- Persuasion, dissuasion, soudoiement, avertissement et intimidation au menu d’une rencontre entre le ministre et l’activiste social
- Craignant d’être victime d’un complot, ce dernier consigne une « precautionary measure »
Bruneau Laurette ne lâche pas prise. Et poursuit avec ses dépositions contre des ministres et des dirigeants des autorités concernées suivant le naufrage du vraquier MV Wakashio. Si bien qu’il se retrouve dans le viseur des proches du pouvoir. Il craint même d’être la cible d’un complot visant à le faire arrêter par la police. Ayant reçu pas moins de trois appels en ce sens, il s’est une nouvelle fois rendu aux Line Barracks le vendredi 14 août 2020 pour consigner une déposition en guise de « measure of precaution ».
Tout a commencé à la suite d’une réunion avec le ministre Nando Bodha. Persuasion, dissuasion, soudoiement, avertissement et intimidation semblent avoir été au menu de cette rencontre ayant eu lieu à la requête du ministre des Affaires étrangères dans la soirée du mercredi 12 août chez un ami commun à Vacoas. Le ministre cherchait à connaître les motifs de ses dénonciations au CCID. Dénonciations que Bruneau Laurette dit avoir faites en tant que citoyen responsable. Nando Bodha aurait tenté de le dissuader, pour ne pas dire soudoyer, en lui disant que « cash ena, projet ena, mais dimoune kuma toi ki lor terrain ».
Et d’ajouter : « Kan to ena pou cozer nou kapave joine cozer. Pas alle fer propagande lor Top FM et l’express. To poz bane question ki kapave trouve solution mais pas attack institutions kuma la police et ministère. Pas laisse bane zafer passé antagonise toi et pas fer bane frustrations par rapport au passé ». Nando Bodha lui aurait également brandi la carotte d’une rencontre avec le Premier ministre pour tenter de le faire changer d’avis. « To amen to dossier Wakashio to dire ki to envi joine Premier ministre dans sa zafer Wakashio la, ki ena boku zone d’ombres et ki tone envi aide li pou trouve la lumière la dans, parski so bane conseillers pa kone dossier, zotte met dossier devant li et li, li just lire », aurait poursuivi Nando Bodha.
Mais les tentatives du ministre émissaire auraient été vaines, Bruneau Laurette ayant décidé de ne pas se laisser influencer sous aucun prétexte. La méthode Bodha n’ayant pas marché, l’activiste social craint que celle du complot ne prenne maintenant le dessus. D’où sa « precautionary measure » consignée aux Casernes centrales.
Sanjeev Teeluckdharry : « Cela s’apparente à une ‘criminal intimidation’ »
L’homme de loi de Bruneau Laurette, Sanjeev Teeluckdharry, confirme que son client a bel et bien été victime d’intimidation. « On aurait pu mettre un case pour « criminal intimidation », mais on ne l’a pas fait simplement parce qu’on estime avoir des actions plus importantes à entreprendre concernant le naufrage du Wakashio », explique-t-il. L’avocat annonce que des actions légales seront entamées contre les autorités cette semaine-ci.
Cela ne le gêne pas d’assister son client dans ses dénonciations, étant un ancien député du MSM ? La réponse est catégorique. « Non. Je ne suis pas dans la politique. Je fais mon travail d’avocat. Pas kapave tolère incompétence surtout quand li concerne le pays ! » Il estime que le patriotisme est beaucoup plus important que le « party politics ».
