2019 : L’année des grands défis

La nouvelle année vient à peine de commencer que déjà le pays se retrouve avec d’énormes défis à relever.  Des défis sur tous les plans majeurs de l’île Maurice. Allant de la politique aux enjeux économiques, au renforcement du ‘Law & Order’, au niveau de l’éducation… Le gouvernement a du pain sur la planche dans une année décisive, avec les élections générales qui se pointent rapidement. Une chose est sûre, Pravind Jugnauth ne doit certainement pas dormir sur ses deux oreilles.

Marwan Dawood

L’affaire Medpoint : quand Pravind Jugnauth joue sa carrière

2019 sera avant tout une année décisive pour le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Depuis quelques mois déjà, le camp Jugnauth prépare ses « submissions » pour le Privy Council pour répondre à celles du DPP dans l’affaire Medpoint. Une chose est sûre, le jugement du Privy Council cette année aura certainement un impact décisif sur la carrière du leader du MSM.  En effet, le Privy Council procèdera le 15 janvier prochain à l’audition des plaidoiries des avocats engagés dans cette affaire. Pravind Jugnauth n’est pas obligé de se rendre à Londres personnellement car il ne sera pas entendu de nouveau. Les Law Lords se baseront uniquement sur les faits déjà établis par la cour intermédiaire et la Cour suprême.

Les élections d’ici la fin de l’année ?

Sur papier, nous sommes officiellement dans une année électorale. Officiellement, le mandat de 5 ans du gouvernement MSM-ML devrait arriver à échéance en décembre 2019 même si les dispositions de la loi permettent à Pravind Jugnauth (en oubliant l’affaire Medpoint) de tenir jusqu’à mai 2020.  Le grand défi  serait, pour Pravind Jugnauth et les siens, de trouver la bonne formule pour remporter les prochaines législatives.

Et si la réforme électorale devenait une fois de plus l’appât qui attirera le MMM ?  Certains diront que « satt boire dilé so enn sel fois » pendant que d’autres diront « Paul Bérenger pas capav fer confiance ». Présenté au Parlement vers la fin de l’année dernière, la loi sur une réforme électorale sera encore d’actualité à l’approche des élections. Le MSM voit en ce projet le cadeau idéal pour courtiser le MMM de Paul Bérenger, qui résiste pour le moment car les oranges veulent se trouver un allié qui pourra les aider à faire poids égal dans une bataille électorale face au PTr et les autres.  Pour le moment, les opérations « lizié dou » vont bon train, en attendant un dénouement de l’affaire Medpoint.

Le MMM peut encore prétendre à se présenter seul devant l’électorat en présentant ses 60 candidats. Tel n’est pas le cas pour Xavier Duval et du PMSD, encore moins le MP d’Alan Ganoo. Idem pour la Plateforme militante et le Reform Party. Ces deux nouveaux venus dans l’arène devront encore patienter pour se faire de la place.

Pour sa part, le PTr est scotché aux problèmes légaux de son leader dans l’affaire des coffres-forts et celle de Roches-Noires. Cependant, une déconvenue légale de Pravind Jugnauth devant le Privy Council arrangera les affaires des rouges et les placeront en orbite, direction le PMO et l’hôtel du gouvernement.

Le défi de la relance économique compliqué

L’économie sera plus que jamais au-devant de la scène cette année.  Dans ses prévisions pour l’année, le Fonds monétaire international (FMI) annonce que l’économie locale sera préservée des secousses commerciales prévues dans le monde. Ceci dans un contexte international compliqué vu que l’expansion globale a été revue à la baisse. En 2018, la croissance réelle a été de 3,9 % du Produit intérieur brut (PIB). Par contre, cette année, il se pourrait que les choses changent au niveau de l’économie mauricienne car le FMI prévoit une croissance à 4 % du PIB à Maurice.

Cependant, dans un rapport de l’Economist Intelligence Unit (EIU) paru le 31 décembre 2018, toutes les prévisions économiques ont été revues. Le taux de croissance estimé de 4 % ne sera pas atteint encore une fois, selon la firme d’analyse britannique. Selon eux, la situation économique à Maurice est « morose »  et n’encourage pas l’investissement. Contrairement aux indicateurs locaux, les chiffres de l’EIU sont alarmants, dans la mesure où ils prévoient une croissance à 3,6 % du PIB.  Ce chiffre est de 0,4 % de moins que celui annoncé par Statistics Mauritius, la Banque de Maurice, la MCB Group ou encore la SBM Holdings Ltd.

Les prévisions de l’EIU sont inquiétantes dans la mesure où une baisse de croissance engendrera des complications sur le plan de la relance économique. Pourtant, certains secteurs à Maurice, comme le secteur de la construction, connaissent une floraison avec les concrétisations des projets publics et privés. Pourtant, deux des principaux piliers de notre économie, notamment le tourisme et les services financiers, connaissent une hausse de leurs activités. Et si le grand défi du gouvernement était de contourner les effets néfastes de la tendance mondiale ? En effet, selon le rapport, nous payons le prix d’être une petite économie ouverte à tous. Les analystes de l’EIU estiment que Maurice verra son économie impactée avec les changements mondiaux en Europe, aux États-Unis mais également en Chine.

Par ailleurs, les autorités financières à Maurice mettent les bouchées doubles afin d’accroître la diversification économique. En dépit de cela, il est un fait que le marché européen représente aujourd’hui encore 50 % de nos exportations mais aussi de nos arrivées touristiques. Donc, ce marché est indéniablement une de nos principales sources d’investissement. L’EIU explique que la croissance économique va chuter en 2019 et 2020 en raison d’une décélération  dans la dynamique de croissance des principaux partenaires commerciaux du pays. Par exemple, les auteurs de ce rapport expliquent qu’il y aura un ralentissement de l’économie américaine sur les exportations des produits textiles. Dans de telles conditions, la marge de manœuvre à Maurice sera certainement limitée. Toutefois, une plus lourde chute pourra être évitée.

 La dette publique, véritable casse-tête !

Comment vaincre et réduire la dette publique ? Personne ne le sait, sauf si ce n’est créer un environnement propice à l’investissement. Selon l’EIU, la dette publique est aujourd’hui à 54,6 % de la richesse nationale. Il doit y avoir plus d’initiatives favorables à l’environnement des affaires afin d’attirer l’investissement dans les secteurs clés comme l’exportation, mais il faut aussi réduire les inégalités sociales et leur impact sur l’économie. L’État a des engagements pour réduire la dette. Elle devrait passer sous la barre des 60 % à la fin de l’année fiscale 2020/2021. Ainsi, le montant disponible pour l’investissement baissera. Et la dette publique, incluant celle des compagnies parapubliques, chutera dans le court et le moyen termes, passant à 54,6 % du PIB à la fin de 2023.

Monetary Policy : vers une hausse du taux directeur en 2019 ?

Le taux directeur est à 3,5 % depuis septembre 2017, son niveau le plus bas depuis l’introduction du concept de la politique monétaire en 2006. Privilégiant la croissance économique, la Banque de Maurice pourrait le réajuster à la hausse d’ici la fin de l’année. Cette augmentation serait motivée par la politique monétaire de la Réserve fédérale des États-Unis. Avec l’accélération de l’inflation dans la première économie mondiale, le taux directeur américain serait revu à la hausse, entraînant une fuite de capitaux de Maurice vers le marché américain, attirée par un meilleur retour sur leur investissement en dollars. De fait, le comité sur la politique monétaire de la Banque de Maurice se prononcera en faveur d’une majoration du taux local. Il faut tenir compte de la réalité mauricienne dans toute prise de décision. Notre économie est toujours sous l’influence de la volatilité sur le marché mondiale. Une détérioration des conditions locales, couplée aux facteurs externes, pourrait pousser le régulateur bancaire vers une nouvelle baisse du taux directeur en soutien à l’activité économique.

Développement des infrastructures : le Metro Express et les autres

L’année 2019 sera marquée par un évènement de taille au mois de septembre. En effet, comme annoncé, le gouvernement mise pour que la première phase du Metro Express soit opérationnelle entre Rose-Hill et Port-Louis. 2019 sera également marquée par les débuts des travaux sur la deuxième partie du tracé, soit de Rose-Hill à Curepipe, passant par Quatre-Bornes et Vacoas. La phase 2 de ce projet comprendra en tout huit stations et trois échangeurs, sur une distance de 14 kilomètres au coût de Rs 8,8 milliards.

Autre gros projet de développement, la Victoria Urban Terminal Project, dans la capitale. Les travaux doivent débuter en mars prochain. Outre le réaménagement de la gare Victoria, ce projet englobe des immeubles de bureaux, des bâtiments commerciaux, des aires de stationnements, des zones réservées aux marchands ambulants et autres. Le coût de ce projet est estimé à Rs 1,9 milliards. Il faut aussi faire mention du Rose-Hill Urban Terminal et de l’Immigration Square Urban Terminal. Ce dernier projet coûtera dans les Rs 2,9 milliards. Les travaux sur ces deux projets commenceront cette année.

Encore de développement sur nos routes en 2019 : les travaux pour la construction de la route devant relier Coromandel et Sorèze prendront une autre tournure. En effet, d’ici un mois, les travaux de construction de la route Gros-Cailloux/Coromandel débuteront. Cette route forme partie de la A1-M1 Link Road. Il faudra aussi que le gouvernement relève le défi de remettre sur les rails la route Terre-Rouge/Verdun, qui est toujours sous le coup d’une réparation depuis trop bien longtemps.

Sports : Les Jeux des îles 2019

Les 10e Jeux des îles de l’océan Indien se tiendront sur le sol mauricien du 19 au 28 juillet prochains.  Pour l’heure, les préparatifs se poursuivent au niveau des infrastructures. Les athlètes ne sont pas en reste et se préparent activement. Le grand défi du gouvernement, c’est de poser la dernière pierre du Côte d’Or Sports Complex avant les Jeux… le temps est compté !