parti est amoindri à cause des récentes demissions. Toutefois, cette dernière série de démisisons ne veut rien dire à long terme pour le MMM. Ce parti a connu pire, comme les années de braise, des épreuves qui ont  forgé son caractère. Il a toujours su renaître  de ses cendres »,  nous affirme Jocelyn Chan Low.

Il ne faut pas mettre tous les démissionaires dans le même panier, tient-il à préciser. « Il y a ceux qui ont demissioné pour des raisons idéologiques, comme Jack Bizlall.  Mais il y aussi les démissionaires opportunistes et les transfuges », dit-il.  Concernant les allégations  de « dictature » à l’encontre de Bérenger, il dira que « Ils sont restés tout ce temps au MMM et ce n’est que maintenant qu’ils trouvent qu’il est un dictateur ? Allons donc ! Il y a une plus grande dictature au sein du MSM.  Je n’hésite pas à qualifier ces démissions comme du ‘rodere boutisme’.»

Regard sur les 50 ans du MMM

Quel regard jette le politologue sur le MMM pour ses 50 ans ? « Le MMM a beaucoup changé, naturellement.  Ce n’est plus le parti révolutionnaire du début. Le MMM est maintenant plus proche de la social-démocratie »,  nous confie Jocelyn Chan Low.

Quel avenir pour le MMM ?

Le politologue se montre optimiste : « Le MMM a un bel avenir devant lui. » Le parti est dans une phase de transition , nous explique Jocelyn Chan Low. « La situation  mondiale a évolué. Suite à la globalisation, ily  a de nombreux défis à  relever.  Il y a un renouvellemnt dans le monde.   Il faut impérativement que le MMM se réinvente.  Le parti doit se recentrer sur la nouvelle gauche.  Il faut que le MMM retrouve les valeurs fondamentales du socialisme », nous dit-il. Concernant l’après-Bérenger, le politologue ne veut pas trop s’aventurer sur ce terrrain. Sauf pour dire que le MMM continuera comme parti !

 Hors-texte

Quelques dates clés de l’histoire du MMM

1969 : Le Club des étudiants militants (CEM) devient le Mouvement militant mauricien (MMM).

1970 : Début des années de braise pour le MMM. Victoire triomphante pour le parti des mauves, qui avait désigné Dev Virahsawmy comme candidat dans la partielle de Triolet/ Pamplemousses.

1971 : Année noire pour le MMM, car deux militants vont trouver la mort de façon tragique : Fareed Muttur, qui mourut dans un accident de la route dans des circonstances troublantes, tandis  qu’Azor Adélaïde, un activiste du parti, est abattu par balles à Curepipe.

1973 : Le MMM fait face à sa première cassure : en effet, Dev Virahsawmy va quitter le parti pour créer le  Mouvement Militant Mauricien Socialiste Progressiste (MMMSP).

1982 : Le MMM connaît son premier 60-0 avec le Parti socialiste mauricien (PSM) de Harish Boodhoo.

1993 :  Le MMM connaît la deuxième scission de son histoire. Quelques mauves, dont Jean-Claude de L’Estrac et Prem Nababsing créent le RMM (Renouveau Militant Mauricien) et continuent à soutenir sir Anerood Jugnauth alors que le MMM se retrouve dans l’Opposition.

1995 :  L’alliance Ptr-MMM enregistre le deuxième 60-0 de l’Histoire de Maurice.

2003 : Le leader du MMM, Paul Bérenger accède au poste de Premier ministre dans le cadre d’un accord électoral entre le MMM et le MSM.

2014 : Le MMM, avec son allié, le Parti travailliste, connait une cuisante défaite et connaît d’autres scissions et plusieurs démissions.